La Banque Cantonale Neuchâteloise réalise un résultat opérationnel et un bénéfice en hausse en 2024, année durant laquelle elle a déployé une nouvelle structure organisationnelle dans le but de toujours mieux accompagner et servir la population neuchâteloise. L’ensemble des métiers ont contribué à ce résultat record, en particulier les opérations d’intérêts, qui ont bénéficié d’un contexte encore favorable durant le premier semestre. La banque attend une poursuite de la croissance du volume de ses affaires en 2025, malgré une conjoncture économique présentant des perspectives plus faibles. La marge d’intérêt devrait toutefois être sous pression et entraîner des résultats en baisse, après deux années exceptionnelles.
Cinq chiffres clés
- Croissance hypothécaire +1,5%
- Augmentation du bilan + 1,2%
- Augmentation des avoirs de la clientèle + 0,4%
- Augmentation du résultat opérationnel + 5,6%
- Augmentation des fonds propres + 5,9%
L’environnement dans lequel la Banque Cantonale Neuchâteloise a évolué en 2024 présente une image contrastée. En définitive, l’instabilité géopolitique aura eu un impact sur la croissance mondiale, mais des disparités importantes existent entre les différentes économies. Le recul continu de l’inflation aura marqué un exercice au cours duquel les banques centrales ont majoritairement assoupli leur politique monétaire. La Suisse s’est distinguée avec des baisses de taux successives tout au long de l’année, bien supérieures aux attentes initiales.
Dans ce contexte, les marchés financiers ont enregistré des performances solides, appuyées par la flambée du cours de l’or. En Suisse, la baisse des taux a contribué à une nouvelle hausse des prix de l’immobilier. Dans le canton, la dynamique immobilière est toutefois restée contenue.
Les activités manufacturières, prépondérantes dans le tissu économique local, ont connu un net repli durant l’année 2024. Malgré cette faiblesse conjoncturelle, la banque a enregistré une année positive en termes commerciaux, avec un très bon positionnement de son offre, que ce soit dans la récolte des fonds passifs, l’activité liée aux titres et placements ou les financements.
A relever que durant l’exercice, la banque a mis en œuvre sa nouvelle organisation à six départements, dont trois orientés sur les segments clients à qui l’établissement adresse ses services. Ainsi, la Clientèle Privée, les Entreprises et le département Conseil & Services digitaux disposent de leur propre direction et poursuivent le développement de l’idée d’accompagnement de la clientèle de façon individualisée et en grande proximité. A cette occasion, la banque a élargi les profils et compétences présents au sein de sa direction.
Evolution des revenus
La banque a encore bénéficié de la normalisation des taux d’intérêt durant la première partie de l’année. Charges et produits d’intérêts ont évolué dans une mesure similaire sur l’ensemble de l’exercice. Le résultat brut des opérations d’intérêts enregistre un développement positif de 1,1%. Avec 126,3 millions de francs, ce résultat dépasse le record historique de 2023. En raison de la bonne qualité du portefeuille de crédits, les corrections de valeur pour risques de défaillance et pertes liées à cette activité conduisent à une dissolution de 6,3 millions de francs.
Le résultat net des opérations d’intérêts s’affiche à 132,6 millions de francs, soit légèrement supérieur à celui de l’année passée avant prise en compte du reclassement comptable de 5,1 millions opéré cette année-là.
Forte de cette situation favorable, la banque a décidé d’attendre le 1er novembre 2024 pour répercuter partiellement la baisse des taux directeurs sur les conditions de rémunération de l’épargne.
Le résultat des opérations de commissions et des prestations de service progresse de 2,7% à 31,4 millions de francs. L’activité titres et placements enregistre une augmentation des revenus de 3,5%, à la faveur d’une année boursière au cours de laquelle les stratégies proposées par la banque se sont révélées particulièrement adaptées. Les commissions sur les autres prestations de services augmentent elles aussi. Par rapport à l’exercice précédent, la hausse est de 2,2%. Elle provient essentiellement du développement des volumes de paiements effectués par cartes. Le produit des commissions sur les opérations de crédit, ainsi que les charges de commission sont stables par rapport à l’exercice précédent.
Les conditions de marché dans le domaine des devises, avec un important différentiel de taux d’intérêt entre les principales monnaies, a permis de favoriser le résultat des opérations sur devises. Les revenus enregistrés dans la rubrique opérations de négoce se montent au total à 14,2 millions de francs, en progression de 2,4 millions sur 12 mois.
Le total des revenus s’établit ainsi à 180,4 millions de francs, contre HF 181,3 millions en 2023, soit une baisse de 0,5%.
Evolution des charges
Afin de soutenir le développement des activités et des projets, les effectifs ont continué de progresser en 2024 pour atteindre 289,6 EPT en fin d’exercice (278,6 EPT à fin 2023).
Avec une progression des frais de formation et l’introduction d’un plan de mobilité pour l’ensemble du personnel, la hausse des charges dans ce domaine est de 2,5% à 44,2 millions de francs.
A 2,4%, la progression des autres charges d’exploitation est du même ordre. Elles atteignent 34,1 millions de francs et sont toujours fortement impactées par les nombreuses évolutions dans lesquelles la banque est engagée, que ce soit au niveau des produits et services offerts à la clientèle, ou dans la mise à disposition des moyens permettant d’assurer l’ensemble des activités dans lesquelles l’établissement est présent. La hausse des coûts informatiques atteint à elle seule 1,4 million de francs. A l’inverse, les dépenses liées au marketing ont été un peu plus faibles en 2024.
Avec une progression globale de 1,9 million de francs ou 2,5%, la hausse des charges est contenue et inférieure aux attentes.
Le ratio coûts/revenus passe de 42,1% à 43,4%.
Résultat opérationnel et bénéfice de l’exercice
Les amortissements représentent une charge de 5,7 millions de francs (contre 7,9 millions en 2023) et les variations des provisions et autres correctifs de valeur de 0,1 million de francs (contre 5,8 millions en 2023, résultant pour rappel d’un reclassement comptable de 5,1 millions de francs touchant les correctifs de valeur pour risques inhérents de défaillance en matière de crédit).
Le résultat opérationnel réalisé au cours de l’exercice 2024 atteint ainsi un niveau record de 96,3 millions de francs, en progression de 5,6%. Après une attribution de 42,3 millions de francs à la réserve pour risques bancaires généraux, le résultat de l’exercice s’établit à 54,2 millions (+14,1%).
Versement au Canton de Neuchâtel et augmentation des fonds propres de la banque
Pour la seconde année consécutive, c’est un montant de 35 millions de francs qui sera versé au Canton de Neuchâtel. Ce montant comprend les 5% de rémunération sur le capital de dotation de la banque, la rémunération de la garantie de l’Etat, et la participation de ce dernier aux résultats.
La réserve légale issue du bénéfice sera augmentée de 19,2 millions de francs après répartition du bénéfice faisant progresser le ratio de fonds propre CET1 (fonds propres de base durs) à 21,8% contre 20,6% à fin 2023. Il est le reflet de la solidité financière de l’établissement et lui offre la possibilité de se développer de façon sereine, à l’avenir également.
Evolution du bilan
La somme totale du bilan augmente à 12,0 milliards de francs, contre 11,9 milliards au 31.12.2023.
A l’actif
Les postes liquidités et créances sur les banques augmentent de 162,6 millions de francs (+8,1%). Les créances sur la clientèle diminuent de 49 millions, dont 15 millions de francs de remboursements de crédits COVID durant l’année 2024.
Les créances hypothécaires enregistrent, quant à elles, une hausse de 1,5% à plus de 8,5 milliards de francs alors que les immobilisations financières reculent de 73 millions pour s’établir à 614 millions de francs.
Au passif
Au 31.12.2024, le refinancement bancaire, ainsi que le recours aux opérations REPO (repurchase agreement) reculent de 220,6 millions de francs. Ceci est compensé par un recours plus important au marché des capitaux, qui offre des maturités plus longues. Les emprunts obligataires et les prêts des centrales d’émission des lettres de gage augmentent ainsi de 295 millions de francs.
Les fonds déposés par la clientèle, toute catégorie confondue, progressent de 23,9 millions de francs ou 0,4%. La baisse dans les obligations de caisse (22,5 millions de francs), à nouveau moins attractives en raison de la baisse des taux intervenue durant l’année est compensée par la hausse des engagements résultants des dépôts de la clientèle de 46,4 millions de francs.
Perspectives pour 2025
En Suisse, la croissance économique est attendue à un niveau un peu plus élevé en 2025, soutenue notamment par des taux d’intérêt bas et une légère augmentation des salaires réels. La situation dans le canton de Neuchâtel continuera d’être impactée par les difficultés rencontrées par certaines entreprises fortement exposées aux exportations, sans conséquence prévisible à ce stade sur la solvabilité des débiteurs, qu’il s’agisse d’entreprises, d’institutions ou de particuliers.
Sous réserve des surfaces de vente et des bureaux, les prix de l’immobilier devraient tendre à augmenter dans le sillage de ce qui s’est passé en 2024, soit de façon modérée. La pression démographique est plus faible dans les diverses régions neuchâteloises que dans d’autres cantons de Suisse romande, ce qui devrait se traduire par un marché du logement plus équilibré.
La banque entend continuer à développer ses parts de marché en s’appuyant à la fois sur des produits et services compétitifs, sur sa nouvelle organisation avec des équipes motivées et compétentes réparties sur l’ensemble du territoire cantonal et sur des standards de qualité élevés. Elle poursuit la mise à niveau continue de ses infrastructures et ses systèmes, en réaffirmant ses objectifs ambitieux en matière de RSE.
L’évolution des taux d’intérêt directeurs aura un impact négatif sur les résultats. Ils sont attendus en baisse durant l’année. Quant aux marchés financiers, leur orientation conditionnera en partie les revenus des commissions et du négoce. Dans sa volonté de satisfaire aux nouvelles exigences et d’offrir en permanence à la clientèle un service de première qualité, la banque poursuivra ses investissements en 2025. Ses charges sont donc appelées à poursuivre leur tendance haussière, ce qui devrait conduire à une baisse du résultat opérationnel et des bénéfices. Ils resteront toutefois à un niveau similaire à ce qu’ils étaient en moyenne avant les exercices records de 2023 et 2024.