La période des fêtes de fin d’année est généralement propice aux bilans, aux bonnes résolutions et aux bêtisiers. Et si le Père Noël ou Saint Nicolas récompensent à cette occasion les enfants sages, Krampus en revanche punit ceux qui se sont mal conduits.
En ce mois de décembre, l'actualité financière est marquée par les décisions majeures des banques centrales et les projections économiques pour l'année à venir. Tandis que la Fed et la BCE ont toutes deux abaissé leurs taux directeurs, ces ajustements s'inscrivent dans des contextes économiques et politiques bien différents, reflétant les défis spécifiques des deux rives de l'Atlantique.
La Fed: un assouplissement sous condition
Je ne considère pas que Jérôme Powell soit là pour récompenser ou punir, mais on ne peut que constater la réaction négative des marchés aux annonces du 18 décembre.
Petit rappel: depuis septembre, la Fed a en réduit ses taux de 100 points de base, les plaçant désormais dans une fourchette de 4,25% à 4,50%. Ces baisses, motivées initialement par un objectif de soutien à l'emploi, sont désormais explicitement conditionnées à des preuves tangibles de progrès sur le front de l'inflation. Et c’est la raison pour laquelle le marché a accusé le coup. L’inflation US reste un problème qui ne devrait pas s’améliorer avec la prochaine administration. Plus important, les projections de la Fed pour 2025 ont été revues à la baisse, ne prévoyant plus qu'une réduction de 50 points de base contre 100 auparavant.
En toile de fond, les incertitudes politiques aux Etats-Unis avec l'arrivée d'une nouvelle administration, ajoutent à la prudence. Les plans annoncés pendant la campagne et depuis les résultats (pêle-mêle: allégements fiscaux, restrictions à l'immigration et hausses des droits de douane) sont intrinsèquement générateurs d’inflation. L’écart entre le PMI manufacturier (en baisse) et le PMI des services (en hausse) sur 2024 reflète bien cette ambivalence américaine. Si ces mesures soutiennent certains secteurs comme la défense et l'énergie, elles risquent donc de peser sur le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises dès 2025.
BCE: des priorités européennes divergentes
De son côté, la BCE a poursuivi sa trajectoire accommodante en abaissant ses taux à 3%. Contrairement à la Fed, la BCE cherche avant tout à relancer une économie européenne marquée par des disparités croissantes entre ses membres. Tandis que l'Allemagne peine à retrouver son élan industriel, l'Espagne affiche une résilience remarquable grâce à son dynamisme dans les services. Et la France … L'objectif pour 2025 est clair: éviter une récession prolongée en stimulant l'investissement et en soutenant la demande intérieure.
Les enjeux européens pour 2025 sont de plus en plus politiques et toujours géopolitiques.
Coté actions
Pas de cadeau sur les marchés actions. Elles sont chères, voire très chère du coté des US. Et pas très excitante du côté européen en cette fin d’année. Nous ferons un point plus détaillé sur les actions début 2025.
Perspectives pour 2025: un équilibre à trouver
Si les projections économiques pour 2025 restent optimistes avec une croissance mondiale attendue autour de 3%, on sait déjà aujourd’hui qu’elle sera très hétérogène entre les US (attention à l’inflation, je le répète), la Chine et l’Europe. Cette croissance sera aussi de nature différente, entre la croissance dopée par la dette et la stagflation, sur fond d’austérité qui est le scénario central attendu pour la France en 2025, je le rappelle.
Ainsi malgré les défis et les incertitudes, le sentiment global reste résolument optimiste. Les banques centrales ont réussi à faire atterrir en douceur les économies occidentales après avoir géré l’inflation post Covid et malgré la guerre en Ukraine. Les investisseurs actions continuent à croire dans le rally en cours depuis 2020 et veulent restés investis en cette fin d’année pour entrer dans 2025 pied au plancher!