Gonet: l'actualité des marchés au 24 mai

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -1,53%, S&P 500 -0,74%, Nasdaq -0,39%, Russell -1,60%, SOX -0,02%, Eurostoxx +0,25%, SMI +0,07%.

On a beau nous servir des algorithmes à toutes les sauces, s’il y a bien une chose que l’IA ne volera pas à l’être humain c’est le ressenti, le sentiment, cette sorte de chose qui peut tourner aussi vite que le vent sur le Léman (on peut aussi dire lac de Genève si l’on est d’humeur taquine) ou un score avantageux face à Novak Djokovic.

Hier matin tout un chacun se réveille d’humeur gaillarde dans les chaumières financières. Mercredi soir Nvidia a remis une grosse pièce dans le juke-box de la hausse, les taureaux ont dormi sur leurs deux oreilles, Djoko est au programme du Gonet Geneva Open, ça balance plutôt pas mal à Genève. Les futures US sont orientés à la hausse, rien ne semble susceptible de gâcher l’ambiance. Oubliées les minutes de la réunion de la Fed du premier mai, qui avaient montré mercredi soir que de nombreux membres du FOMC restent sur leurs gardes, certains envisageant même (les gredins) de relever encore un peu plus les taux de la Fed. C’est à 15h45 hier que le vent du sentiment tourne, la faute au PMI américain, l’indice des directeurs d’achats du mois de mai, qui ressort très nettement au-dessus des attentes. Le PMI manufacturier commet même le «crime de lèse-taureau» de sortir à 50,9, les économistes prévoyaient 49,9. Au-delà de dépasser les attentes, il repasse en territoire d’’expansion, dois-je développer le raisonnement qui mène inéluctablement à un mot que les haussier abhorrent: inflation.

Le marché des actions comprend vite mais il faut souvent lui expliquer plusieurs fois la même chose. Cette semaine il aura fallu les minutes de la Fed puis le PMI américain pour détourner son attention d’une Nvidia en mode Space-X. C’est probablement une bonne chose, nous avons ici une sorte de couple «good cop – bad cop», sachant que les indices évoluent proches de leurs plus hauts historiques, un peu de modération en l’état ne peut faire de mal, bien au contraire. Le hasard ne faisant que très rarement partie du monde boursier, la volatilité était venue se poser sur un niveau quasiment incompressible mercredi, le VIX était très brièvement venu traiter en-dessous de son support de 11,81, hier il rebondit de 4% à 12,77, un niveau «ras des pâquerettes». Afin de faire saliver les structureurs à nouveau il lui faudra se hisser à nouveau dans la zone 20 – 30. Même constat du côté du ratio put call des actions, qui remonte légèrement hier, on se remet donc à acheter quelques puts, les intervenants avaient singulièrement baissé la garde, le PMI les réveille, c’est une bonne chose.

Les indices américains d’actions terminent leur séance quasiment au plus bas du jour, le breadth est déplorable avec 23 titres en recul à la cloche contre 6 en hausse sur le Nasdaq. Les mastodontes de la tech boudent, l’action Boeing est sous pression à nouveau, la firme va continuer à bruler du cash, Nvidia fait ce qu’elle peut mais ne peut que ralentir la baisse, même si elle pèse désormais plus lourd à elle seule que tout le marché allemand des actions (comparaison absolument inutile mais qui fait toujours son effet dans une chronique). Le rendement du 10 ans US réagit au PMI, il remonte à 4,50% en séance hier, est de retour à 4,47% ce matin et regarde désormais sa 50 jours comme premier support, elle évolue à 4,45%. Ensuite il y aura la 200 jours à 4,34%. Le dollar profite du PMI, le Dollar Index (DXY) est de retour à 105,00, niveau psychologique et actuel de sa 50 jours. La paire EUR/USD traite à 1,0819. L’or se prend une jolie mandale dans la figure, le métal jaune fait l’objet de prises de bénéfices après sa hausse vertigineuse de ces derniers mois, l’excuse du dollar et des taux est toute trouvée. Le pétrole se replie légèrement, le baril de WTI Light Crude traite à 76,75 dollars.

Ce matin les Fed Funds sont encore un peu moins convaincus que la Fed baissera ses taux deux fois cette année encore. Ceci dit, prenons un peu de recul voulez-vous? Le PMI d’hier nous dit que les entreprises américains sont en forme. Gardons en tête que le dernier rapport sur l’inflation était encourageant. On ne peut éternellement souhaiter que l’économie se prenne les pieds dans le tapis, Wall Street aura l’air maligne le jour où les firmes qui y sont cotées seront réellement en panne pour la plupart. D’ailleurs Wall Street ne s’est pas construite en un jour, les investisseurs impatients feraient bien de garder cela en tête.

Au menu macro-économique du jour, on démarre avec le PIB trimestriel de l'Allemagne (sorti en ligne) et les ventes au détail hors du Royaume-Uni (nettement plus faibles), suivies de la confiance dans les affaires en France (en-dessous des estimations). Plus tard, aux États-Unis, les commandes de biens durables seront annoncées à 14h30 et le sentiment de l'Université du Michigan à 16h00. 

TotalEnergies étudie à ce stade une cotation en actions à New York, mais pas une «cotation principale». JPMorgan Chase paiera 200 millions de dollars d'amende à la CFTC pour des manquements de supervision. Musk refuse de dire s'il est toujours déterminé à vendre des véhicules électriques Tesla moins chers. Boeing prévoit désormais un flux de trésorerie négatif en 2024 alors que les livraisons restent faibles. Nvidia réduit ses prix en Chine dans le cadre de la lutte contre les puces Huawei, selon certaines sources. Micron condamné à 445 millions de dollars dans le cadre d'un procès portant sur le brevet Netlist. Alibaba a levé 4,5 milliards de dollars grâce à la vente d'obligations convertibles. Les puces HBM de Samsung échouent aux tests de Nvidia en raison de problèmes de chaleur et de consommation d'énergie, selon plusieurs sources.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, à l’exception du Nifty50 qui grappille 0,07%. Tokyo rend 1,17% à la cloche, Hong Kong perd 1,76%, Shanghai recule de 0,88% et Séoul se replie de 1,26%. Le future SPX traite à l’équilibre tandis que l’Europe perd 0,8% à l’ouverture.

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