Vaud: l’impôt sur le revenu devrait baisser de 3,5%

AWP

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L’ampleur de la réduction, qui devra être confirmée lors du deuxième débat, constitue une solution médiane, soutenue par les PLR et Vert’libéraux face aux velléités de l’UDC et de la gauche.

L’impôt cantonal sur le revenu des Vaudois devrait diminuer de 3,5% l’an prochain. C’est l’option retenue mardi par le Grand Conseil, qui s’est rallié au Conseil d’Etat.

Cette réduction, qui devra être confirmée lors du deuxième débat, constitue une solution médiane, soutenue par les PLR et Vert’libéraux face aux velléités de l’UDC et de la gauche. Les premiers ont milité pour un rabais de 4,5%, tandis que les seconds ont soutenu un crédit d’impôt par individu de 112 francs.

Le Conseil d’Etat, qui avait proposé cet été une baisse de 2,5% avant de céder à 3,5% sous la pression de la Commission des finances, a défendu une mesure «équilibrée, réfléchie et raisonnable», a affirmé sa ministre des finances, Valérie Dittli.

Selon elle, cette réduction vise à «soulager l’ensemble des contribuables», tout en tenant compte de la situation financière du canton. L’impact est estimé à 105 millions pour les caisses de l’Etat.

Ce rabais de 3,5% est «satisfaisant», estimé Alexandre Berthoud (PLR). Rappelant que d’autres allègements fiscaux sont prévus ces prochaines années, notamment sur la fortune, la réduction votée mardi est «raisonnable». Elle ne met pas en péril le budget 2024 qui se trouve «à la limite du petit équilibre», a-t-il relevé.

UDC et gauche en échec

Pour l’UDC, il aurait fallu aller plus loin. «Les coffres du canton sont remplis car le contribuable a été trop ponctionné ces dernières années», a jugé Yvan Pahud. Baisser l’impôt sur le revenu de 4,5%, avec comme effet de se priver de 135 millions de recettes fiscales, est «tout à fait supportable», a-t-il affirmé, sans toutefois parvenir à convaincre au-delà de son propre parti.

De son côté, la gauche a essayé, sans davantage de succès, de proposer une alternative. A savoir: un crédit forfaitaire de 112 francs par individu à déduire de la feuille d’impôt, à la place de la réduction en pour-cent. Avec ce modèle, 95% des contribuables seraient gagnants, a assuré Julien Eggenberger (PS), critiquant un rabais en pourcentage qui ne profiterait qu’aux plus aisés.

La droite n’a toutefois pas voulu entendre parler de ce crédit forfaitaire. Celui-ci «renie totalement la progressivité de l’impôt», a remarqué Florence Gross (PLR).

«Haine des riches»

Avant de discuter des modalités de cette baisse d’impôt, les députés ont longuement débattu de la nécessité même d’une réduction de la fiscalité. La gauche n’en voulait pas car elle revient à «arroser les riches et laisser qu’une gouttelette aux autres», a déclaré Romain Pilloud (PS). Pour Rebecca Joly (Vert-e-s), cela entraînera nécessairement des coupes «dans la douleur» parmi les prestations de l’Etat.

Plusieurs députés de droite ont déploré «une haine des riches», alors que ce sont justement les contribuables les plus aisés qui permettent de financer les politiques publiques. «Ne pas donner un peu d’air à ces riches, c’est saborder la classe moyenne», a affirmé Fabrice Moscheni (UDC). Il faut arrêter de «taper sur tous ceux qui paient», a renchéri Philippe Miauton (PLR).

Les élus de droite ont aussi répété qu’il ne s’agissait pas de couper dans le budget du canton, mais de profiter des bénéfices qu’il a engrangés au fil des années. D’autres ont encore rappelé que Vaud, en matière de charge fiscale, figurait à l’avant-dernière place du classement suisse, où seul Neuchâtel ponctionne encore plus durement ses contribuables.

«Impôt houleux»

A noter finalement que plusieurs députés, à gauche surtout, ont critiqué la façon dont cette réforme fiscale a été menée par le Conseil d’Etat. Celui-ci a été blâmé pour avoir agi «à la va-vite» et «sans transparence», notamment sur les répercussions des baisses fiscales. Il en découle «un petchi institutionnel», un sentiment que le gouvernement «improvise» et souffre de «faiblesse face à une droite décomplexée».

D’aucuns ont laissé entendre qu’ils regrettaient l’époque où les finances étaient tenues par Pascal Broulis. Et qu’après le temps de «l’impôt heureux», prôné par l’ancien grand argentier, Vaud entrait dans «l’ère de l’impôt houleux», a dit Jean Tschopp (PS).

La cheffe du gouvernement, Christelle Luisier, a rejeté ces critiques. Il n’y a eu, selon elle, aucune précipitation. Elle a aussi insisté sur le fait que les mesures proposées par le gouvernement émanaient «de l’ensemble du Conseil d’Etat», et pas seulement de sa majorité de droite.

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