Le négociant suisse en hydrocarbures Totsa se voit infliger une amende de 48 millions de dollars aux Etats-Unis. L’autorité américaine de régulation des marchés des matières premières reproche à la filiale helvétique du géant français TotalEnergies des manipulations sur le marché de l’essence.
Totsa est soupçonné d’avoir tenté de manipuler le prix de référence d’un contrat à terme sur l’essence, peut-on lire mardi dans un article du Temps, relayant une information publiée sur le site de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC).
Contactée par AWP, l’entreprise en cause n’avait pas réagi en fin de matinée.
«La manipulation des indices de référence est un stratagème vieux comme le monde que les entreprises tentent d’utiliser sur de nombreux marchés», commente Ian McGinley, un responsable de la CFTC cité dans le communiqué. Dans le cas présent, Totsa aurait fait en sorte de baisser les prix du marché sur l’EBOB, un type d’essence raffinée utilisée principalement dans les voitures en Europe.
Les faits remontent à mars 2018, précise la CFTC. Le négociant aurait tenté de manipuler le marché en vendant de l’EBOB physique à des prix inférieurs à ceux que les acheteurs étaient prêts à payer. Au cours de ce mois, Totsa en a par ailleurs vendu davantage que les mois précédents, ses ventes représentant même plus de 60% du volume négocié par l’ensemble des participants au marché, souligne l’autorité.
Ces deux facteurs ont permis à Totsa de tirer profit d’une position courte sur des contrats à terme et d’augmenter ses bénéfices. «Les négociants de Totsa ont accepté moins de revenus issues de ventes physiques d’EBOB, afin d’en faire baisser le prix sur le marché et d’augmenter les bénéfices du négoce de la société, en faisant grimper la valeur de sa position courte liée à l’EBOB, résume la CFCT.
La CFCT indique avoir bénéficié de l’assistance des régulateurs britannique et helvétique (Finma) dans cette affaire et ajoute que Totsa a dans l’ensemble coopéré avec les enquêteurs, lui reprochant toutefois de n’avoir pas fourni en temps voulu certaines discussions sur whatsapp et de ne les avoir pas conservées de manière adéquate.
Dans une remarque publique, une membre de la CFTC, Caroline Pham, exprime son désaccord face à cette décision, dénonçant des preuves «ténues, spéculatives et circonstancielles» et une amende qui ne tiendrait pas compte des conditions sur les marchés européens de l’essence, reprend le journal. L’avocate estime que la CFTC poursuit ainsi sur «la voie des politiques anti-énergie» qui la caractérisent désormais.