Le yen poursuit jeudi sa glissade face au dollar, accélérée par un statu quo monétaire de la Banque du Japon après la douche écossaise déjà infligée la veille au taux de change et aux marchés par une Banque centrale américaine prudente.
Le yen miné par le grand écart monétaire entre Fed et BoJ
La Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi inchangé son taux directeur à 0,25% en raison des «incertitudes élevées» qui planent toujours sur l’activité économique et l’inflation nippones, a-t-elle justifié. Les opérateurs, qui penchaient précédemment pour un relèvement de taux à l’occasion de la dernière réunion monétaire de l’année pour la banque centrale, avaient cependant senti le vent tourner ces derniers jours, ajustant leurs pronostics sur un relèvement le mois prochain.
«Il est probable que la BoJ veut attendre une nouvelle série de données économiques en janvier» avant d’actionner à nouveau le tournevis monétaire, pense Marcel Thieliant de Capital Economics. Selon lui, la banque «va augmenter ses taux l’an prochain plus que ne le prévoient la plupart des observateurs» car «les prix à la consommation ont pris un nouvel élan ces derniers mois», s’approchant de l’objectif de la BoJ d’une inflation stable à 2%.
La devise japonaise a néanmoins fléchi face au dollar après l’annonce, évoluant au plus bas depuis un mois. Vers 06h40 GMT le billet vert s’échangeait pour 155,74 yens, contre 154,80 la veille à 22h00. La monnaie américaine s’était déjà envolée mercredi lorsque la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a abaissé son taux directeur d’un quart de point, a surpris les marchés en indiquant qu’elle ne prévoyait plus que deux baisses l’an prochain, contre quatre jusque-là.
«La Fed a maintenant abaissé ses taux d’un point de pourcentage depuis septembre, mais le terrain économique américain a changé de manière spectaculaire depuis», a noté Stephen Innes de SPI Asset Management. «Le marché du travail a fait preuve d’une étonnante résilience, les dépenses de consommation ne sont toujours pas maîtrisées et l’inflation reste obstinément supérieure à l’objectif de la Fed», a-t-il ajouté.
Pour les économistes de MUFG, le fait que le yen n’ait pas chuté encore davantage après la surprise de la Fed rendait aussi «moins urgent pour la BoJ de procéder à une hausse de taux en décembre». L’institution a cependant peu d’options selon Stefan Angrick de Moody’s Analytics, car «l’économie nationale n’est pas assez robuste pour justifier des hausses de taux significatives, mais le maintien du statu quo risque d’entraîner une nouvelle dépréciation du yen et une hausse de l’inflation».
La Bourse de Tokyo en repli
La Bourse de Tokyo a terminé dans le rouge dans le sillage de Wall Street, mais a limité ses pertes à la faveur de la baisse du yen, favorable aux entreprises exportatrices japonaises. L’indice vedette Nikkei a cédé 0,69% à 38.813,58 points et l’indice élargi Topix a abandonné 0,22% à 2.713,83 points.
Une partie du secteur nippon des semi-conducteurs a reculé, après que Micron, géant américain du secteur, a déçu les attentes par des prévisions pessimistes la veille: Tokyo Electron a lâché 1,4% et Advantest 0,79%. Dans l’automobile, le titre Nissan est monté encore de 6,51% après son embardée de 24% la veille, dans le sillage d’informations de presse selon lesquelles il s’apprête à entamer avec son compatriote Honda (-1,96%) des pourparlers en vue d’une fusion.
Les négociations pourraient commencer dès lundi, selon le quotidien économique Nikkei.
Le pétrole recule
A la Bourse de Hong Kong, l’indice Hang Seng perdait 0,53% à 19’759,61 points vers 07h35. L’indice composite de Shanghai lâchait 0,32% et celui de Shenzhen 0,38%.
Le marché du pétrole était en repli: le prix du baril de WTI reculait de 0,55% à 70,19 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord de 0,31% à 73,16 dollars.