Trump est ressorti de sa tanière, mais pour combien de temps?

Clément Inbona & Olivier de Berranger, La Financière de l'Echiquier

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Le souvenir de l’élection surprise de 2016 ne doit pas pour autant nous faire oublier qu’il ne faut pas trop vite vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

Tout commence le 2 octobre lorsque le président américain annonce être porteur du Covid-19 et sa mise en quarantaine. Dès le lendemain, son transfert vers l’hôpital militaire Walter Reed résonne comme un coup de tonnerre pour celui qui a sciemment minimisé les conséquences sanitaires de la pandémie. Même si les rares informations sur son état se veulent rassurantes, son traitement basé sur une molécule encore en phase de test interroge sur la gravité de ses symptômes. A la surprise générale, 3 jours plus tard, D. Trump quitte l’hôpital pour s’isoler à la Maison Blanche. Si on se réfère aux vidéos diffusées sur Twitter, son état de santé physique semble au beau fixe. Le reste est une autre histoire. L’ours blessé sort des griffes agressives, tant et si bien que ses opposants proposent de mettre en place une commission d’enquête sur sa capacité à exercer le pouvoir. L’ours Trump semble troublé par une campagne qui lui échappe. Les vagues de sondages défavorables aux Républicains viennent se briser sur un président déjà fragilisé. Un raz de marée démocrate, désormais envisageable, pourrait donner aux Démocrates le pouvoir au Sénat, en plus de la Présidence et de la Chambre des Représentants...

Depuis sa sortie d’hôpital, D. Trump multiplie coups de sang et revirements. Après avoir annoncé fermer la porte aux négociations déjà laborieuses sur le plan de relance, il l’ouvre à nouveau quelques heures plus tard pour annoncer la mise en place de mesures ciblées sur les petites entreprises et les ménages fragiles. La décision du comité de campagne bipartisan de tenir de façon virtuelle le débat du 15 octobre a fait sortir le locataire de la Maison Blanche de ses gonds. Dans une campagne déjà pauvre en échanges directs avec le peuple, un revirement sur ce duel-ci ne se serait pas une surprise.

Pour autant, les marchés financiers semblent immunisés au caractère éruptif du Président américain. La volatilité des actions se replie d’ailleurs nettement depuis quelques jours, signe que la nervosité présidentielle n’atteint pas les investisseurs, probablement parce qu’une victoire démocrate nette et difficilement contestable devient de plus en plus crédible. Un tel scénario pourrait envoyer les bears – les «ours», appellation qui désigne les investisseurs pessimistes - en hibernation dès novembre, qu’ils soient des animaux politiques ou financiers. Mais le souvenir de l’élection surprise de 2016 ne doit pas pour autant nous faire oublier qu’il ne faut pas trop vite vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…

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