Vers un tournant vert de la BCE?

Bastien Drut & Juliette Cohen, CPR AM

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Si la lutte climatique devenait vraiment l’un des éléments clefs de la politique d’achats de titres, les conséquences pourraient être significatives pour les marchés obligataires.

Depuis sa prise de fonction, Christine Lagarde a mentionné à de nombreuses reprises que la lutte contre le changement climatique faisait partie des priorités de son mandat de présidente de la BCE. L’implication des banques centrales sur ce thème est relativement récente (aux alentours de 2018 pour la BCE) mais Christine Lagarde a indiqué début juillet qu’il pourrait devenir l’un des éléments clefs de la politique d’achats de titres. Si cela était le cas, les conséquences pourraient être significatives pour les marchés obligataires. 

Pour la BCE, une prise de conscience récente

Jusqu’à récemment, le changement climatique était un sujet très peu abordé dans les discours des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE. Mais plusieurs discours ont été exclusivement consacrés à ce thème à la fin de l’année 2018, dont un discours marquant de Benoît Coeuré intitulé «Politique monétaire et changement climatique» le 8 novembre 2018. Ce discours a été important à bien des égards, en particulier car il a acté l’idée que l’horizon vers lequel le changement climatique aura un effet important sur l’économie s’est considérablement réduit, y compris pour les économies développées. Il y citait notamment les très faibles précipitations en Allemagne à l’automne 2018 et l’abaissement spectaculaire du niveau du Rhin qui s’en est suivi, qui a significativement pénalisé l’économie allemande. Pour Coeuré, cela justifiait donc l’intégration de ce risque dès que possible dans les éléments suivis pour établir la politique monétaire de la BCE. 

Dans ce discours, Benoît Coeuré assimilait les chocs climatiques à des chocs d’offre qui impliquent une croissance plus faible et une inflation plus élevée, ce qui donnerait théoriquement naissance à un dilemme pour les banquiers centraux entre la stabilisation de l’inflation et de la croissance. Pour le moment, la BCE n’a pas eu à faire face à ce type de chocs car les impacts des événements climatiques sur les niveaux de production et sur l’inflation n’ont été que temporaires et limités dans la zone euro. Cependant, une augmentation de la fréquence de ces événements pourrait les rendre plus forts et plus durables.

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