Gonet: l'actualité des marchés au 30 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,06%, S&P 500 -0,74%, Nasdaq -0,58%, Russell -1,48%, SOX -1,85%, Eurostoxx -1,33%, SMI -0,51%.

L’ombre de la Fed plane à nouveau au-dessus de Wall Street. Le marché s’était repris une joyeuse mine pour fêter les résultats de Nvidia du 22 mai, l’inévitable gueule de bois et des taux obligataires en hausse le ramènent sur terre. 

Les indices américains d’actions terminent leur séance proches du plus bas du jour. La plupart des géants de la tech reculent à l’exception notable de Nvidia, qui grappille encore 0,81%. Le vénérable Dow Jones souffre de la chute de United Health, qui perd 3,76% et contribue à 124 points des 411 abandonnés par l’indice sur la journée. Le sentiment du marché se détériore hier, la faute principalement au rendement du 10 ans US qui est de retour à 4,59%, il regarde désormais 4,73% comme principale résistance. Côté support la 50 jours évolue à 4,47% en ce moment. Cette dégradation du sentiment est peut-être aussi due à l’absence notable de résultats d’entreprises. La saison du premier trimestre est terminée, à de rares exceptions, le marché est en panne d’inspiration et se retourne naturellement vers la Fed et sa politique monétaire, qui n’a avouons-le rien de sexy à proposer en l’état, surtout face aux paillettes que l’intelligence artificielle et Nvidia montrent aux investisseurs. 

La volatilité en profite et récupère 10,7%, le VIX clôture à 14,28. On est encore loin des 30 mais il y a du progrès, ce d’autant que son compère obligataire, le MOVE, grimpe lui aussi, de 4,2% et revient à 93,45. Le ratio Put Call des actions remonte à 0,68, il y a deux jours ils évoluait à 0,56, un niveau extrêmement bas. 0,68 c’est un peu mieux mais les volumes en calls restent dominants, un indicateur de relative détente dans le monde du trading de dérivés. Le Dollar Index (DXY) tente de repasser au-dessus de 105, sa moyenne mobile à 50 jours se situe à 105,10, une fois encore le billet vert fait de la résistance, la question est de savoir s’il a les moyens de tenir. La paire EUR/USD traite pile sur 1,0800, sa 200 jours évolue à 1,0788, money time sur le greenback ces jours, à suivre.

L’indice S&P500 (SPX) reste bien installé dans sa tendance haussière, notons ceci dit qu’il clôture hier pile sur un support horizontal (5266 points).

Vous souvenez-vous de tous les optimistes qui, au début de l'année, se réjouissaient du fait que la hausse s'étendait au-delà des «Sept Magnifiques» et que des gains plus importants étaient le signe que la hausse du marché était durable? Ce n'est plus le cas. Ce mois-ci, alors que les indices atteignaient de nouveaux records, quatre grandes valeurs technologiques seulement ont ajouté plus de valeur au marché que le reste du S&P 500 réuni. La brève poussée de surperformance des petites valeurs semble s'être à nouveau essoufflée. Nvidia, Microsoft, Apple et Alphabet ont ajouté plus de 1400 milliards de dollars de capitalisation boursière ce mois-ci, soit plus que les 296 autres actions réunies. La moitié de la hausse a été réalisée par une seule entreprise, je vous laisse deviner laquelle…

Alors bien évidemment, ce genre de phénomène a le don de réveiller les Cassandre de service, qui ressortent de terre tels des hannetons et nous prédisent la fin du monde dans d’atroces douleurs et aussi que les Boston Celtics ne vont pas remporter le titre NBA cette année, de quoi faire rire même le plus coincé des Suisse-allemands (si cela vexe quelqu’un, je vous renvoie à mon patronyme). Plus sérieusement, la poussée de fièvre boursière autour de l’intelligence artificielle ne peut être qualifiée de bulle boursière, nous ne sommes pas en 1998-2000, époque où tout montait à la verticale sans que grand nombre des entreprises concernées ne réalisent le moindre centime de bénéfice. Aujourd’hui les profits de Nvidia augmentent à peu près aussi vite que le cours de son action, donc si bulle il y a, elle n’est pas boursière mais liée à la demande de puces. Et comme toujours, c’est l’avenir qui nous en dira plus (je sors…).

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis une nouvelle estimation du PIB du premier trimestre et les dernières demandes d'allocations-chômage, ainsi que les stocks de grossistes sont prévus à 14h30. Les chiffres de l'immobilier ancien (16h00) et les stocks de brut (17h00) suivront. 

BHP renonce à son offre de rachat pour Anglo American. Le fonds chinois Silk Road sort du capital de Pirelli. ConocoPhillips rachète Marathon Oil pour 22,5 milliards de dollars. Salesforce plonge de 16% hors séance après ses trimestriels. Agilent coule de 13% hors séance après ses trimestriels. Le fonds Trian de Nelson Peltz vend ses actions Walt Disney, selon CNBC. Meta Platforms a supprimé des centaines de comptes Facebook associés à des campagnes d'influence de la Chine, d'Israël, de l'Iran et de la Russie, dont certains utilisaient des outils d'intelligence artificielle pour générer de la désinformation. S&P révise la perspective de The Toronto-Dominion Bank à «négative» en raison de faiblesses dans la gestion des risques. Google va investir 2 milliards de dollars dans des centres de données et des services d'informatique dématérialisée en Malaisie. Duke Energy signe des accords avec Amazon, Google et Microsoft pour la fourniture d'énergie propre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en repli, le blues de Wall Street a atteint le continent. Tokyo recule de 1,3% à la cloche, Hong Kong égare 1,33%, Shanghai perd 0,62%, Séoul rend 1,56% et le Nifty50 baisse de 0,59%. Le future SPX recule de 30 points et l’Europe ouvre en repli de 0,2%. 

Le marché se prépare à la principale publication de la semaine, le PCE (Personal Consumption Expenditure) de demain après-midi, qui nous en dira plus sur l’évolution de l’inflation aux Etats-Unis. Rappelons que le PCE est l’outil favori de la Fed pour mesurer l’évolution du niveau général des prix, il influencera donc directement les taux obligataires, qui se chargeront pour leur part de montrer la voie aux actions.

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