Suivi de Hermès par Bordier

Christophe Laborde, Bordier & Cie

2 minutes de lecture

Un bon premier semestre et un outlook attrayant sur 2018 sont tempérés par l’effet devises négatif sur la top line et l’incertitude liée au risque de guerre commerciale.

Hermès publie ce matin ses résultats pour le S1 2018. Ils sont excellents mais sans surprise, le groupe avait communiqué son CA fin juillet et déjà annoncé une marge record! Comme d’habitude, le groupe ne donne pas de guidance sur l’année, répète que la marge du S1 ne doit pas être extrapolée (Euro fort) et signale que la dynamique commerciale forte enregistrée en Chine ne montre aucun signe de ralentissement!

Pour rappel, le CA d'Hermès au S1 a progressé de +11,2%à changes constants et de +5.2% en publié, pour atteindre 2.85mia€. Il s’est distingué par une progression plus marquée qu'attendu au niveau de la croissance organique des ventes qui accélère par rapport au T1 (+11.6% vs +10.6%). L’effet négatif des changes s’élevant à -4.4% (appréciation de l’Euro). Le S1 a été très solide avec une contribution harmonieuse des différents métiers et zones géographiques. A noter que la Maroquinerie (+8%) a bénéficié d’une demande très forte, tant pour les classiques de la maison que pour les autres modèles (sacs Roulis, Lindy et Cinetic). La croissance de la Maroquinerie (50% ventes groupe) sera plus forte à partir du S2 grâce à l'augmentation des capacités de production (inauguration de la Manufacture de l'Allan en avril et lancement des maroquineries de Guyenne prévu à l'horizon 2020).

Le résultat opérationnel progresse de +5.8% à 985mio€, légèrement supérieur aux attentes (980mio€) avec une marge record de 34.5%, en hausse de 200pb dans la guidance donnée par le groupe grâce au succès des collections, aux gains de productivité des sites et à l'impact positif des couvertures de change. Le bénéfice net progresse de +17% à 708mio€.

Le cash flow opérationnel est solide atteignant un niveau de 849mio€ (+7%) et a pu financer les capex (120mio€), la distribution du dividende ordinaire (428mio€) et une légèrement augmentation du BFR. Seule, la distribution d’un dividende extraordinaire s’élevant à 521mio€ est venu diminuer la trésorerie nette de 6.8% à 2.713mia€ vs 2.912mia€ à fin 2017. !

En termes de perspectives et comme à l’accoutumée, le management ne donne pas d’objectifs chiffrés ni de guidance sur l’année. Il répète que la marge record du S1 ne doit pas être extrapolée en raison de l’impact des devises (Euro fort) et souligne que la forte dynamique commerciale enregistrée au S1 en Chine ne se dément pas tout comme les flux touristiques en Europe. A noter que 2018 verra l’ouverture de 8 magasins flagship Hermès vs 4 seulement en 2017. Dans le même temps, Hermès a démarré sa nouvelle usine de maroquinerie (2e du groupe) à Bordeaux pour mieux satisfaire la demande toujours grandissante pour ses sacs.

Ce bon premier semestre et un outlook attrayant sur 2018 sont tempérés par l’effet devises négatif sur la top line et l’incertitude liée au risque de guerre commerciale. Toutefois, la clientèle d’Hermès voyage beaucoup (flux touristiques) et sa dynamique commerciale va rester soutenue par la forte demande, l’offre accrue de ses produits et ses nouvelles capacités de production. Sur les années à venir la croissance des ventes va suivre la hausse des coûts de production (+6/8%) avec un léger levier sur la marge (innovation/hausses de prix) et un taux d’impôt plus modéré (mesures fiscales US/France) permettant d’enregistrer une progression des BPA de +10%. Compte tenu de fondamentaux très sains (pure play du luxe positionné très haut de gamme / cash net de 2.7mia€ / FCF > à 1mia€ par an /ROE > 20%), nous sommes confiants dans la capacité de la maison Hermès à préserver son exceptionnel profil de marges…des qualités qui en font un Core Holding.

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