Forte intensité en vue sur le S&P 500

François Savary

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La saison des bénéfices approche à grands pas, ce qui n’empêche pas certains de revoir à la hausse leurs objectifs pour l’indice élargi.

Alors que la bourse américaine s’apprête à clôturer le premier semestre avec une progression qui avoisine les 15%, certains stratégistes n’ont pas hésité à rehausser leur objectif pour l’indice S&P 500 à 6000 pour la fin de l’année. De quoi donner le «tournis», sachant que nous avons retesté les 5000 au début su second trimestre 2024 et que l’atteinte de l’objectif susmentionné implique une progression complémentaire des actions de quasiment 10% par rapport au niveau actuel.

Dans un tel contexte, la saison des rapports de profits du second trimestre 2024 s’apprête à (réellement) démarrer avec les publications des grandes institutions bancaires à partir du 12 juillet; de plus, 62% des sociétés US vont révéler leurs chiffres d’ici la fin du mois de juillet. De quoi réserver des surprises ou, pour le moins, d’inciter à ne pas trop s’engager au cours de la quinzaine à venir. En effet, il n’y a guère de place pour la déception sur le front de la performance des sociétés américaines, compte tenu de l’évaluation relativement onéreuse du marché (P/E forward proche de 21 fois) et de perspectives de baisse de taux d’intérêt qui demeurent assez limitées pour les trois prochains mois, au moins. L’importance des bénéfices, dans l’attente d’un soutien éventuel du côté d’une politique monétaire moins restrictive de la Réserve Fédérale, ne s’en trouve que renforcée.

D’une manière générale, les opérateurs de marché s’attendent à une poursuite de l’accélération de la croissance bénéficiaire au second trimestre par rapport au premier (8.7% contre 6.5%) alors que la progression des ventes devrait afficher un taux stable à 4.5%; en outre, les anticipations des investisseurs sur le comportement des marges demeurent orientées à la hausse. L’ensemble de ces prévisions peut être raisonnablement qualifié «d’optimiste», surtout si l’on en juge par des développements macroéconomiques récents qui ont plutôt tendance à militer dans le sens d’une modération de la conjoncture américaine depuis quelques mois.

A ce jour, nous disposons déjà des résultats publiés par 2% des sociétés de l’indice S&P 500. Pour l’heure, la progression des bénéfices (4.4%) est inférieure à l’agrégat des attentes susmentionné (8.5%) et les surprises sont légèrement positives (1%). Une autre manière de dire que la barrière fixée par le consensus n’est pas encore en vue, mais il est vrai que les «7 magnifiques» ne révèleront leurs chiffres que durant la semaine du 22 juillet.

A cet égard, un coup d’œil sur les révisions bénéficiaires au cours des trois derniers mois laisse apparaître que l’influence de la technologie et des valeurs de communication restera entière pour atteindre les objectifs de croissance globaux du consensus ; cependant, les segments énergétique, financier et discrétionnaire auront aussi leur place à jouer pour permettre l’atteinte de ces derniers!

Au total, il est logique de considérer que la barre fixée par le consensus ne représente pas un objectif facile à atteindre, ce qui ne veut pas dire qu’elle est inatteignable. Dans un tel contexte, il n’est pas illogique - alors que la saison des résultats est de plus en plus imminente et que la progression récente des actions demeure largement circonscrite à quelques valeurs – que l’indice S&P 500 affiche davantage de difficulté à progresser après avoir testé (sans succès) la limite des 5500 points récemment.

Nous restons convaincus que la bourse américaine est mûre pour une consolidation des gains importants du premier semestre et, plus largement, de ceux réalisés depuis octobre 2023. Qu’une certaine fébrilité gagne les actions dans l’attente d’une plus grande visibilité sur la croissance bénéficiaire, dont les opérateurs devraient disposer à la fin du mois de juillet, ne serait pas illogique. C’est d’autant plus vrai que si certaines grandes institutions ont revu leur objectif sur l’indice S&P 500 pour la fin de 2024, la moyenne des prévisions indique que nous n’avons quasiment pas de marge de progression complémentaire par rapport aux niveaux actuels!

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