Vendredi passé, 14h29, les rares ours encore présents sur les parquets de trading sont en embuscade, prêts à en découdre, on se croirait presque au Colisée. Sauf qu’on connait l’histoire, deux minutes plus tard il n’en reste aucun, le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis pour le mois de septembre est passé par là, balayant tous les doutes sur l’état de santé de la première économie mondiale sur son passage. C’est un peu barbant certes mais arrêtons-nous un instant sur ce chiffre: l’économie des Etats-Unis a créé 254'000 postes de travail le mois passé contre des attentes de 140 à 150’000. Même le «whisper number», le vrai chiffre, murmuré dans les milieux autorisés, est en-dessous de 254'000. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis mars. Les chiffres des deux mois précédents sont révisés à la hausse, tandis que le taux de chômage recule à 4,1%. Le salaire horaire moyen progresse de 0,4% d'un mois sur l'autre, comme attendu. Ce rapport sur l’emploi prend totalement à contrepied la pensée émergente d’un marché américain du travail en ralentissement, non seulement il confirme la vue d’un atterrissage en douceur de la croissance, mais permet à une nouvelle théorie d’émerger durant le weekend, celle du «no landing», opposée au «soft landing». Les Fed Funds en prennent acte et ne prévoient plus du tout une baisse de taux de 50 points de base par la Fed lors de sa prochaine réunion du 7 novembre. Le marché s’attend désormais à deux fois 25 bps cette année encore.
Rappelons ici qu’en ce moment une bonne nouvelle macro-économique est une bonne nouvelle pour le marché. En août tout un chacun craignait encore un effondrement général de l’économie, aujourd’hui c’est tout l’inverse et, cerise sur le gâteau, Pékin se réveille et retrousses ses manches afin de ne pas rester trop longtemps sur le quai. Nous voici donc à l’orée d’une nouvelle semaine boursière, en plein mois d’octobre, l’affreux mois des krash boursiers, avec un sentiment de marché en pleine forme. Les taux courts baissent, l’inflation rentre dans le rang et la croissance économique est au rendez-vous. La résilience de l’économie américaine est une surprise, elle compense probablement les nombreuses sources de prudence que sont l’escalade du conflit au Moyen-Orien, la guerre en Ukraine, la saisonnalité négative, l’élection présidentielle américaine en vue et j’en passe. Le marché n’aura pas le temps de souffler, dès demain débute la saison 3 des résultats de sociétés, notamment avec PepsiCo puis, en fin de semaine JP Morgan Chase et Wells Fargo. La Chine revient d’une semaine de congé demain, mercredi nous prêterons attention aux minutes de la dernière réunion de la Réserve Fédérale, jeudi ce sera le tours des prix à la consommation aux Etats-Unis et vendredi, les prix à la production ainsi que l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan.
Retour rapide sur les résultats de sociétés. Comme d’habitude ce seront surtout ceux des mastodontes de la tech qui accapareront l’attention du marché. La plupart d’entre eux publieront sur une période de dix jours, Microsoft et Alphabet ouvrent la danse le 22 octobre, Apple la referme le 31 octobre.
Wall Street ne boude pas son plaisir vendredi soir, les indices d’actions terminent bien la semaine et clôturent au plus haut de la séance. Les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) parviennent à réaliser une quatrième semaine consécutive de hausse, les 7 magnifiques sont globalement recherchés, on privilégie notamment les semi-conducteurs et les petites capitalisations. Le NDX récupère le niveau de 20'000 points à la cloche et le podium du jour du SPX se compose des financières, de la consommation discrétionnaire et des services de communication. On continue d’observer un élargissement de la pression acheteuse à d’autres valeurs / secteurs que les 7 magnifiques, comme l’illustre la performance de l’indice S&P500 équipondéré (SPX), tout comme celle du Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) depuis un an. C’est un bon signe pour la suite, le momentum du marché ne faiblit pas mais on redistribue progressivement les cartes d’expositions aux différents secteurs dans les portefeuilles. Quasiment tout le secteur industriel traite au-dessus de ses moyennes mobiles, en Chine le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse et en baisse) du Hang Seng est historiquement fort et Sentimentrader nous apprend que le taux de variation sur 252 jours du SPW est passé de -15% à +25%, c’est arrivé 11 fois dans l’histoire de Wall Street, dans 100% des cas l’indice traitait plus haut douze mois plus tard. Ceci n’est en aucun cas une prévision, ce n’est qu’une constatation historique.
La volatilité recule, le VIX perd 6,3% vendredi et revient à 19,21. Le ratio put/call recule à 0,48, c’est vraiment très bas et cela indique clairement une détente généralisée des intervenants. En parallèle, l’agence Bloomberg nous apprend que les investisseurs amateurs (surnommés «the wrong way crowd» s'engouffrent dans le monde complexe des ETF alimentés par des produits dérivés, qui peuvent faire miroiter des gains de 100% sur des actions dites blue chips. Les professionnels du secteur et les régulateurs se sentent pour leur part mal à l'aise et appellent à la prudence.
Sur le front du marché obligataire, on garde son calme, le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 3,99% ce matin, il nous indique simplement que le marché a pris acte de la macro de vendredi et prévoit une surchauffe éventuelle, qui pourrait paver le retour de l’inflation, dans les esprits dans un premier temps du moins. Le dollar fait pareil, le Dollar Index (DXY) remonte à 102,55, il a cassé sa moyenne mobile à 50 jours et regarde désormais sa 100 jours qui évolue à 103,33. La paire EUR/USD traite ce matin à 1,0966, son prochain support est à 1,0930, c’est sa 100 jours.
Le pétrole bondit la semaine passée en raison de l’escalade au Moyen-Orient. Rappelons que l’Iran produit 3 millions de barils par jour et que d’autres pays, Arabie Saoudite en tête disposent de marge de manœuvre pour augmenter leur production si besoin. La hausse de l’or noir est certes prononcée mais reste plutôt mesurée au vu de l’actualité, le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 75,22 dollars.
Au chapitre des métaux, l’aversion au risque potentielle induite par le conflit en cours au Moyen-Orient ne parvient pas à faire chuter la demande, exacerbée par les annonces de Pékin effectuées la semaine précédente. Les cours des métaux industriels restent orientés à la hausse (Aluminium, Zinc, cuivre). L’or se stabilise à 2649 dollars l’once.
Ça ne s’invente pas, les hedge funds sont devenus haussiers sur le yen juste avant sa plus forte chute hebdomadaire en 15 ans. La paire traite ce matin à 148,30 contre dollar, elle voit sa prochaine résistance à 150, puis ce sera le tour de la moyenne mobile à 200 jours qui évolue actuellement à 151,09.
La BCE réduira «très probablement» ses taux lors de sa réunion de ce mois-ci, déclare François Villeroy (Gouverneur de la Banque de France) à La Repubblica. Le marché est d’accord, les Fed Funds prédisent 95% de probabilités d’une coupe de 25 points de base le 17 octobre.
Donald Trump retourne à Butler, où il a réchappé à une tentative d'assassinat. Elon Musk est présent. L'ancien président américain poursuit sa stratégie de punchlines à un mois des élections. Il menace notamment d'imposer des droits de douane de 200% sur les véhicules importés du Mexique, après avoir parlé de 100% précédemment. Il affirme par ailleurs que le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, le soutient. Mais la banque dément poliment.
Au menu macro-économique du jour, les commandes d'usines allemandes (sorties nettement en-dessous des attentes) et les ventes de détail de l'UE (11h00) sont les seules données au programme.
Starboard achète une position de 1 milliard de dollars dans Pfizer. Boeing lance un nouveau round de négociations lundi après trois semaines de grève. Meta présente son IA générative de vidéo, Movie Gen. Foxconn annonce un chiffre d'affaires record au troisième trimestre avec la demande pour l'IA. Le fonds d'investissement saoudien envisage d'augmenter sa participation dans Nintendo, selon Kyodo.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à part le Nifty50 qui perd 0,81%. Tokyo gagne 1,8% à la cloche, Hong Kong avance de 1,26%, Shanghai revient demain et Séoul monte de 1,58%. Le future SPX perd 17 points et l’Europe ouvre en repli de 0,3%.