Les Etats-Unis ne sont pas près de réduire leur trou budgétaire

François Rimeu, Crédit Mutuel Asset Management

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Si le risque inflationniste paraît actuellement toujours contenu, les banques centrales pourraient toutefois se retrouver gênées dans les prochains mois par l’incertitude actuelle.

Les élections américaines sont maintenant derrière nous et ont livré leur verdict avec la réélection de Donald Trump et une probable majorité républicaine au Congrès. Si cette incertitude a disparu, d’autres demeurent: quel programme pourra ou voudra-t-il réellement mettre en place? Quelles mesures de représailles des autres pays en cas de fortes hausses des droits de douane? Quel impact sur les tensions géopolitiques en cours? Beaucoup de questions qui attendront des mois pour trouver des réponses.

Il y a quand même une chose sur laquelle nous pouvons avoir un degré de confiance élevé: les Etats-Unis ne sont pas près de réduire leur trou budgétaire, avec des dépenses qui devraient augmenter de 5800 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années, alors que le déficit est déjà estimé à 6,5% pour cette année et 2025. Celui-ci pourrait donc passer à 8%, voire plus au cours des années à venir, du jamais vu pour une économie américaine toujours, malgré tout, proche du plein emploi.

Cela devrait renforcer les tendances en place depuis maintenant plusieurs mois:

  • Une croissance américaine solide, soutenue par une consommation qui continue d’augmenter d’environ 4% par an. 
  • Une croissance européenne atone, toujours plombée par les problèmes de ses 2 principales économies: la France et l’Allemagne. Les indicateurs avancés ne prévoient pas d’amélioration à un horizon visible même si la hausse des salaires réelles devrait progressivement redonner un peu de vigueur à la consommation.
  • Et enfin un gouvernement chinois qui devrait, de son côté, poursuivre ses efforts en termes de relance budgétaire pour renverser la spirale négative de son marché immobilier et lutter contre les probables hausses de droits de douane américains. La première salve de mesures annoncée il y a quelques semaines semble d’ailleurs commencer à porter ses fruits.

Plus globalement, si le risque inflationniste paraît actuellement toujours contenu, les banques centrales pourraient toutefois se retrouver gênées dans les prochains mois par l’incertitude actuelle. La Fed en particulier va devoir modifier son discours: tout d’abord parce que l’économie américaine va bien et que son marché du travail ne semble pas se dégrader de manière significative, mais aussi dans un deuxième temps, en réaction aux mesures potentiellement inflationnistes de l’administration Trump. La BCE, qui n’aime pas décorréler sa politique monétaire de celle de la Fed, pourrait quant à elle, devoir choisir entre maintenir un biais restrictif ou accepter une baisse de l’Euro avec ses conséquences sur l’économie.

Les marchés obligataires anticipent aujourd’hui des taux terminaux proche de 4% aux Etats-Unis et de 2% en zone Euro. Nous jugeons cela restrictif dans les deux zones mais sans doute nécessaire dans un monde où les politiques budgétaires sont aussi accommodantes. 
Dans ce contexte il nous semble sain d’aborder les mois qui viennent avec des biais mesurés. Nous maintenons notre biais positif sur les marchés actions avec une nette préférence pour les actions américaines pour de multiples raisons: une meilleure conjoncture, des baisses d’impôts à venir, une croissance des bénéfices dont la zone Euro rêverait et une innovation toujours présente. Côté crédit, et malgré des spreads toujours faibles, nous conservons un biais plutôt positif que ça soit sur l’Investment grade ou le High Yield. Enfin, nous profitons de la hausse actuelle des taux pour renforcer progressivement la sensibilité de nos portefeuilles avec une préférence pour la zone euro. 

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