Soutenue par la majorité de droite, cette réduction délestera les caisses du canton d’environ 105 millions de francs.
L’impôt cantonal sur le revenu des Vaudois va diminuer de 3,5% dès l’an prochain. Le Grand Conseil vaudois a accepté mardi en deuxième débat la solution soutenue par le Conseil d’Etat.
Le Parlement a confirmé son vote du premier débat qui s’était déroulé la semaine dernière. Le projet de loi a passé la rampe par 80 oui contre 57 non. Soutenue par la majorité de droite, la réduction de 3,5% délestera les caisses du canton d’environ 105 millions de francs.
Avant le vote final, le plénum a définitivement écarté la solution préconisée par la gauche, à savoir un crédit d’impôt à la place d’une réduction en pour-cent. Le nouvel amendement proposé mardi par le socialiste Julien Eggenberger, portant sur un montant de 72,50 francs par individu, a été rejeté par 78 voix contre 58.
Pour mémoire, le Conseil d’Etat avait proposé cet été une baisse de 2,5% avant de céder à 3,5% sous la pression de la Commission des finances. Mardi dernier, le PLR et les Vert’libéraux avaient défendu cette solution médiane face aux velléités de l’UDC et de la gauche. Les premiers militaient pour un rabais de 4,5%, tandis que les seconds soutenaient un crédit d’impôt par individu de 112 francs.
Lors de la discussion finale, les passes d’armes gauche droite n’ont pas manqué, à l’instar de la semaine dernière. L’UDC a fait contre mauvaise fortune bon coeur. Le parti a salué cette baisse fiscale, «même si elle n’est de loin pas suffisante», selon les termes d’Yvan Pahud, la «preuve qu’il faut demander beaucoup pour obtenir peu». Il a sollicité de la cheffe des Finances vaudoises Valérie Dittli une garantie claire quant à une baisse supplémentaire de 1,5% à partir de 2025.
Le PLR s’est félicité d’une «bonne nouvelle». Le député Alexandre Berthoud a rappelé que d’autres allègements fiscaux sont prévus ces prochaines années, notamment sur la fortune. «On donne de l’air à tous les contribuables, c’est le plus important», s’est réjoui pour sa part le Vert’libéral Jérôme de Benedictis.
Le député socialiste Jean Tschopp a regretté «une occasion manquée de faire un geste pour la classe moyenne». Plus de deux tiers des Vaudois seraient favorisés par un crédit d’impôt. La réduction servira avant tout les milieux les plus aisés. Ce sont des ressources qu’on ne mettra pas à disposition de la majorité de la population qui fait face à diverses hausses, du loyer au coût de la vie en passant par les primes d’assurance maladie, s’est-il inquiété.
Pour les Vert-e-s aussi, «la méthode n’atteint pas le but fixé», a relevé Kilian Duggan. Et de s’alarmer des effets sur les prochains budgets, alors que des moyens très importants devront être dévolus à la transition énergétique. Ensemble à gauche et POP ont dénoncé «des baisses irresponsables sur le plan des recettes de l’Etat». Elles se font au détriment de la variable d’ajustement constituée par le service public et parapublic, a notamment relevé Hadrien Buclin.
Attaquée par la gauche sur sa présentation de certains chiffres, la conseillère d’Etat Valérie Dittli a souligné que «même si les débats sur la fiscalité sont longs et houleux, ils sont évidemment nécessaires». Les 105 millions sont inclus dans le projet de budget 2024. Ce dernier ne prévoit aucune coupe: les charges augmentent de 4,9%, les investissements dépassent le milliard, a-t-elle rappelé.
Il s’agit d’une réduction «équilibrée, réfléchie et raisonnable», a-t-elle réaffirmé, mentionnant que les mesures proposées émanent «de l’ensemble du Conseil d’Etat».