Une étude du cabinet d’audit révèle que seuls 12% des délits financiers sont identifiés par les systèmes de surveillance existants.
De nombreux défis attendent la place financière suisse face au crime organisé, au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, compte tenu de son importance internationale. Les clients, les médias et les autorités sont encore souvent à la base de la détection d’activités et de transactions financières criminelles, selon KPMG.
Les approches de surveillance actuelles des risques, des clients et des transactions sont insuffisantes pour les défis d’aujourd’hui, estime mardi le cabinet d’audit et de conseil en marge de la publication de son étude «Clarté sur la criminalité financière dans le secteur bancaire».
Ainsi, seuls 12% des délits financiers sont identifiés par les systèmes de surveillance existants. Pour 11% des intermédiaires financiers, l’une des principales difficultés rencontrées au cours des deux dernières années venait du nombre trop important de résultats positifs erronés dans les systèmes de surveillance.
«Les banques doivent reconnaître le besoin d’amélioration», estime Philipp Rickert, responsable des services financiers chez KPMG, cité dans l’étude. La recherche de moyens de collaborer avec les autres établissements ainsi qu’avec les autorités doit permettre de protéger la réputation et la santé de la place financière helvétique, souligne-t-il.
Dans 15% des cas criminels décelés, les instituts financiers concernés ont été informés d’abus ou d’activités suspectes par leurs clients. Les médias étaient responsables de clarifications ou de la détection d’un délit dans 13% des cas. Et dans plus d’un cas sur dix (11%), ce sont les autorités qui étaient impliquées dans une investigation.
Les banques peuvent progresser en matière de prévention et d’identification des activités financières criminelles. Une tâche néanmoins pas forcément évidente, alors que «les nouvelles technologies et les monnaies numériques font le jeu des criminels et que les flux d’argent transfrontaliers sont de plus en plus difficiles à retracer», selon KMPG.
La réglementation «ne produit qu’un effet réactif, car elle est à la traîne de l’évolution technologique», notent les auteurs de l’étude. Ils observent aussi que quelques banques présentent des déficits concernant leur approche des risques et leurs infrastructures informatiques.
Si 40% des banques ont investi dans du personnel supplémentaire et 38% dans l’infrastructure informatique, près de la moitié des intermédiaires financiers interrogés souhaitent toutefois d’autres investissements dans ces domaines.
Preuve que «les investissements réalisés n’aboutissent pas au résultat escompté», estime KPMG, qui conseille plutôt de se tourner vers le soutien technique et le renforcement du personnel en faisant appel à un savoir-faire externe.
La lutte contre la criminalité financière pourrait ainsi également être améliorée au moyen de l’intelligence artificielle des programmes de «compliance» (conformité).
De plus, à l’interne, une solide culture de conformité et un «ton adéquat de la direction» sont essentiels et doivent être accompagnés de sanctions effectives contre les collaborateurs qui enfreignent les directives. «Laisser impunis les collaborateurs qui ne se conforment pas aux règles sape la culture de compliance d’une entreprise», souligne KPMG.
Enfin, la qualité des déclarations au Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS) peut être augmentée. Si le nombre de communications s’est nettement accru entre 2016 et 2017, la qualité ne s’est guère améliorée, ce qui constitue un risque, avertit KPMG.
L’étude a été menées auprès d’une cinquantaine de banques suisses. Elles ont été interrogées notamment sur les enjeux dans la lutte contre le crime organisé et le blanchiment d’argent, ainsi que des conditions cadres réglementaires.