Il n’est pas aisé d’accéder à l’ensemble des matières premières via un produit structuré coté à la SIX Structured Products. Parmi les 36 sous-jacents utilisés pour suivre ce secteur, une trentaine, au moins, sont des indices couvrant une matière première spécifique (sucre, pétrole, bétail ou gaz…). De plus, la plupart des produits consistent en des certificats trackers ou exchange-traded commodities (ETC). Aucun produit d’optimisation reposant sur un panier représentatif de l’ensemble des matières premières, tandis que les produits à levier concernant surtout les matières énergétiques.
«La plupart des produits structurés, et tout particulièrement les produits à long terme ou les exchange-traded note (ETNs) perpétuels, tendent à utiliser des indices comme sous-jacents, dans la mesure où cela exempt leurs promoteurs ou émetteurs d’avoir à fournir une méthodologie explicite de roulement des expositions aux futures du portefeuille sous-jacent», explique Dr. David-Michael Lincke, Head of Asset & Portfolio Management chez Picard Angst, contacté par Allnews. «De sorte que même les structures stipulant la réplication d’un sous-secteur ou d’une matière première individuelle se référeront toujours à un indice», poursuit l’expert de Picard Angst, membre buy-side de l’Association Suisse des Produits Structurés.
«Sa particularité consiste à appliquer un mécanisme quotidien de roulement d’une portion des contrats futures»
L’un des trackers les plus représentatifs du secteur et coté à la SIX est le certificat CDJCMU (ISIN CH0328369423) émis en décembre 2016 par UBS. Il réplique l’indice de roulement intelligent des échéances, soit l’UBS Bloomberg BCOM Constant Maturity Commodity CHF Monthly Index (UBS CM-BCOM). Sa particularité consiste à appliquer un mécanisme quotidien de roulement sur une portion seulement des futures, afin de minimiser les coûts associés aux roulements ponctuels des indices traditionnels. La stratégie consiste également à prendre position sur la portion la plus liquide de la structure à terme des contrats, afin d’éviter une trop forte concentration d’échéances courtes.
L’autre originalité de cet indice dynamique est qu’il contraste assez fortement avec deux autres grands indices de matières premières, à savoir le S&P GSCI Commodity Index et le Bloomberg Commodity Index, qui offrent tous deux un poids limité aux matières premières agricoles au profit de l’énergie. Soit un poids respectif de 4% et 7% contre 30% pour l’indice de maturité constante UBS CM-BCOM. Les métaux précieux y affichent pour leur part un poids conséquent de près de 20%. Ce qui explique, par ailleurs, la progression globale de plus de 5% sur les six derniers mois de l’indice UBS-BCOM, performance largement portée par les métaux précieux.
L’une des questions à laquelle est confronté l’investisseur consiste à déterminer quels segments du secteur des matières premières serait-il pertinent de surpondérer par rapport à un autre. Et à quel moment. Café, gaz naturel, jus d’orange? Ou est-il préférable de s’exposer de façon équilibrée ou équipondérée sur chacun des constituants du secteur? Ce qui semble certain, c’est que les thématiques seront nombreuses. Aussi bien au sein de l’énergie, des métaux précieux que des métaux industriels.
«Les vastes mesures de relance destinées au secteur immobilier en difficulté en Chine ont amélioré les perspectives économiques de l’économie chinoise et ont permis une amélioration sensible de l’ambiance sur les marchés des métaux industriels», souligne David-Michael Lincke. Au sein des métaux précieux, celui-ci ajoute que les principaux facteurs déterminants du prix de l’or ont «fondamentalement changé» au cours de ces dernières années.
«Les fournitures stratégiques feront augmenter les dépenses de défense à forte intensité de métaux et d’énergie»
«La demande institutionnelle est désormais dominée par les banques centrales, en particulier celles des marchés émergents, et la demande privée s’est durablement déplacée vers l’Asie, où l’or s’est imposé comme la forme privilégiée d’investissement sûr, notamment parmi les ménages chinois, en raison du manque d’alternatives depuis. le ralentissement du marché immobilier», explique David-Michael Lincke. Selon qui un certain nombre de facteurs structurels seraient susceptibles de favoriser la reprise cyclique actuelle des marchés des matières premières dans les années à venir.
Comme, par exemple, le manque d’investissement en capital au cours de la dernière décennie, qui limite la capacité de production. Mais également la transition énergétique entraînée par le changement climatique, qui multiplie les besoins en métaux de base. De même que l’augmentation des tensions et des risques géopolitiques, qui donnent lieu à une construction accrue de fournitures stratégiques. «Fournitures stratégiques qui font augmenter les dépenses de défense à forte intensité de métaux et d’énergie», précise David-Michael.
«Enfin, les développements actuels dans le domaine de l’intelligence artificielle ont également une influence positive, car ils s’accompagnent d’une demande énergétique extrêmement accrue, qui nécessitera une expansion accélérée des réseaux électriques pour les satisfaire», conclut l’expert basé à Pfäffikon.