La Banque nationale suisse (BNS) est parvenue à réaliser un bénéfice de 80,7 milliards de francs en 2024, après une perte de 3,2 milliards l’année précédente. La Confédération aura droit à un milliard de francs et les cantons deux milliards.
Le gain sur les positions en monnaies étrangères s’est inscrit à 67,3 milliards de francs après seulement 4 milliards en 2023, selon les résultats définitifs parus lundi. Le stock d’or a généré une plus-value de 21,2 milliards de francs. Au 31 décembre 2024, le prix du kilogramme d’or s’élevait à 76’011 francs, contre 55’593 francs un an auparavant, soit une augmentation de 36,7%.
En revanche, les positions en francs ont enregistré une perte de 7,4 milliards, contre un débours de 8,5 milliards en 2023. «Cette perte résulte principalement de la rémunération des avoirs en comptes de virement, qui s’est élevée à 5,9 milliards de francs», souligne le document. Les opérations destinées à résorber des liquidités ont entraîné des charges d’intérêts de 1,7 milliard de francs.
Les charges d’exploitation se sont établies à 400 millions de francs.
L’institut souligne qu’il «vise à disposer d’un bilan solide, avec des fonds propres suffisants pour pouvoir absorber des pertes même importantes». Pour calculer la provision pour réserves monétaires, il explique que «le taux de croissance moyen du PIB nominal ayant été de 3% au cours des cinq dernières années, la règle de la dotation minimale de 10% s’applique pour l’exercice 2024, ce qui correspond à un montant de 11,6 milliards de francs (contre 10,5 milliards en 2023).» La provision pour réserves monétaires passe ainsi de 115,8 milliards de francs à 127,3 milliards.
Après la prise en compte de la réserve pour distributions futures négative de 53,2 milliards de francs, le bénéfice porté au bilan s’établit à 15,9 milliards.
Trois milliards à la Confédération et aux cantons
La BNS a prévu le versement d’un dividende de 15 francs par action, ce qui correspond au maximum prévu par la loi, ainsi que la distribution d’un montant de trois milliards de francs à la Confédération et aux cantons. Ces derniers avaient été privés de versements pendant deux ans.
En 2023, la BNS avait essuyé une perte de 3,2 milliards de francs, privant la Confédération et les cantons de toute distribution l’an dernier. En 2022, elle s’était déjà abstenue de tout versement, quand en 2021, six milliards de francs avaient été redistribués à la Confédération et aux cantons.
Après ces versements, la réserve pour distributions futures s’établira à 12,9 milliards de francs. En janvier, la BNS tablait sur «environ 13 milliards de francs».
Il y a deux mois, la Conférence des directeurs cantonaux des finances (CDF) avait salué le bénéfice record de la Banque nationale suisse en 2024, contrastant avec la perte enregistrée l’année précédente.
Nikolay Markov, économiste senior chez Pictet Asset Management souligne que ce résultat permet à l’institut d’avoir «plus de marge de manoeuvre en matière de politique monétaire. La BNS pourra désormais être plus active sur le marché des changes, son deuxième instrument de politique monétaire complémentaire du Saron.»
En effet, étant donné que la BNS est désormais en position de distribuer des bénéfices à la Confédération et aux cantons, «elle fera face à moins de pression pour réaliser de solides résultats en 2025, ce qui lui donnera plus de flexibilité dans le cadre actuel de sa politique monétaire».
Selon l’expert, la gardienne du franc devrait donc être disposée à intervenir plus souvent sur le marché des changes pour compenser les fortes pressions à la hausse sur le franc, sans se soucier des effets sur son bilan, sachant que sa marge de manoeuvre en termes de taux d’intérêt est beaucoup plus limitée. Atteindre des taux à zéro ou même plus bas «est une possibilité bien plus lointaine», a conclu M. Markov.
En décembre dernier, le taux directeur a été raboté de 50 points de base à 0,50%.