Les incertitudes liées aux annonces du président américain Donald Trump sur les droits de douane risquent de peser sur le commerce mondial, les investissements des entreprises et, par ricochet, sur la conjoncture helvétique. Le marché de l’emploi devrait se dégrader.
Les économistes de l’institut de recherche BAK Economics s’attendent à un repli d’un tiers des volumes du commercial mondial, en raison des annonces par la Maison-Blanche de droits de douane tous azimuts sur ses partenaires commerciaux, selon un communiqué publié mardi.
«Le coup de frein lié directement aux droits de douane reste pour l’heure limité», en raison du report de certaines taxes annoncées par Washington, ont indiqué les experts. Mais «les incertitudes créées par ces conflits commerciaux sont bien plus graves», ont-ils averti.
Le président américain a porté à 20% les surtaxes douanières des Etats-Unis visant les produits chinois et des droits chinois adoptés en représailles par Pékin ciblent depuis lundi un éventail de produits agricoles américains.
Il a cependant annoncé jeudi un report jusqu’au 2 avril des droits de douane de 25% infligés sur les produits mexicains et canadiens respectant le cahier des charges de l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM).
Des droits de douane de 25% sur toutes les importations américaines d’acier et d’aluminium doivent également entrer en vigueur dès mercredi. Donald Trump compte par ailleurs imposer des droits de douane «réciproques» aux partenaires commerciaux des Etats-Unis à partir du 2 avril.
PIB revu en baisse
Dans ce contexte, les entreprises restent sur la retenue, ce qui constitue un frein aux investissements qui devraient «nettement» reculer au niveau mondial. Les dépenses d’investissement devraient ainsi croître de seulement 2,1% cette année aux Etats-Unis, moitié moins de ce qui était prévu, et même reculer de 2,1% en Allemagne.
«Une reprise rapide des investissements n’est pas à l’ordre du jour», même avec les mesures de soutien annoncées récemment par l’Union européenne.
La Suisse devrait quant à elle être épargnée dans l’immédiat par des droits de douane imposés par les Etats-Unis, mais des menaces planent sur le secteur des médicaments, le moteur des exportations helvétiques.
Les exportateurs suisses ne pourront pas échapper au marasme qui s’annonce pour le commerce international, les exportations étant désormais attendues en hausse de 2,8% en 2025, contre +3,7% précédemment attendus.
La conjoncture intérieure devrait néanmoins résister, grâce à la consommation et la construction. Mais le marché de l’emploi devrait se dégrader, avec un taux de chômage anticipé à 2,9% cette année et 3,0% la suivante, après 2,4% en 2024.
Face à cette situation, le produit intérieur brut (PIB) suisse, ajusté des événements sportifs, ne devrait plus progresser que de 1,2% en 2025, contre 1,4% jusqu’à présent attendu. En 2026, il devrait aussi augmenter de 1,2%, moins que les 1,5% précédemment anticipés.