Une année record pour les rachats d’actions en Europe?

Thomas Planell, DNCA Invest

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Si les bonnes surprises continuent, les publications des entreprises pourraient entériner la meilleure saison de résultats depuis 2007.

©Keystone

Pour les entreprises exposées à l’international ou celles dont la rotation de l’actif n’est pas bridée par les restrictions sanitaires, les volumes d’affaires confirment que l’optimisme induit par les indicateurs macroéconomiques, notamment dans le secteur manufacturier, était de bon aloi.

Des performances qui contrastent avec l’activité dans les services

Malgré des signes de redressement, le secteur tertiaire a tout de même souffert du retour en confinement. C’est particulièrement vrai en Allemagne et en Italie où le PIB recule de 1,5% et 0,5% respectivement. Grâce à une gestion plus adaptative de l’épidémie, la France échappe de justesse au sort de ses voisins mais n’enregistre finalement qu’une croissance nulle. Toutefois, grâce à la traction de son industrie, une épargne disponible abondante et la montée en cadence des campagnes de vaccination, l’économie européenne pourrait être sur le point de dévoiler toute l’étendue de son potentiel au cours des prochains mois. 

Pour certaines directions financières, la situation est suffisamment
porteuse pour accélérer les investissements dans l’innovation.

Pour les grands groupes qui bénéficient déjà de cette reprise, les tensions financières ont presque déjà disparu. Quelques mois seulement après la crise, les bilans sont gorgés de cash: les liquidités disponibles représentent près de 15% des actifs des entreprises du Stoxx Europe 600, du jamais vu depuis 2002. Pour certaines directions financières, la situation est donc suffisamment porteuse pour accélérer les investissements dans l’innovation. Après BMW, Daimler a annoncé vouloir créer des milliers d'emplois afin de déployer non plus une offre automobile, mais une véritable plateforme logicielle avec chaque véhicule vendu. C'est aussi le sens donné par Volkswagen à sa stratégie en internalisant le design de ses puces de haute performance comme l’ont fait Apple et Tesla.

Des marchés persévérants

Pour d’autres, cette surface de disponibilités offre l’occasion de saisir des opportunités de croissance externe ou d’optimiser leur bilan. Reprise des dividendes, rachats de minoritaires, renforcement des parts de marché au travers d’acquisitions: les directions financières pourraient également débloquer 150 milliards d’euros pour réduire le nombre de leurs actions en circulation. Cela fait certes pâle figure face au gigantisme des programmes de rachats d’actions auxquels nous habituent les Etats-Unis, où à lui seul, le Groupe Alphabet s’apprête à racheter 50 milliards de dollars de ses propres titres. Mais en représentant un montant 25% supérieur à la moyenne des cinq années qui ont précédé la crise, ces options de rachat offrent une bouffée d’air frais aux marchés européens. Ces derniers persévérèrent dans leur revalorisation depuis le début de l’année, malgré un premier trimestre difficile sur le front économique. «Persévérance», c’est aussi le nom du rover de la NASA qui vient d’accomplir la prouesse de synthétiser de l’oxygène à partir du CO2 de l’atmosphère martienne!

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