2025: défis et opportunités pour l'économie et les marchés

Roger Bootz, Vanguard

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Les obligations restent attractives, tandis que les actions exigent davantage de prudence face à la surévaluation.

© Philip Boeni

 

A l’horizon 2025, l'économie mondiale et les marchés financiers font face à un mélange d'opportunités et de défis. Les taux d'intérêt reviennent vers des niveaux neutres, mais ils devraient se stabiliser à des niveaux plus élevés qu'au cours des années 2010. L'offre de travail positive et l'augmentation de la productivité ont soutenu la croissance américaine en 2024, mais de nouveaux risques politiques pourraient freiner cette croissance en 2025. Le marché américain a de l'élan, mais des valorisations élevées limiteront les rendements à long terme.

La croissance économique américaine sous pression

En 2024, l'économie américaine a connu une forte croissance, soutenue par un marché du travail dynamique et une productivité accrue. Cependant, de nouveaux risques politiques, tels que les tarifs douaniers et des politiques migratoires plus strictes, pourraient freiner cette croissance en 2025. Nous prévoyons une modération de la croissance du PIB réel des Etats-Unis, qui devrait se situer autour de 2%, avec une inflation sous-jacente probablement supérieure à 2,5% pendant la majeure partie de l'année. Ces incertitudes soulignent l'importance d'une approche d'investissement prudente et diversifiée.

La résilience économique des États-Unis ne dépend pas de la politique de la Fed

Au cours des deux dernières années, le récit du marché s'est concentré sur la question de savoir si la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) pouvait parfaitement chronométrer son cycle de baisse des taux pour parvenir à une désinflation sans douleur. Malgré une politique monétaire restrictive, l'économie américaine a connu une combinaison favorable de forte croissance du PIB réel, d'assouplissement des tensions sur le marché du travail et de baisse de l'inflation. Cependant, nous pensons que la résilience de l'économie américaine est probablement davantage due à des facteurs fortuits du côté de l'offre qu'à un «atterrissage en douceur» orchestré par la Fed. Bien que ces facteurs positifs du côté de l'offre puissent se poursuivre en 2025, les risques politiques émergents pourraient annuler certains des gains. Si ces risques se matérialisent, la croissance du PIB réel des Etats-Unis pourrait ralentir, passant de son taux actuel d'environ 3% à proche de 2%.

Les économies en dehors des Etats-Unis n'ont pas eu autant de chance du côté de l'offre et n'ont pas atteint la même combinaison de forte croissance et d'inflation considérablement réduite. La croissance de la zone euro devrait rester inférieure à la tendance l'année prochaine, avec un ralentissement du commerce mondial représentant un risque clé.

Rendements obligataires: L'ère de la monnaie saine pose une base solide

L'ère de la monnaie saine, caractérisée par des taux d'intérêt réels positifs, se poursuit. Bien que les banques centrales assouplissent actuellement leur politique monétaire, nous prévoyons que les taux directeurs se stabiliseront à des niveaux plus élevés qu'au cours des années 2010. Ce contexte prépare le terrain pour des rendements solides des obligations au cours de la prochaine décennie.

Des rendements de départ plus élevés ont amélioré le rapport risque-rendement pour les investissements en obligations. Les obligations restent une option solide. Cette perspective reflète une normalisation progressive des taux directeurs et des courbes de rendement, bien que des risques importants à court terme subsistent. Les bonnes perspectives pour les obligations, combinées à une vision plus prudente à long terme pour les actions américaines, suggèrent que des portefeuilles plus défensifs pourraient être appropriés pour les investisseurs avec un profil de risque adapté.

Rendements des actions: Exubérance rationnelle ou irrationnelle?

Notre vision des actions est plus prudente. Les actions américaines ont généré de forts rendements ces dernières années, et 2024 n'a pas fait exception, avec une croissance des bénéfices et des ratios cours/bénéfices supérieurs aux attentes. La question clé pour les investisseurs est: «Que se passe-t-il ensuite?»

Bien que les perspectives de rendements des actions américaines puissent sembler trop prudentes, la gamme des résultats possibles est large, et les valorisations sont rarement un bon outil de timing. Des valorisations élevées au départ risquent de freiner les rendements à long terme. Cependant, l'histoire montre qu'en l'absence de choc économique ou de croissance des bénéfices, les rendements du marché boursier américain peuvent continuer à défier la gravité de leurs valorisations à court terme.

Les valorisations des marchés actions en dehors des États-Unis sont plus attractives. Ces dernières années, la croissance modeste des économies et des bénéfices en dehors des Etats-Unis a maintenu les rendements des actions mondiales hors des États-Unis relativement tièdes par rapport aux rendements remarquables du marché américain. Nous soupçonnons que cette tendance pourrait se poursuivre, ces économies étant probablement les plus exposées aux risques économiques mondiaux et aux risques liés aux politiques publiques. A long terme, les différences de ratios cours/bénéfices sont le principal moteur des rendements relatifs. Au cours de la prochaine décennie, nous prévoyons que les marchés développés en dehors des Etats-Unis afficheront des rendements de 2,9% à 4,9% (Toutes les prévisions sont établies du point de vue d'un investisseur en francs suisses).

Un nouveau point de tension émerge

Le défi d'investissement réside dans une tension croissante entre l'élan et la surévaluation. Les actifs avec les fondamentaux les plus solides ont souvent les valorisations les plus tendues, et vice versa. Les risques économiques et politiques pour 2025 aideront à déterminer si l'élan ou les valorisations domineront les rendements des investissements au cours de l'année à venir.

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