Nous attendons une baisse des taux de la part de la Banque Nationale Suisse

Martina Honegger-Romahn, Allianz Global Investors

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Alors que la majorité des banques centrales dans le monde se concentrent sur la lutte contre l'inflation, la BNS est confrontée au défi inverse: des perspectives d'inflation faible.

L'inflation récente s'est établie à 1,4% en glissement annuel, ce qui est supérieur à la récente prévision d'inflation de 1%. Cela pourrait suggérer un maintien des taux inchangés lors de la prochaine réunion de la banque centrale. Toutefois, 43% de l'inflation s'explique par la hausse des prix des loyers, dans un contexte où les propriétaires ne sont autorisés à augmenter sensiblement les loyers que si le tarif des prêts hypothécaires augmente. Étant donné que la courbe des taux d'intérêt est nettement plus basse que l'année dernière, l'inflation due à la hausse des prix des loyers disparaîtra des chiffres de l'indice des prix à la consommation (IPC) en glissement annuel à l'avenir. Ainsi, en supprimant l'inflation des loyers du récent IPC, l'inflation de 1,4% est réduite à environ 0,8%, ce qui laisse présager un assouplissement de la politique monétaire.

En ce qui concerne le franc suisse, la banque centrale européenne (BCE) souhaite diminuer les taux d'intérêt, ce qui réduira le différentiel de taux entre la BCE et la BNS. Cela exercera une pression à la hausse sur le franc suisse, ce qui est désinflationniste. La BNS dispose d'une marge de manœuvre limitée pour réduire les taux d'intérêt, car le taux directeur n'est actuellement que de 1,5% et la banque centrale hésite à revenir à un environnement de taux d'intérêt négatifs et/ou à augmenter son bilan. Par conséquent, le plan d'action le plus efficace consiste à prendre les devants en réduisant les taux d'intérêt et en assouplissant les conditions monétaires, ce qui entraînera probablement une dévaluation du franc suisse.

Enfin, selon les données économiques récentes, l'économie suisse ralentit: les indices PMI de l'industrie manufacturière et des services ont affiché des chiffres faibles et le PIB, à +0,6%, est inférieur à la croissance tendancielle de 1,5%. La BNS considère également que la politique monétaire actuelle est restrictive, comme le montre le récent discours que Thomas Jordan, président de la BNS, a prononcé en Corée du Sud, où il a souligné que le R* (le taux d'intérêt réel neutre qui équilibre l'économie à long terme) est égal à zéro. Ainsi, une baisse des taux d'intérêt soutiendrait l'activité économique, tandis que le risque de surchauffe de l'économie suisse serait punitif.

Dans l'ensemble, la faible inflation (hors loyer), la pression à la hausse sur les devises, la faiblesse de l'activité économique et une politique monétaire restrictive conduiront probablement la BNS à réduire ses taux de 25 points de base le 20 juin.

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