Depuis maintenant plusieurs années, l’alignement d’intérêts s’est renforcé entre les entreprises et les acteurs du Private Equity pour tendre vers une croissance à la fois plus responsable et plus durable. Les enjeux liés à la transition climatique et à la biodiversité ou encore les questions de société et d’égalité se sont progressivement placés au cœur des préoccupations des investisseurs et les gérants de Private Equity ont aujourd'hui un vrai rôle à jouer pour devenir des contributeurs clés sur ces enjeux ESG.
L’ESG, un pilier majeur de la stratégie d’investissement des gérants de Private Equity
Selon une étude réalisée par Invest Europe en 2024, 77% des sociétés de gestion européennes parmi les 659 interrogées affirment prendre en compte les enjeux ESG dans leurs décisions d’investissement. La plupart d’entre elles réalisent désormais des due diligences poussées en matière d’ESG avant d’investir dans une société: ces due diligences sont cruciales pour identifier les risques potentiels en matière d’environnement et couvrent également les aspects sociaux. Pour de nombreux gérants, l’ESG est devenu, en phase de détention, un levier de création de valeur majeur. Ainsi, Breitling, société à la pointe de l’horlogerie, accompagnée par le gérant luxembourgeois CVC Capital Partners, a revu complètement ses méthodes d’approvisionnement et utilise désormais des matériaux recyclés pour la conception de ses bracelets de montres, ce qui lui permet de réduire son empreinte environnementale mais également ses coûts.
Nous ne raisonnons plus seulement en cash flows mais aussi en tonnes d’émissions de CO2 évitées.
Les sociétés de gestion se sont elles-mêmes mises au diapason: CVC s’est ainsi engagé à réduire de 73% ses émissions absolues de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 et à utiliser de l’électricité 100% renouvelable au sein de son siège social.
L’ESG, synonyme de croissance?
La prise de conscience du secteur du Private Equity se ressent donc chez les plus grands gérants mondiaux, comme en témoignent les récents investissements d’Insight Partners dans la plateforme de vente de vêtements de seconde main Vinted ou encore de General Atlantic dans le concepteur d’éoliennes Venterra. Aujourd’hui, le financement des entreprises à impact positif est un des piliers de la croissance: nous ne raisonnons plus seulement en cash flows mais aussi en tonnes d’émissions de CO2 évitées.
Alors que 61% des Français prennent en compte les critères de développement durable dans leurs achats, je crois que l’inclusion de ces enjeux apparaît de plus en plus nécessaire pour les entreprises et les investisseurs. Devant les transformations des modes de consommation, s’adapter est essentiel pour entamer sereinement la transition vers un modèle économique pérenne.
Un nouveau cadre légal et réglementaire
A l’échelle nationale et européenne, les gérants sont soumis à des obligations croissantes de transparence sur leur impact écologique et social. Il s’agit désormais de soutenir la croissance durable des entreprises et la création d’emplois. Cela passe par la structuration de la gouvernance, la promotion de la diversité dans les équipes et le pilotage des actions visant à réduire l’impact environnemental des activités.
De plus, de nombreux gestionnaires appliquent des politiques d’exclusion et s’interdisent d’investir dans des secteurs comme l’armement ou les énergies fossiles.
Les PRI (Principles for Responsible Investment, une initiative mondiale pilotée par l’ONU) ou la réglementation européenne SFDR, qui est entrée en vigueur en mars 2021, offrent des cadres et des repères pour les investisseurs. Un fonds qui se déclare article 8 doit collecter tous les ans auprès de ses participations des données portant sur un certain nombre d’indicateurs clés (émissions de CO2, consommation d’électricité, existence d’une politique de lutte contre la corruption, féminisation des Boards, etc.) qu’il met à disposition de ses investisseurs. De nombreux gérants se sont équipés de logiciels pour automatiser et fiabiliser la collecte de ces données. Au-delà du reporting à leurs clients, ces données constituent une base de discussion avec le management des sociétés du portefeuille pour établir des feuilles de route en matière d’ESG et suivre les améliorations qui ont été proposées.
Toutes ces mesures sont emblématiques d’une approche fondée sur la transparence et le respect de ces nouveaux enjeux.
Le tournant vers un modèle plus durable
Ainsi, le secteur du Private Equity donne une importance significative et croissante aux enjeux environnementaux et sociaux à toutes les étapes du processus d’investissement. Ce faisant, je suis persuadée qu’il se positionne comme l’un des principaux leviers de la transition vers un modèle économique respectueux de l’environnement et de l’humain, avec un objectif de durabilité.