Gonet: l'actualité des marchés au 27 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,01%, S&P 500 +0,70%, Nasdaq +1,10%, Russell +1,04%, SOX +1,85%, Eurostoxx -0,04%, SMI -0,29%.

La semaine écoulée est marquée par une confrontation entre Nvidia (le good cop) et la réalité du terrain monétaire (le bad cop). L’affrontement sur le ring du sentiment se solde par une sorte de victoire aux points du good cop, ce qui permet aux principaux indices de réaliser leur cinquième performance hebdomadaire positive de suite. Notons que les petites capitalisations américaines ne participent pas au mouvement, le Russell2000 (RTY) abandonne 1,2% sur la période. Le flux de nouvelles de la semaine passée s’articule en quatre volets. On démarre mercredi avec les minutes de la dernière réunion de la Fed, qui nous apprennent que plusieurs membres du FOMC sont déterminés à resserrer l’étau monétaire encore un peu plus si nécessaire, se demandant si la politique monétaire actuelle de la Réserve Fédérale des Etats-Unis ne serait pas suffisamment restrictive. Le marché sourcille à peine. Comment? Les taux pourraient ne pas baisser aussi vite que prévu? On verra ça plus tard, ce soir mercredi 22 mai la mère de toutes les actions publie ses résultats, on va voir ce qu’on va voir, Nvidia va nous sauver de tous les maux que ces gredins de la Fed veulent nous faire subir.

Le symbole mondial de l’intelligence artificielle publie donc ses trimestriels mercredi soir et force est d’avouer qu’il emporte tout sur son passage, soutenu par la demande pour ses produits dédiés aux centres de données. Nvidia dévoile 26 milliards de dollars de revenus au premier trimestre, mieux qu'attendu et 14,9 milliards de dollars de bénéfices, soit 628% de hausse par rapport à l'année précédente. Les prévisions du prochain trimestre sont stellaires, la firme en profite pour augmenter son (timide) dividende de 150% et annonce un split de 10 nouvelles actions pour une ancienne, ce qui fait dire au Barron’s que les portes du Dow Jones lui sont désormais grandes ouvertes, probablement au détriment d’Intel. Le marché rosit de plaisir à la lecture de ces résultats / prévisions, on se met en mode Space-X sur les indices, Nasdaq100 (NDX) en tête, oubliés les empêcheurs de monter en rond, ces rabat-joie de la Fed. Fin du second volet, le marché est en mode «je vais bien, tout va bien».

Le troisième volet intervient jeudi avec la publication de l’indice PMI préliminaire du mois de mai aux Etats-Unis. L’indice des directeurs d’achats ressort nettement au-dessus des attentes sur la partie des services alors qu’il repasse au-dessus de 50 sur le front manufacturier, contre des attentes à 49,9. C’en est trop, les intervenants ne peuvent plus ignorer la partie macro, qui nous dit en substance que l’économie américaine semble se porter plutôt bien et que la Fed pourrait bien repousser sa première baisse de taux aux calendes grecques. La pression vendeuse refait surface sur les acteurs du marché des actions, les rendements obligataires réagissent, le ciel bleu azur des taureaux se couvre.

Le quatrième et dernier volet intervient en toute fin de semaine. L’indice de confiance des consommateurs américains est publié par l’université du Michigan à 16 heures et il n’échappe à personne que les attentes d’inflation des consommateurs sont légèrement inférieures aux prévisions, même si elles restent relativement élevées. Voyez le comportement de l’indice S&P500 (SPX) dès 16 heures, il vous rappelle simplement qu’à Wall Street, «il en faut peu pour être heureux». Je glousse à l’idée que ce bon vieux Baloo est un ours, mais passons…

À Wall Street, la séance de vendredi se termine fort bien, la tech mène la charge des taureaux, un mouvement d’autant plus appréciable que les rendements obligataires ne lui prêtent pas main forte. Le 10 ans passe de 4,42% à près de 4,50% après la publication de l’indice de l’Université du Michigan, qui a aussi montré que le sentiment général est nettement plus fort qu’attendu. Le 10 ans clôture à 4,46%, il se bat avec sa moyenne mobile à 50 jours qui évolue un tick en-dessous, tandis que sa 200 jours se situe à 4,33%. Le podium du jour du SPX se compose des services de communication, de la tech et des utilities, dont on parle plus ces jours, l’IA est une grosse consommatrice d’énergie. Seule la santé recule parmi les 11 secteurs du SPX. La volatilité rend 0,85%, le VIX revient à 11,93, tout près de son principal support de 11,81. L’indice MOVE, le pendant obligataire du VIX, rend encore du terrain, il abandonne 3% à 83,57 et revient à son plus bas niveau depuis début 2022, signalant une détente générale dans le camp des acteurs du marché des bonds. Le Dollar Index (DXY) repart vers le sud, ce matin à 104,72, il regarde sa 200 jours comme principal support, à 104,40. La paire EUR/USD traite à 1,0851. L’or se stabilise à 2341 dollars l’once, le pétrole fait de même à 77,86 dollars le baril de WTI Light Crude.

Les esprits taquins noteront que l’adage «sell in May and go away» ne semble pas vraiment fonctionner, du moins pour le moment, il reste encore cette semaine au marché pour le valider, sachant qu’aujourd’hui ce ne devrait pas être le cas, Wall Street restera fermée pour le Memorial Day. Londres est aussi fermée au fait, sortez les jeux de cartes…

Notons aussi que le Dow a rendu près de 1'000 points après avoir traité au-dessus des 40'000 pts, que la semaine passée il est pénalisé par plusieurs de ses membres. Boeing termine la semaine en baisse de 5,6% après que le constructeur d'avions ait déclaré qu'il allait dépenser des milliards de dollars de plus que prévu dans les mois à venir. L'action Salesforce recule de 4,7%, plombée vendredi par les inquiétudes concernant les perspectives des logiciels d'entreprise. Home Depot, 3M et McDonald's chutent chacune de plus de 5%. Le vénérable indice perd 2,33% sur la semaine, le SPX grappille 0,03% et le NDX gagne 1,41%.

En Suisse, le SMI a de la peine à casser les 12'000 points, tentative la semaine puis retour à 11'930 pts, à suivre, au mois de mai ceci dit l’indice fait nettement mieux que ses pairs européens avec +5,97% contre +2,33% à l’Eurostoxx50.

Au moins 35 Palestiniens ont été tués lors d'une frappe aérienne israélienne sur un camp de personnes déplacées à Rafah, dimanche en fin de journée, Israël continuant à cibler les sites du Hamas en dépit de la décision rendue vendredi par la CIJ. Cette action fait suite à un barrage de roquettes tirées par le Hamas depuis Gaza, qui a déclenché des sirènes de raid aérien jusqu'à Tel-Aviv. Les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu doivent reprendre cette semaine. L'UE doit faire davantage pour soutenir le plan de réforme palestinien, déclare Josep Borrell, haut responsable des affaires étrangères de l'Union.

Volodymyr Zelenskiy exhorte les États-Unis et la Chine à participer à un sommet en juin pour discuter du plan de paix de l'Ukraine, alors que la Russie renforce ses troupes et intensifie ses attaques aériennes. Une bombe russe a tué au moins 16 personnes à Kharkiv samedi, rapporte le NYT. Le chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, soutient l'utilisation d'armes occidentales pour frapper des cibles en Russie.

Au menu macro-économique du jour, l'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands en mai est attendu à 10h00.

Julius Bär serait intéressé par son compatriote EFG International, selon Bloomberg. UBS exclut la possibilité d'un successeur externe à Ermotti au poste de CEO, selon le FT. La société de conseil aux actionnaires Glass Lewis recommande aux actionnaires de Tesla de rejeter un plan de rémunération de 56 milliards de dollars d'Elon Musk. Les compagnies aériennes, les hôtels et les détaillants craignent d'être laissés pour compte dans les changements apportés à la recherche par Google. Le premier ministre Li Qiang encourage Samsung à investir davantage en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo progresse de 0,66% à la cloche, Hong Kong gagne 1,31%, Shanghai monte de 1,14%, Séoul prend 1,32% et le Nifty50 s’adjuge 0,65%. Le future SPX est inchangé et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. 

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