Noël sur les marchés malgré la censure

Axel Botte, Ostrum AM

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La censure du gouvernement français a finalement débouché sur une détente du spread de l’OAT.

©Keystone

 

Le risque politique français s’est rangé derrière les publications économiques comme principal moteur des marchés financiers. La France pourra sans doute voter un budget avant la fin de l’année en réduisant les ambitions, déjà largement entamées, de consolidation budgétaire. Aux Etats-Unis, les incohérences du rapport mensuel sur l’emploi ne changent pas la lecture de l’économie de la Fed qui s’apprête à réduire son taux de 25pb la semaine prochaine. Les rendements obligataires (4,15%-4,20% sur le T-note) restent orientés à la baisse depuis l’élection de novembre.

Les marchés de taux continuent d’intégrer l’assouplissement monétaire que les dernières données ne semblent pas remettre en cause.

La Banque centrale européenne (BCE) baissera également ses taux, ce qui profite à l’ensemble des spreads (souverains et de crédit) cette semaine, malgré des enquêtes conjoncturelles sans relief. Le dollar-yen attend anxieusement la décision de la Banque du Japon en oscillant autour de 150. Le Bitcoin salue les nominations de Paul Atkins à la SEC en cassant le seuil des 100'000 dollars. Les actions sont en hausse autour de deux thématiques de croissance et de qualité.

Emploi flou, marchés en attente

Aux Etats-Unis, les données d’emploi sont toujours difficiles à interpréter. La vérité se situe probablement entre les 227’000 créations issues de l’enquête auprès des entreprises et des 355’000 destructions d’emplois dans l’enquête auprès des ménages. Le taux de chômage remonte à 4,2% en novembre, malgré une forte baisse de la participation, alors que les salaires horaires se maintiennent (+4% sur un an). D’autres indicateurs confirment néanmoins que les licenciements restent modérés, même si le rythme des embauches ralentit. Par ailleurs, l’ISM des services ressort en baisse de quatre points à 52,1 en novembre. Les commentaires des entreprises épinglaient l’incertitude liée à la politique tarifaire à venir. En outre, la Chine a déjà annoncé des mesures de rétorsions visant à réduire ses exportations de galium et de germanium comme à l’été 2023. Les enquêtes conjoncturelles chinoises étaient en légère amélioration.

Les marchés de taux continuent d’intégrer l’assouplissement monétaire que les dernières données ne semblent pas remettre en cause. La BCE va réduire ses taux de 25pb, ignorant les salaires ou le rebond mécanique de l’inflation en fin d’année. Les données bimestrielles du PEPP montrent que le soutien estival de la BCE à l’OAT s’est inversé en octobre- novembre. Le spread de l’emprunt français (75pb) est néanmoins repassé sous le seuil de 80pb après les déclarations de Marine Le Pen laissant entendre qu’un budget serait voté. Les adjudications se sont bien passées, mais la tendance reste nettement à l’écartement des spreads contre swap sur les maturités longues (30 ans à 141pb).

Dans ce contexte, le Bund proche de 2,10% reste sous sa valeur d’équilibre que nous estimons à 2,36%. Le BTP italien, comme l’ensemble des périphériques, est recherché et profite des remboursements nets en fin d’année. Le crédit est très stable, grâce à une demande toujours soutenue pour la classe d’actifs. Le high yield se resserre fortement et le Crossover indique la poursuite de ce mouvement. Quant aux actions, l’assouplissement monétaire bénéficie aux valeurs de croissance en premier lieu (Nasdaq + 3%). En Europe, les banques et la combinaison croissance-qualité tirent leur épingle du jeu.

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