Prix du pétrole: un équilibre instable

Yvan Mamalet, Société Générale Private Banking

1 minute de lecture

Le prix des matières premières a fortement augmenté depuis début septembre, autant du coté des métaux industriels que de l’énergie.

©Keystone

 

Prix du baril, une augmentation en trompe-l’œil?

C’est en particulier le cas du prix du pétrole, notamment en raison de l’intensification des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Les annonces d’un plan de relance d’envergure en Chine ont, semble-t-il, également joué un rôle dans ce renchérissement. Néanmoins, des forces de rappel importantes existent et devraient limiter le potentiel de hausse du prix du baril.

Après avoir atteint son niveau le plus bas en trois ans, en dessous de 70 dollars le baril, début septembre, le prix du pétrole a fortement rebondi à partir de mi-septembre, dépassant brièvement les 80 dollars le baril. L’une des raisons de ce sursaut tient dans l’intensification des tensions au Moyen-Orient. Les pays de cette région représentant autour de 30% de la production mondiale de pétrole, les marchés se sont inquiétés d’une possible réduction de l’offre. Et ce d’autant plus que le durcissement des conflits est intervenu quelques jours après l’annonce du plan de relance chinois qui a pu – au moins visuellement – améliorer les perspectives en matière de demande en provenance de l’Empire du Milieu. Ce plan a d’ailleurs été l’un des catalyseurs de la récente hausse de prix des métaux industriels, comme l’aluminium ou le cuivre.

Un potentiel de hausse limité

Néanmoins, le marché de l’énergie continue de faire face à une situation où l’offre est supérieure à la demande. En effet, d’un côté, même si une récession pourrait être évitée, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la croissance économique mondiale devrait se tasser dans les trimestres à venir. De plus, les détails du plan de relance chinois restent à préciser, tant du point de vue de son calendrier que de sa composition. Toutefois, il paraît probable qu’il sera orienté vers la consommation des ménages, et donc moins susceptible d’engendrer une progression nette de la demande en matières premières.

Du côté de l’offre, malgré des annonces de baisse de production, les pays membres de l’Opep+ ne semblent plus en mesure de contrôler le prix du pétrole. Ceci semble en partie dû à un changement structurel: grâce à un doublement au cours des quinze dernières années, la part dans la production mondiale de pétrole des Etats-Unis est désormais similaire à celle de l’ensemble des pays du Moyen-Orient.

Ainsi, si les tensions géopolitiques au Moyen-Orient restent un élément important dans l’évolution des prix du pétrole, elles semblent avoir eu moins d’incidence récemment que lors des crises précédentes. Une «prime de guerre» liée au risque de perturbation de la livraison ou de la production de pétrole est toutefois apparue ces dernières semaines mais elle reste limitée (autour de 5 dollars par baril), en grande partie du fait de la nouvelle configuration de l’offre, les Etats-Unis étant désormais un important producteur. Une augmentation de cette prime ne peut être exclue en cas d’intensification et/ou d’expansion du conflit au Moyen-Orient. Cependant, compte tenu des fondamentaux économiques, le prix du pétrole pourrait continuer d’osciller entre 70 et 90 dollars/baril, intervalle dans lequel il est resté circonscrit au cours des deux dernières années. 

A lire aussi...