Le conseiller d’Etat Martin Pfister remplacera Viola Amherd au Conseil fédéral. Le centriste zougois a obtenu mercredi 134 voix au 2e tour, créant la sensation face au conseiller national st-gallois Markus Ritter.
L’élection semblait encore très ouverte à quelques minutes du scrutin. Toutefois, Martin Pfister a raté la marche au premier tour d’une seule voix, provoquant dans la salle du Conseil national une première surprise.
A l’annonce des résultats, le Zougois a été bruyamment ovationné et salué par une explosion de joie du côté de ses proches en haut de la tribune, pendant que les visages étaient graves du côté de l’UDC, qui soutenait majoritairement Markus Ritter. Ce dernier a obtenu 110 voix.
Campagne intense
«Durant la campagne j’ai souvent dit que je connais mieux les casernes que le Palais fédéral», a rappelé M. Pfister, qui n’a jamais siégé à Berne, dans son premier discours face à l’Assemblée fédérale. Le Conseil fédéral joue un rôle central pour la confiance de la population dans la politique, a-t-il encore relevé en soulignant l’importance de la collégialité. Les principes fondateurs de la Suisse que sont la confiance, la coopération et la stabilité ont été affaiblis récemment.
Il a remercié son adversaire Markus Ritter. «La campagne a été intense mais fair-play».
La plupart des groupes n’avaient pas donné de recommandation de vote officielle. Les Vert-e-s et Vert’libéraux penchaient majoritairement pour Martin Pfister, alors que le PS n’avait rien dit, tout comme le PLR.
DDPS en crise
Colonel à l’armée, le successeur de Viola Amherd sera très certainement appelé à reprendre un Département de la défense (DDPS) en crise après de multiples affaires et controverses. Dernière «surprise» en date, le chef de l’armée et le patron du Service de renseignement ont annoncé leur départ, dans un contexte géostratégique mondial troublé.
Le Conseil fédéral va désormais se réunir et décider rapidement de l’attribution du DDPS.
Hors du sérail parlementaire
Martin Pfister a étudié l’histoire à l’Université de Fribourg. Il a siégé au législatif cantonal de Zoug. Depuis 2016, il dirige le département de la santé en tant que conseiller d’Etat et a également présidé le gouvernement cantonal en 2021 et 2022.
L’élection de Martin Pfister le prouve une nouvelle fois: le chemin du Conseil fédéral ne passe pas toujours par le Parlement. Dernier en date, Beat Jans, avait toutefois déjà siégé au National auparavant. Eveline Widmer-Schlumpf, Ruth Dreifuss, Ruth Metzler et Micheline Calmy-Rey sont elles entrées au gouvernement sans avoir siégé sous la Coupole fédérale.
Adieux émouvants
Dans son discours d’adieu aux Chambres fédérale, la conseillère fédérale sortante Viola Amherd, particulièrement émue, a loué le système politique et la culture politique de la Suisse. «En ces temps mouvementés, c’est plus important que jamais.»
Tout le monde est concerné, a-t-elle relevé, citant la population, le Parlement et le Conseil fédéral. Même si on a des opinions différentes, nous devons nous traiter avec respect et bienveillance. Elle a été longuement applaudie.
Les défis n’ont jamais été un obstacle pour Viola Amherd, mais une chance de développer des solutions solides et de renforcer la cohésion politique, avait souligné auparavant la présidente du National Maja Riniker (PLR/AG) dans un hommage.