Les banques centrales à nouveau sous le feu des projecteurs

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Les marchés financiers ont retrouvé une certaine sérénité, après les turbulences déclenchées par l'annonce surprise d'élections législatives en France.

Les préoccupations des marchés redeviennent l’actualité des banques centrales, avec une tonalité plus modérée que prévu de la part de la Banque d'Angleterre (BoE) et de la Banque Nationale Suisse (BNS).

Accalmie sur les marchés financiers

Les marchés français restent prudents, après une période de tension marquée par une forte baisse du marché actions (-4,7% entre le 7 et le 21 juin, +3,9% depuis le début d'année) et un écartement du taux à 10 ans français par rapport au taux allemand (+23 points de base en deux semaines, entre le 7 et le 21 juin). Depuis le début de la semaine dernière, les tensions se sont quelque peu apaisées, sans toutefois que les indices ne regagnent leurs niveaux d'avant les élections européennes. Il est important de noter que, globalement, les marchés actions mondiaux affichent de belles performances depuis le début de l'année, avec une hausse de plus de 12% (plus de 15% aux États-Unis, plus de 10% en zone euro, 9% au Royaume-Uni, près de 8% en Suisse, le tout en devises locales). Ce contexte dynamique semble propice à une surpondération sur les marchés actions des économies développées, tout en conservant une allocation diversifiée pour prévenir les turbulences qui pourraient se poursuivre dans les semaines à venir.

Statu quo de la BoE mais le pivot approche

La Banque d'Angleterre maintient son taux directeur à 5,25%, conformément aux attentes. Comme lors de la réunion précédente, sept membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur de ce statu quo, tandis que deux ont voté pour une baisse des taux d'intérêt. La baisse de l'inflation de mai n'a pas encore complétement dissipé les inquiétudes concernant la détente des tensions (inflation à 2% sur un an et inflation sous-jacente à 3,5%). Cependant, la BoE a laissé entendre qu'elle pourrait prochainement entamer un mouvement de baisse des taux, en évoquant explicitement une réévaluation de la situation lors de sa réunion d'août, au cours de laquelle elle mettra à jour ses prévisions. Les marchés prévoient désormais deux baisses de taux d'ici la fin de l'année, la première pouvant intervenir dès le mois d'août.

Baisse surprise de la BNS pour modérer la progression du Franc

La BNS a abaissé son taux directeur de 25 points de base, à 1,25%, prenant de court une grande partie des prévisionnistes. L'inflation continue de se tasser et se situe à un niveau inférieur à la cible de la BNS et à un niveau bien inférieur à celle des voisins européens (inflation totale à 1,4% et inflation sous-jacente à 1,2% sur un an en mai). La BNS a légèrement revu à la baisse ses prévisions d'inflation, à +1,3% en 2024, +1,1% en 2025 et +1% en 2026. La banque centrale considère que son niveau de politique monétaire actuel est équilibré, ce qui justifie une poursuite de son cycle de détente monétaire. Les incertitudes politiques en France peuvent contribuer à une appréciation de la devise suisse, en tant que valeur refuge. La décision de la BNS de baisser ses taux devrait donc contribuer à limiter l'attrait pour le franc suisse. Les marchés s'attendent à présent à deux nouvelles baisses de taux d'ici la fin de l'année.

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