En 2024, la Banque Cantonale de Fribourg (BCF) a réalisé un exercice à la hausse atteignant un niveau qualifié de très bon par l’établissement. Le bénéfice net de l’établissement a progressé de 1,3% pour atteindre 163,7 millions de francs. Ce résultat lui a permis de renforcer sa base de fonds propres et de verser 98 millions de francs au canton, comparé à 75 millions un an plus tôt. Le résultat net des opérations d’intérêts a crû de 4,4% pour s’établir à 336,5 millions de francs. En tout, les produits d’exploitation ont attteint 394,7 millions (+6,5%). Malgré des charges d’exploitation en hausse de 3,9% à 131,6 millions, le ratio coût/revenu après amortissement a été maintenu à un faible niveau de 35,3%. Le point sur ces résultats ainsi que les perspectives pour l’exercice 2025 avec Daniel Wenger, président de la direction générale de la Banque Cantonale de Fribourg.
Lors de la présentation des résultats pour 2024, vous avez estimé que les baisses de taux directeurs déjà effectuées ces derniers mois, et probablement celles qui sont encore à venir, auront un impact sur le résultat d’intérêt cette année. Une baisse des taux d’intérêt a-t-elle plus d’effets positifs sur vos activités, notamment sur la demande pour les prêts hypothécaires, ou négatifs, compte tenu de la réduction des marges?
La baisse des taux d’intérêt va avoir un impact négatif sur les marges. Cependant, on ne sait pas comment les taux d’intérêt vont continuer d’évoluer cette année. Du côté des affaires hypothécaires, on constate un intérêt croissant des clients pour l’achat de biens immobiliers. La demande pour la recherche de financement va certainement augmenter cette année. Néanmoins, en 2024, les niveaux des taux d’intérêt étaient déjà assez bas si vous comparez cela avec le passé. Si une baisse supplémentaire des taux a lieu cette année, l’effet sera un peu d’ordre psychologique. Si vous regardez ce qu’une baisse des taux de 20 ou 30 points de base a comme impact sur les coûts totaux d’un emprunt, cela ne change pas fondamentalement la donne lors du financement d’un bien immobilier. Ce n’est pas négligeable mais ce n’est pas non plus comme si les taux passaient de 4% à 2%, par exemple.
«Le fait de disposer d’un ratio CET1 qui va bien au-delà des exigences légales nous donne un confort supplémentaire.»
La BCF souligne que sa base de fonds propres ressort renforcée de l’exercice 2024. Le ratio CET1 s’élève à 18,93%, ce qui dépasse ainsi largement les exigences minimales fixées à 13,3%. Est-il utile de disposer de plus de fonds propres qu’exigé par la réglementation?
C’est une décision volontaire de la part de la direction. Le fait de disposer d’un ratio CET1 qui va bien au-delà des exigences légales nous donne un confort supplémentaire. Du fait que la BCF n’est pas cotée en bourse, c’est un avantage pour nous de pouvoir nous appuyer sur une base forte en capital.
La BCF investit beaucoup à la fois dans son réseau de succursalles tout comme dans son offre numérique de prestatations bancaires. Quel canal sera le plus utilisé par la clientèle à l’avenir?
Il est très difficile de répondre à cette question car les comportements varient beaucoup d’un client à l’autre. Certaines personnes pensaient que les jeunes ne se rendraient plus jamais auprès des succursalles d’une banque. Or, il y a aussi des jeunes qui préfèrent venir au guichet pour effectuer certaines opérations ou demander des renseignements. Le souhait de pouvoir se rendre au guichet concerne toutes les catégories d’âge. Je suis convaincu que le contact personnel restera important dans notre secteur d’activité.
«On s’attendait à une plus grande sensibilité de la clientèle envers les questions en lien avec la durabilité.»
Dans le domaine de la durabilité, la BCF récolte depuis 2024 les préférences ESG pour l’ensemble de sa clientèle sous mandat de gestion. La réponse des clientes et des clients a-t-elle été à la hauteur des investissements et des efforts entrepris par la banque dans ce domaine?
On s’attendait à une plus grande sensibilité de la clientèle envers les questions en lien avec la durabilité. Néanmoins, c’est un effort qui valait la peine d’être effectué. Chaque client qui a un mandat de gestion a ainsi la possibilité de dire s’il juge cette dimension comme très importante, importante ou neutre. Qu’ils soient très ou peu sensibles à ces questions, les clientes et les clients apprécient qu’on en parle. Par ailleurs, du côté des crédits, la BCF a aussi participé au test climatique PACTA 2024 qui permet de récolter les données nécessaires à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments qu’elle finance. Pour la BCF, l’ESG est un thème important, il s’agit pour nous de le développer au niveau local.