Un rebond économique mondial

Sébastien Galy, Nordea Asset Management

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L’inflation va probablement augmenter avec la réouverture de l’économie vu son niveau très faible actuel (effet de base), mais les banques centrales vont probablement l’ignorer.

Grâce aux vaccins et à des dépenses publiques considérables, nous avons observé au premier trimestre les premiers signes de réouverture de notre économie mondiale. Nous prévoyons une relance économique mondiale encore lente au deuxième trimestre et une accélération au deuxième semestre. L’inflation va probablement augmenter avec la réouverture de l’économie vu son niveau très faible actuel (effet de base), mais les banques centrales vont probablement l’ignorer. Nous pensons qu’un environnement caractérisé par une relance de la croissance et des banques centrales en attente est favorable aux marchés émergents, surtout avec le redémarrage de l’économie chinoise et, au final, de l’économie indienne. Il y a évidemment un revers à cette médaille. Avec l’amélioration de l’économie mondiale, la crainte de voir disparaître les conditions monétaires ultra souples va revenir. Cette inquiétude provoquera un raidissement de la courbe des taux aux États-Unis et une pression sur les actions de croissance. Dans un tel environnement, le secteur des infrastructures cotées, les solutions flexibles et les obligations garanties tendent à réduire les risques d’un portefeuille typique.

Un certain optimisme en Europe

Le consensus économique vise une croissance de 4,3% de l’économie européenne en 2021. La vaccination progresse moins vite en Europe, et notamment en Allemagne, qu’aux États-Unis. Une amélioration de cette situation est à espérer avec l’arrivée d’un plus grand nombre de vaccins. Le train de mesures budgétaires adopté par l’UE face à la COVID-19 est également synonyme d’espoir pour la périphérie, en particulier le programme de 200 milliards d’euros destiné à l’Italie sous Mario Draghi. La BCE restera attentiste pendant longtemps, même en cas de poussée d’inflation au deuxième trimestre, et luttera contre toute forte hausse des taux souverains.

Rebond économique aux États-Unis

L’économie américaine devrait enregistrer une croissance d’au moins 5% en 2021. Néanmoins, avec un plan budgétaire de 1900 milliards de dollars aux  États-Unis, et un programme dont l’enveloppe pourrait atteindre 3000 milliards de dollars, la croissance pourrait bien surpasser le consensus. La question essentielle est de savoir si cette croissance aura un effet inflationniste suffisant pour pousser la Réserve fédérale à réagir. Ce débat devrait refaire surface régulièrement sur les marchés au cours des prochains mois, avec pour résultat une pression à la hausse de la courbe des taux des bons du Trésor américain. Notre hypothèse est que la Fed restera en attente jusqu’en 2023 et qu’elle commencera progressivement à diminuer ses achats d’obligations en 2022.

Rebond économique en Chine

La Chine connaît actuellement un certain fléchissement en raison d’une recrudescence des cas de COVID-19, qui devrait s’estomper par la suite. La politique budgétaire reste accommodante tandis que la consommation reste à la traîne, mais celle-ci devrait s’améliorer avec le resserrement du marché du travail. Les exportations se portent bien et devraient se renforcer encore grâce à l’augmentation de la demande mondiale. Les exportations de semi-conducteurs dans la région Asie-Pacifique, en particulier, devraient maintenir leur tendance haussière. Face à cette situation et au risque élevé sur le marché de l’immobilier et, dans une certaine mesure, sur le marché financier, la banque centrale va probablement augmenter ses taux d’intérêt de 20 points de base seulement au deuxième semestre, au moment où la croissance devrait se situer aux alentours de 8%. Le gouvernement devrait poursuivre son programme de réduction des risques dans l’immobilier et le système financier tout en suivant le plan quinquennal axé sur la technologie, les initiatives vertes et la consommation. Vu le risque de confrontation avec les États-Unis, on peut s’attendre à ce que la Chine intervienne moins sur son marché de change.

Conséquences pour l’investissement

Le regain d’activité économique en Chine et finalement en Inde peut s’exprimer par le biais des actions de la région Asie-Pacifique. Nous nous concentrons également sur le «social empowerment» (ou promotion sociale) au niveau mondial, une mégatendance soutenue par de multiples facteurs (économiques, sociaux et technologiques), tandis que les actions sont perçues comme une couverture partielle contre l’inflation. En cas de surchauffe de l’économie, l’infrastructure cotée mondiale devrait continuer de bénéficier des dépenses publiques en Europe et aux États-Unis. Il s’agit d’une classe d’actifs défensive, qui se négocie actuellement avec des décotes historiques et qui est fortement exposée aux tendances séculaires telles que le vieillissement des actifs, la décarbonation et la croissance des données, ce qui renforce encore son potentiel de croissance. Une courbe plus raide devrait aussi profiter à la dette financière européenne tandis que les obligations garanties offrent la sécurité, en particulier avec une duration courte.

Conclusion

L’environnement au deuxième trimestre devrait être généralement favorable aux actifs risqués, mais les craintes de poussées persistantes de l’inflation pourraient modifier ce scénario. Nous nous attendons à ce que cela provoque des pics de volatilité et des périodes de prévisions de croissance moindres. Il semble donc indiqué de détenir des solutions flexibles capables de s’adapter rapidement à l’évolution des circonstances grâce à une allocation d’actifs dynamique.

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