Quand le private equity va au-devant de la gestion de patrimoine

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

L’investissement dans des millésimes successifs permet de construire un portefeuille très diversifié qui peut s’autofinancer assez rapidement. Entretien avec Thibaut Mortelecq d’Altaroc.

Altaroc affiche l’ambition de permettre aux clients privés de participer au meilleur du private equity pour se construire un patrimoine comparable à ceux des institutionnels. Les millésimes de la société de gestion sont composés de fonds de private equity triés sur le volet. Seuls y trouvent leur place des fonds dont le TRI1 est supérieur à 15% sur de nombreuses années. L’offre est donc attrayante mais comment s’adapte-t-elle à des clients individuels alors que la classe est réputée pour sa difficulté d’accès, tant aux grands noms du métier qu’aux petits portefeuilles. Quelques questions à Thibaut Mortelecq, responsable des solutions patrimoniales.

A qui s’adresse votre offre?

Le private equity a été jusqu’à présent affaire d’institutionnels, capables d’investir des montants de plusieurs dizaines de millions. Notre ambition est de permettre aux clients privés d’avoir accès aux meilleurs fonds de private equity du monde avec une mise de départ de 100'000 euros répartis sur 5 ans. Sur cette base et sur les trois dernières années, nous avons, à ce jour, levé 1 milliard d’euros sur 3 millésimes, nous adressant à plus de 5000 investisseurs privés. Notre quatrième millésime Odyssey 2024 est en cours de commercialisation.

Comment articulez-vous votre offre pour servir une telle clientèle?

Nous sélectionnons chaque année 5 à 6 fonds de private equity pour construire notre millésime. Les sous-jacents sont choisis par tris successifs à partir de l’univers des quelques 5000 fonds existants qui affichent des performances reconnues sur le temps long. Au sein de cet univers, nous ne sélectionnons que les fonds Growth et Leverage Buy Out car ce sont les plus rentables et les moins volatils. Et exclusivement des gérants qui ont au moins 20 ans de track et ne lèvent pas moins d’un milliard de dollars par fonds.  Notre objectif étant un TRI minimum de 15%, les fonds choisis doivent appartenir aux premiers et seconds quartiles uniquement. Les secteurs sur lesquels nous nous concentrons sont les éditeurs de logiciels qui opèrent en mode cloud et SAAS2, la santé, les services B2B et les produits et services digitaux. Au terme de ces tris successifs, il ne reste que 25 gérants et nous conduisons une due diligence de 3 mois pour choisir les 5 ou 6 fonds qui composeront le millésime, dont l’allocation géographique sera diversifiée sur les Etats Unis (45%), l’Europe (45%) et l’Asie / reste du monde (10%). Altaroc a signé les Principes pour l’investissement responsable (PRI) et tous nos millésimes sont classés Article 8.

Quels sont les managers de l’année?

En Europe, Nordic Capital, Inflexion, Five Arrows et Bridgepoint. Aux Etats-Unis, Summit, Vista et General Atlantic. Les TRI de ces 7 fonds s’étagent entre 18% et 33% et leurs multiples entre 2 et 3,2 fois la mise. Ils sont très sollicités par les investisseurs institutionnels pour la qualité de leur offre et ne s’adressent jamais aux clients privés. Altaroc, en tant que fonds de fonds, permet donc à la clientèle privée d’y avoir accès. A noter, l’ensemble représente environ 150 entreprises sous-jacentes, de type large et mid-caps. L’objectif de performance du millésime (net de frais) est un multiple de 1,7 et le TRI visé est de 13%.

Les clients privés ne peuvent souvent pas se permettre l’irrégularité des investissements nécessaires à la classe d’actifs. Ils ont besoin de visibilité. Comment procédez-vous?

Effectivement est c’est l’une des difficultés que nous avons dû résoudre par un système d’abonnement. Nous appelons 10% lors de la souscription puis 10% chaque semestre (au 1er avril et au 1er octobre), et ainsi chaque année pendant 5 ans. Les fonds sous-jacents revendant leurs investissements au fur et à mesure, la courbe de cashflow est telle que dès la quatrième année, les flux entrants pourraient commencer à compenser les flux sortants.

Vous expliquez pouvoir bâtir ainsi une stratégie patrimoniale. De quelle manière?

Effectivement, notre programme Re-up propose une approche innovante de construction d’une stratégie patrimoniale en investissant chaque année dans les millésimes successifs. Outre un portefeuille très diversifié de private equity, cette stratégie vise un décaissement maximum et un autofinancement de l’investissement à partir de la 6e année. Grâce aux remboursements de capital expliqués plus tôt, pour un investissement de 100'000 euros, le décaissement total ne devrait pas dépasser à priori 80'000 euros. Les appels de fonds successifs seront financés par les redistributions précédentes. Sous cette hypothèse, pour financer 6 millésimes successifs, il ne faudrait débourser que 310'000 euros et non 600'000. Il est ainsi possible de définir une allocation cible, visant soit à atteindre un revenu récurrent, soit à constituer un patrimoine cible à un moment donné. Nous proposons déjà trois stratégies patrimoniales possibles adaptées aux besoins de nos clients.

Les gains en private equity sont-ils considérés comme des dividendes?

Non, pour les fonds Altaroc, il s’agit de plus-values et donc du régime fiscal afférent. Les plus-values sont généralement exonérées d'impôt pour les particuliers résidant en Suisse.

 


1 TRI: taux de rendement annuel moyen que l'investisseur peut espérer réaliser sur la durée de vie de l'investissement
2 SAAS: Software As A Service

A lire aussi...