Taux: la BCE maintient le cap et guette Trump

AWP

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Pour leur première réunion de l’année, jeudi, la feuille de route des gardiens de l’euro est établie: une quatrième baisse de taux d’affilée se profile.

Le calme avant la tempête? La Banque centrale européenne maintient le cap des baisses de taux mais la deuxième présidence de Donald Trump aux Etats-Unis pourrait mettre à rude épreuve sa politique monétaire.

Pour leur première réunion de l’année, jeudi, la feuille de route des gardiens de l’euro est établie: une quatrième baisse de taux d’affilée se profile, marquant la confiance de l’institution dans le retour de l’inflation à un objectif de 2%.

«La direction est très claire», a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors du Forum économique mondial de Davos, au sujet des taux d’intérêt.

La BCE, qui a commencé à abaisser ses taux en juin, pour la première fois en 5 ans, est «en pilote automatique, pour le moment», décryptent les économistes d’HSBC.

Le taux de dépôt, qui fait référence, serait ainsi ramené de 3% à 2,75%, après une nouvelle baisse de 0,25 point.

Ce cycle d’assouplissement monétaire succède aux sommets atteints en 2023 par les taux d’intérêt pour faire face à l’inflation élevée, liée à la guerre en Ukraine et à la reprise post-Covid.

La baisse en cours réduit le coût du crédit pour stimuler l’investissement et la consommation.

Même après le nouveau rebond des prix en zone euro constaté fin décembre, à 2,4% sur un an, sous l’effet d’une remontée des coûts de l’énergie, «la BCE semble relativiser», note Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Politique «imprévisible»

Lors de la dernière réunion de l’institut, en décembre, la BCE voyait l’inflation atteindre l’objectif de 2% cette année.

Depuis un an, les inquiétudes des gardiens de l’euro se sont déplacées d’un risque d’inflation trop élevé à celui d’une croissance trop molle, à l’instar de l’Allemagne, première économie européenne, qui a enregistré en 2024 une récession, comme en 2023.

L’activité du secteur privé dans la zone euro est cependant repartie en hausse en janvier, après deux mois de contraction, grâce à l’amélioration du secteur manufacturier, selon l’indice PMI Flash de S&P Global publié vendredi.

Mais cette confiance dans la stabilisation de l’inflation pourrait être remise en cause par la «politique imprévisible» du président Trump, selon les économistes de la Deutsche Bank.

Lors de son allocution en ligne jeudi à Davos, le milliardaire républicain a exhorté les patrons à produire en Amérique sous peine de droits de douane.

D’importants droits de douane américains pourraient freiner la croissance et obliger la BCE à accélérer ses réductions de taux pour stimuler l’activité.

Mais le programme protectionniste du 47e président américain pourrait aussi relancer l’inflation en incitant l’Europe à réagir par des mesures de rétorsion.

Une guerre commerciale avec les Etats-Unis «est très probable» sous la présidence de Donald Trump, avec des conséquences négatives pour l’activité et les prix, a ainsi averti Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE.

De telles turbulences pourraient rapidement faire voler en éclat «l’unité» entre les membres du conseil des gouverneurs de la BCE, observe pour sa part Stephanie Schoenwald, économiste chez KfW Research.

Taux «neutre»

«Il est déjà facile d’observer des divergences de vues «sur l’ampleur des réductions de taux et sur les risques que la politique tarifaire américaine fait peser sur la stabilité des prix en Europe», ajoute-t-elle.

D’autres facteurs pourraient contrarier l’atterrissage de prix, comme les récentes hausses de ceux du pétrole, notent les économistes.

En l’absence de choc dans les mois à venir, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau juge «plausible» le scénario d’un taux de dépôt ramené «autour de 2% d’ici l’été», a-t-il déclaré à Davos.

Cela correspondait, selon lui, au taux dit «neutre», un concept imprécis mais largement utilisé par les banques centrales pour évaluer le taux d’intérêt sans effet sur la croissance économique tout en maintenant l’inflation à 2%.

Christine Lagarde a tenté de minimiser les inquiétudes, en déclarant cette semaine que toute «reprise de l’inflation aux Etats-Unis (...) sera un problème pour les Etats-Unis», et les responsables politiques ne s’inquiètent pas trop de son impact sur l’Europe.

En première ligne du risque inflationniste posé par la nouvelle administration Trump, la réserve fédérale américaine devrait, quant à elle, faire une pause dans ses baisses de taux lors de sa réunion, prévue la veille de celle de la BCE.

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