Se préparer pour le quatrième trimestre

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Le moral des investisseurs en actions est au beau fixe en cette fin de troisième trimestre. Décryptage.

©Keystone

 

Le S&P 500 a atteint un nouveau sommet historique après que la Réserve fédérale américaine (Fed) a choisi de démarrer en fanfare son cycle d’assouplissement monétaire, tout en rassurant les investisseurs sur le fait que l’économie américaine semble se diriger vers un atterrissage en douceur.

Les actions mondiales sont donc en passe d’enregistrer un quatrième trimestre consécutif dans le vert. Les emprunts d’Etat ont également rebondi grâce à la décrue de l’inflation et à la perspective de nouvelles baisses de taux directeurs.

Néanmoins, l’humeur du marché s’est également révélée fragile et les investisseurs devront surmonter plusieurs obstacles au cours du dernier trimestre de l’année 2024. Explication en trois points.

  1. La fenêtre d’opportunité pour préparer les portefeuilles aux baisses de taux directeurs est train de se refermer

Depuis longtemps il est conseillé aux investisseurs de se positionner en vue du cycle d’assouplissement, qui est maintenant bien entamé. La Fed, qui a tardé à se joindre au bal de l’assouplissement monétaire, a récemment procédé à une première baisse de taux plus importante (50 points de base, pb) que ses homologues.

Se positionner ostensiblement dans l’optique d’une issue donnée est une stratégie à double tranchant, d’autant que les deux partis sont encore au coude à coude, selon les sondages.

A en juger par le graphique «dot plot» des projections de taux, les hauts responsables de la Fed s’attendent à 50 pb supplémentaires lors des deux dernières réunions de politique monétaire programmées en 2024, puis à un assouplissement de 100 pb l’an prochain. De leur côté, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque nationale suisse semblent également prêtes à baisser encore leurs taux.

La rémunération des liquidités s’en trouvera amoindrie. En dépit de sa position tactique neutre sur les obligations, la Recherche d’UBS pense qu’il est toujours judicieux pour les investisseurs de retirer des liquidités excédentaires de leurs comptes de dépôt et des fonds en instruments du marché monétaire pour les placer dans des actifs qui offrent une rémunération plus durable.

Les portefeuilles d’obligations à échéances échelonnées, des obligations investment grade à moyen terme et des stratégies obligataires diversifiées peuvent contribuer à maintenir le niveau de revenu d’un portefeuille.

  1. Les élections aux Etats-Unis pourraient déstabiliser les marchés, certains secteurs et certaines devises étant plus vulnérables que d’autres

Les résultats pourraient avoir un impact majeur sur plusieurs politiques publiques qui intéressent les investisseurs, depuis les droits de douane et la réglementation des entreprises jusqu’à la fiscalité et les énergies renouvelables.

Si un parti prend le contrôle de la Maison Blanche et du Congrès, cela pourrait aboutir à des changements de cap politique tout à fait significatifs, auquel cas il y aura des gagnants et des perdants potentiels, tant en termes de secteurs d’activité que de devises. Cependant, se positionner ostensiblement dans l’optique d’une issue donnée est une stratégie à double tranchant, d’autant que les deux partis sont encore au coude à coude, selon les sondages.

Par conséquent, on conseille aux investisseurs de gérer leur exposition aux secteurs sensibles aux élections, notamment la consommation discrétionnaire et les énergies renouvelables aux Etats-Unis, ainsi qu’aux devises telles que le yuan chinois. Cela dit, la rivalité stratégique avec la Chine devrait perdurer quelle que soit l’issue du scrutin, d’où les perspectives prometteuses pour les entreprises exposées à la relocalisation.

  1. L’incertitude économique et les conflits géopolitiques pourraient accentuer la volatilité des actions

Lors de sa réunion de septembre, la Fed a assuré que l’économie américaine reste en bonne santé, les signes d’une récession imminente n’étant pas légion. Toutefois, les marchés resteront probablement sensibles à la publication d’indicateurs économiques médiocres. Par ailleurs, le conflit au Moyen-Orient risque de miner le moral des marchés au dernier trimestre et l’an prochain.

On recommandera aux investisseurs de se préparer à de nouveaux accès de volatilité des marchés, en commençant par veiller à bien diversifier leur portefeuille. Les investisseurs insuffisamment exposés à l’intelligence artificielle peuvent envisager de profiter des regains d’aversion au risque pour saisir l’opportunité à long terme sur ce thème, qui s’annonce comme un moteur de la progression des marchés dans les années à venir. Ceux qui y sont fortement exposés peuvent envisager des stratégies de préservation du capital.

Considérer les investissements alternatifs

Certains types d’investissements alternatifs peuvent également contribuer à atténuer la volatilité et à améliorer les rendements à long terme, même s’ils ne conviennent qu’aux individus disposés à tolérer un certain manque de liquidité et de transparence, entre autres risques.

Les hedge funds faiblement corrélés aux actifs traditionnels peuvent contribuer à atténuer la volatilité globale d’un portefeuille. Le private equity et les infrastructures non cotées peuvent servir de contrepoids à l’exposition aux actions cotées en Bourse, tandis que la dette non cotée peut constituer une autre source attrayante de revenus pour un portefeuille.

Ainsi, malgré l’incertitude persistante, on décèle un large éventail d’opportunités à l’orée du dernier trimestre de l’année. La Recherche d’UBS table toujours sur une progression des actions, des obligations et des actifs alternatifs sur un horizon de six à douze mois.

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