La restructuration de La Poste suisse peut aller de l’avant

AWP

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Le Conseil des Etats a rejeté mardi par 24 voix contre 17 une motion du National qui demandait d’imposer au géant jaune une pause, contre l’avis des sénatrices et sénateurs romands et tessinois.

La Poste doit pouvoir se restructurer sans tarder. Le Conseil des Etats a rejeté mardi par 24 voix contre 17 une motion qui demandait d’imposer au géant jaune une pause, contre l’avis des sénatrices et sénateurs romands et tessinois.

Le texte du National, adopté dans le contexte de l’annonce de fermeture d’offices postaux l’an dernier, exigeait de faire une pause dans la restructuration, en attendant d’éclaircir le mandat de service universel de La Poste.

Il ne faut pas freiner la modernisation de La Poste, a dit Stefan Engler (Centre/GR) pour la commission. Certaines mesures pour améliorer l’efficacité doivent être prises avant même que le débat politique sur l’avenir du service universel ait lieu, afin que l’autofinancement de La Poste continue d’être garanti.

Nouvelle donne

La Poste suisse fait un bon travail, malgré les changements structurels auxquels elle doit faire face. Dans les vingt dernières années, le volume des lettres a diminué de moitié, et les versements en espèces au guichet de trois-quarts, a aussi défendu le ministre des télécommunications Albert Rösti.

La Poste s’attend à un recul supplémentaire de respectivement 30% et 80% d’ici 2030. Il faut donc une discussion critique pour s’adapter à la nouvelle donne, mais pas un blocage. La Poste s’est aussi engagée à investir au cours des quatre prochaines années 100 millions de francs dans la modernisation de ses filiales et dans de nouveaux formats.

On doit vous présenter une révision de la loi sur La Poste et cette discussion a pris du retard, c’est vrai, a reconnu Albert Rösti. «Si tout va bien, je présenterai un message au Parlement dans la première moitié de 2027.» Une consultation devrait avoir lieu en 2026. Une nouvelle loi sur La Poste pourrait donc entrer en vigueur en 2030.

Le Conseil fédéral a déjà présenté plusieurs assouplissements en matière de prestations, comme des délais d’acheminement de lettres ou paquets plus longs. Ces adaptations au niveau de l’ordonnance sur La Poste entreront en vigueur en 2026. La voie choisie lui a été reprochée.

Grogne et craintes

Les sénatrices et sénateurs romands de gauche comme de droite sont montés au front pour défendre le service universel. Il faut entendre la grogne des autorités communales et de la population, a contré Charles Juillard (Centre/JU). Avec les projets en cours, des dizaines de milliers de ménages risquent d’être coupés de la distribution des lettres et des colis, notamment dans les régions rurales.

«Si un des services publics suisses les plus importants doit se transformer, alors il faut un grand débat démocratique. Il en va de la confiance de la population», a plaidé Baptiste Hurni (PS/NE).

«Le travail de débat sur le service universel revient au Parlement, pas au conseil d’administration ou à un manager», a abondé Pierre-Yves Maillard (PS/VD). La Poste a annoncé vouloir fermer d’ici 2028 quelque 170 offices qu’elle exploite elle-même. Berne, le Tessin et Vaud sont les plus touchés, a rappelé son compatriote Pascal Broulis (PLR).

La Fribourgeoise Johanna Gapany (PLR) proposait une voie de compromis en renvoyant la motion en commission, afin de l’adapter. «La Poste doit assumer un service pour la population. On ne peut pas ignorer ces craintes, même si on voit bien que des changements et une modernisation sont nécessaires», a-t-elle argumenté, en vain. Sa proposition a été rejetée par 25 voix contre 18.

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