Gonet: l'actualité des marchés au 31 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Dow -0,86%, S&P 500 -0,60%, Nasdaq -1,08%, Russell +1,00%, SOX -0,88%, Eurostoxx +0,38%, SMI +0,65%.

Le mois de mai touche à sa fin, à moins d’une catastrophe de dernière minute il aura fait mentir l’adage «sell in May and go away». Un condamné au pénal est favori pour revenir à la Maison-Blanche, dormez bien braves gens tout est normal.

La journée de trading d’hier est en phase avec la météo genevoise, déprimante. Les indices Nasdaq100 (NDX) et S&P500 (SPX) ne terminent certes pas au plus bas du jour mais le cœur n’y est pas, le marché ne réagit même pas à la macro du jour, qui envoie des signaux avant-coureurs favorables au PCE (Personal Consumption Expenditure) qui sera publié cet après-midi, comme par exemple la composante inflation du PIB américain du 1er trimestre, dont une nouvelle estimation est fournie hier. Ça ne suffit pas à dérider Wall Street, qui ne sourcille pas non plus aux propos de John Williams, le patron de la Fed de New York qui déclare qu’il s’attend à ce que l’inflation continue de baisser. Monsieur Williams est membre votant au FOMC et considéré comme neutre, ses propos ont donc une certaine valeur.

La plupart d’entre nous ont eu ou ont encore un ado en stock sous leur toit. Nous savons donc tous que quand ça veut pas, ça veut pas. En ce moment Downtown Manhattan c’est pareil, ça veut pas. Ceci étant dit, ne sombrons pas du côté obscur de la (Sales) force. Certes les principaux indices américains se dirigent vers une première semaine de repli après 5 hausses hebdomadaires consécutives. Considérons plutôt que le marché marque une pause, la performance de mai est pour l’instant bonne voire excellente.

Hier les mastodontes de la tech se replient, à l’exception d’Apple et Tesla. Nvidia abandonne près de 4% sur la séance après les gros titres de l’après-midi sur les nouvelles restriction américaines à l’exportation de puces d’intelligences artificielles. Le titre ne progresse plus que de 123% cette année, Joe Biden hésite à déclarer l’état d’urgence… Le secteur des logiciels souffre des résultats de Salesforce (CRM -19,73%), étonnamment les petites capitalisations passent une belle journée, le Russell2000 (RTY) progresse de 1%. Les dernières publications de résultats de sociétés sont bien mal accueillies. Au-delà de Salesforce, Servicenow chute de 12% tandis qu’Agilent glisse de 10%.

La volatilité grappille 1,2% supplémentaire, le VIX clôture à 14,47. Il est intéressant de noter que le ratio put call rebondit fortement à 0,87, le 28 mai il évoluait à 0,56. Un ratio en-dessous de 1 signifie que les volumes d’échanges sont supérieurs dans les calls que dans les puts, souvent un signe de complaisance dans le marché. On n’est pas encore de retour au-dessus de 1 mais il semble qu’une certaine prise de conscience s’opère au sein de la communauté des traders en options. En parallèle, sur le front du marché obligataire, le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste de marbre, ce matin il évolue à 4,56% et n’a pas saisi l’occasion de la macro d’hier pour se replier, probablement à cause de l’imminence de la publication du PCE, mais peut-être aussi parce que la demande récente des adjudications du Trésor américain est restée plutôt faible. Le Dollar Index (DXY) repasse en-dessous de 105, ce matin il évolue à 104,80, son prochain support se situe à 104,40, les moyennes mobiles à 100 et 200 jours s’y trouvent. La paire EUR/USD évolue à 1,0818. L’or est stable à 2343 dollars l’once tandis que le pétrole ne parvient pas à se maintenir au-dessus des 80 dollars le baril de WTI Light Crude.

Arrêtons-nous un instant sur la locomotive attitrée du marché, l’indice Nasdaq100. Le NDX se maintient fermement dans sa tendance haussière ré-entamée en janvier 2023. On connait les raisons de la hausse, on sait surtout que très peu de titres ont participé à pousser cet indice au firmament de sa performance. Or le nombre d’avertissements techniques sur l’indice a récemment augmenté. On remarque notamment que de plus en plus d’actions s’écartent du NDX. Ces divergences de performances ne sont d’ailleurs pas limitées au NDX mais concernent aussi le Nasdaq Composite, son indice élargi. Au cours des 100 derniers jours de trading, le nombre de présages Hindenburg a atteint son plus haut niveau en quatre ans. Le «Hindenburg Omen» surveille les conditions indiquant des faiblesses potentielles du marché. Pour ne rien arranger, un second signal négatif vient de se déclencher sur le NDX, le «syndrome du Titanic». Ces deux signaux se sont déclenchés ensemble trois fois depuis 1986, en 1990, 2000 et 2007, des dates pas forcément réjouissantes dans la mémoire des investisseurs. Il ne s’agit pas ici de faire peur à tout un chacun mais de rester vigilant. Personne d’intellectuellement honnête ne peut affirmer savoir quand la vague haussière en cours se terminera, pourquoi donc la quitter? En revanche il faut impérativement porter un gilet si l’on s’y maintient, en l’occurrence la volatilité étant faible, l’achat d’options put prend du sens, la mise en place d’ordres stop-loss également.

Donald Trump est reconnu coupable des 34 chefs d'accusation retenus contre lui dans le cadre du procès de l'affaire des pots-de-vin à New York, un verdict qui pourrait remodeler le paysage politique à l'approche du mois de novembre. La sentence sera prononcée le 11 juillet, quelques jours avant la convention du parti démocrate américain (GOP). On s'attend à ce que Trump fasse appel. S'il est élu, il ne pourra pas se gracier lui-même, car il a été condamné pour des faits relevant de la compétence de l'État.

Joe Biden autorise l'Ukraine à lancer des munitions fournies par les États-Unis contre des cibles militaires à l'intérieur d'une zone limitée de la Russie. Il permet des frappes près de la zone frontalière nord-est de Kharkiv afin que l'Ukraine puisse aider à neutraliser une avancée russe dans la région.

Au menu macro-économique du jour, deux gros rendez-vous avec l'indice des prix à la consommation de la zone euro en mai (11h00) et l'inflation PCE d'avril aux Etats-Unis, en même temps que les revenus personnels et la consommation des ménages (14h30) et avant l'indice PMI de Chicago (15h45). 

UBS remanie sa direction générale, Iqbal Khan quitte la Suisse. KKR obtient le feu vert de l'UE pour l'acquisition du réseau de téléphonie fixe de Telecom Italia. Avolta décroche un nouveau contrat à Hong Kong. La marque de luxe italienne Golden Goose vise une entrée en Bourse en juin. ISS recommande aux actionnaires de Tesla de voter contre la rémunération «excessive» d'Elon Musk. The Gap flambe de 23% hors séance après ses comptes. Ulta Beauty rebondit de 6% hors séance après ses comptes. Dell plonge de 18% hors séance après ses comptes. Boeing a remis sa «feuille de route» pour assainir son processus de production. Le Trodelvy de Gilead n'atteint pas son objectif principal dans une étude de phase avancée. L'Arabie saoudite vend plus de 10 milliards de dollars d'actions Aramco.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo progresse de 1,14% à la cloche, Hong Kong égare 0,02%, Shanghai perd 0,16%, Séoul grappille 0,04% et le Nifty50 monte de 0,14%. Le future SPX rend 8 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. En Chine les indicateurs PMIs déçoivent.

À suivre ce soir l’annonce de l’agence S&P qui doit prendre sa décision sur la notation de la dette française. La France est notée «AA» avec une perspective négative à cause de ses nombreux dérapages budgétaires. Verdict à l’heure de l’AApéro.

A lire aussi...