La valorisation de Valiant laisse encore à désirer

Philippe Rey

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La banque bernoise se négocie en Bourse avec une décote sur son secteur. Ewald Burgener, son CEO, prend position.

 

Malgré une progression régulière de sa valeur intrinsèque par action (+3% par an depuis 1997), Valiant présente une valeur boursière sensiblement inférieure à ses fonds propres. Soit un niveau inférieur à la moyenne des banques cantonales d’environ une fois. L’action s’est cependant inscrite en hausse de 12% jusqu’ici en 2025. 

Ce prestataire financier suisse indépendant, qui est implanté dans quinze cantons, élargit son offre destinée à la clientèle privée et aux PME. Tout en optimisant son réseau de succursales, en automatisant, et en augmentant ses opérations de commissions et prestations de service. 

Cette banque, qui est basée à Berne, est fortement capitalisée avec un ratio de fonds propres total de 16,5%; elle augmente son efficience, avec pour objectif un ratio coûts/revenus durablement inférieur à 55% (53,1% et 56,6% en 2024, respectivement avant et après amortissements), comparable par exemple à celui de la BCV dont la valeur boursière correspond à un peu plus de 2 fois les fonds propres. Valiant a réalisé en 2024 le meilleur résultat opérationnel depuis sa création. Certes, le rendement de ses fonds propres (RoE) apparaît encore relativement bas avec 7,7%. Entretien avec son CEO, Ewald Burgener. 

Valiant a durant la période stratégique 2020-2024 créé une bonne situation et atteint les objectifs visés. Allez-vous très vraisemblablement réitérer cela avec la stratégie «Valiant 2029»?

Nous avons prouvé par le passé notre capacité de réalisation et nous nous appuyons sur ce qui a fait ses preuves. Nous avons fixé de nouveaux objectifs ambitieux pour tourner le mieux possible Valiant vers l’avenir. Simplicité et rentabilité sont au centre de la nouvelle période stratégique, avec une exécution conséquente, qui nous permettra d’atteindre les objectifs. 

Une critique des investisseurs et analystes est que le RoE est trop bas. Est-ce exact?

Nous avons créé de la valeur pour les actionnaires durant les dernières années; cela signifie un RoE au-dessus du coût du capital. Le rendement des fonds propres et le coût du capital sont aussi dépendants du modèle d’affaires d’une banque. Avec la méthode de calcul modifiée, soit le bénéfice consolidé majoré de la constitution de réserves pour risques bancaires généraux, divisé par la moyenne des capitaux propres après affectation du bénéfice, le RoE a atteint 7,7% l’an dernier. Nous estimons le coût du capital à 7%. Dans notre stratégie «Valiant 2029», nous avons rehaussé notre objectif de RoE de 6% à 7% au minimum. Nous soulignons ainsi l’importance de la rentablité. 

«La constitution de réserves pour risques bancaires généraux peut être considérée comme un bénéfice retenu.»

Peut-on considérer la variation des réserves pour risques bancaires généraux comme une sorte de bénéfice?

Les réserves pour risques bancaires généraux correspondent aux fondements du modèle d’affaires durable de Valiant. Les fonds propres sont renforcés par cette formation de réserves. Le ratio de fonds propres total se montait ainsi à 16,5% à la fin de 2024 et bien au-dessus de l’exigence minimale de fonds propres règlementaire. En ce sens, la constitution de réserves pour risques bancaires généraux peut être considérée comme un bénéfice retenu. 

La décote du cours de l’action sur la valeur comptable dépasse 30%. Comment l’interprétez-vous et comment pouvez-vous la réduire? Un rachat d’actions est-il possible?

En principe, nous n’exprimons pas d’avis sur la valorisation de nos propres actions. Notre contribution doit être de nous impliquer chaque jour avec beaucoup d’engagement et dans le cadre de la stratégie de Valiant. S’assurer que la banque assure son futur avec succès et de manière rentable. 

La gestion du risque de Valiant est-elle très disciplinée en comparaison des concurrents? 

Valiant conduit une politique du risque prudente, dont les consignes sont mises en oeuvre dans les affaires quotidiennes et supervisées en permanence. Des directives qualitatives sont ainsi formulées aux côtés des instructions quantitatives concernant la prise de risque. Ce faisant, nous nous efforçons d’avoir un rapport équilibré entre les risques et les rendements. 

Valiant est-elle encore trop dépendante des affaires d’intérêt? 

Le plus gros pilier de Valiant est les affaires d’intérêt et le demeurera. Mais avec l’impératif de diversifier les revenus, conformément à notre stratégie. Aussi avons-nous relevé en premier lieu nos objectifs de revenus issus des opérations de commissions et prestations de service. 

Nous voulons élargir les revenus de Valiant au moyen de trois champs d’actions: premièrement, le renforcement de la compétence en constitution de patrimoine et prévoyance pour la clientèle privée, deuxièmement, l’affermissement du positionnement en tant que banque des PME, et troisièmement, le développement des affaires B2B. 

Quel est le potentiel des opérations de commissions et prestations de service?

Le potentiel est déterminé par les besoins de nos clients. Nous avons pu, lors de la période précédente 2020-2024, augmenter les revenus des commissions et prestations de service de 9,4% par an. Nous avons également fixé pour la nouvelle période stratégique des objectifs ambitieux de croissance dans les affaires générant des commissions. Nous y voyons essentiellement le potentiel dans le développement des affaires de constitution de patrimoine et prévoyance, les services pour les PME et les affaires B2B. 

Comment évolue l’alliance avec la Vaudoise Assurances? 

Le partenariat a atteint sa cinquième année et continue de se développer. Les deux instituts se complètent et offrent ensemble une gamme complète de produits dans les domaines de la banque et de l’assurance. 

Le bilan de Valiant est-il conservatif?

Valiant accorde une grande importance à un bilan solide. Le haut ratio de fonds propres total de 16,5% ainsi qu’un refinancement stable par les fonds de la clientèle et les émissions à long terme sur le marché des capitaux forment la base pour un développement durable de Valiant. A l’actif du bilan, les prêts sont en grande partie couverts par des garanties et servent à financer l’accession à la propriété et des PME suisses. En outre, Valiant mène une gestion active de la structure de son bilan. 

Comment se développe l’offre de Valiant? 

Nous la développons et l’élargissons en permanence en fonction des besoins des clients et du progrès technologique. Notre vision est de rendre la vie de notre clientèle aussi simple que possible. A cela appartiennent aussi des prix transparents et vérifiables ainsi qu’une offre transparente. 
A titres d’exemples, nous avons mis en oeuvre une hypothèque Saron lilas, laquelle comporte davantage de flexibilité, et une nouvelle debit MasterCard en plastique recyclé.  Nous avons développé des fonds Valiant, mis sur pied un centre de compétences pour les successions d’entreprise et consolidé le partenariat avec la Vaudoise Assurances. 

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