Wall Street plonge face à des craintes de stagflation
Wall Street a lourdement chuté vendredi, les craintes de stagflation pesant sur le sentiment des investisseurs. Le S&P 500 a enregistré une baisse de 1,7%, sa plus forte correction depuis le 18 décembre, tandis que le Nasdaq 100 a perdu 2,2% et le Russell 2000 a reculé de 2,9%. Cette correction intervient alors que plusieurs indicateurs économiques ont surpris négativement, alimentant les craintes d’un ralentissement économique couplé à une inflation persistante.
L’indice PMI des services de février a basculé en territoire de contraction, s’établissant à 49,7 contre 53,0 attendu, soit son niveau le plus bas en deux ans. Parallèlement, la confiance des consommateurs, mesurée par l’Université du Michigan, a chuté de manière inattendue à un plancher de 15 mois. Plus inquiétant encore, les anticipations d’inflation ont atteint un sommet inédit depuis 29 ans, exacerbées par les menaces tarifaires de l’administration américaine. Le marché immobilier n’est pas en reste, avec des ventes de logements existants en baisse de 4,9% en janvier, bien en dessous des prévisions (-2,6%), signe d’un ralentissement plus marqué du secteur.
Ces inquiétudes ont été amplifiées par les récents licenciements massifs annoncés par DOGE au niveau fédéral et par des résultats décevants de Walmart, leader de la consommation de base aux États-Unis. En réaction, les investisseurs ont cherché refuge dans les obligations d’État, entraînant une baisse de 8 points de base des rendements des Treasuries à 2 et 10 ans.
Dans ce climat d’incertitude, les prochaines statistiques sur l’emploi revêtiront une importance capitale. Une montée rapide du chômage dans les semaines à venir semble plausible si l’administration Trump poursuit les suppressions de postes au rythme actuel, ce qui accentuerait le risque de récession et de correction majeure sur les actifs risqués. En parallèle, les nouvelles annonces tarifaires de Washington pourraient fragiliser davantage le marché, avec des droits de douane de 10% sur les importations canadiennes et mexicaines attendus dès début mars. Une telle décision renforcerait les pressions inflationnistes à court terme et accentuerait les tensions économiques.
Cette semaine, les investisseurs surveilleront de près les inscriptions hebdomadaires au chômage, les revenus et dépenses des ménages, les ventes de logements neufs et l’inflation PCE aux États-Unis. Un autre événement clé sera la publication des résultats trimestriels de Nvidia jeudi. Compte tenu du poids de l’entreprise dans le S&P 500 et le Nasdaq 100, ainsi que de l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle, ces chiffres pourraient avoir un impact significatif sur le sentiment des opérateurs.
Graphique journalier du cours du S&P 500 - niveaux clés
Le S&P 500 pourrait être à l’aube d’une correction
Sur le plan technique, la configuration graphique du S&P 500 s’est nettement détériorée après la séance de vendredi. Un repli de cette ampleur juste après un plus haut annuel ne signifie pas nécessairement le début d’une correction, mais ce type de mouvement en marque souvent le point de départ. Avec des investisseurs désormais fortement exposés aux actions, un «soft landing» largement intégré dans les prix et un «Fed put» bien plus bas à la suite du pivot hawkish de décembre, le risque d’une correction de 10% ou plus devient significatif.
Le couple rendement/risque semble donc être redevenu en faveur des vendeurs à court terme. Le premier objectif sera le creux de janvier à environ 5800 points. Une correction sous ce seuil serait de très mauvais augure pour la suite, car le S&P 500 formerait une figure de retournement en «double top».
Entrée | Short en dessous de 6100 points |
Objectif | 5800 points |
Stop | 6150 points |
Ratio risque/rendement | >2 |