Swissquote défend le bitcoin face à Goldman Sachs

AWP

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Pour Chris Thomas, responsable des avoirs digitaux de la banque en ligne, le risque que présentent les monnaies virtuelles est correctement rémunéré.

Le responsable des actifs numériques de la banque en ligne Swissquote a sèchement répliqué à une présentation de Goldman Sachs niant au bitcoin sa qualité d’actif, en raison notamment de son importante volatilité. Sollicité vendredi par AWP, Chris Thomas a réaffirmé sa confiance dans ce nouveau type d’actif.

Selon lui, le risque que présentent les monnaies virtuelles - sensiblement plus élevé que les marchés financiers traditionnels - est correctement rémunéré. Il appelle toutefois les investisseurs à faire preuve de circonspection, considérant que pour un particulier, une part de 5% dans le portefeuille constitue déjà une exposition élevée.

«Du fait de leur petite taille, les marchés des cryptomonnaies ne conviennent pas aux acteurs de grande envergure, comme les fonds de pension», explique l’expert. Ce type d’actif est cependant tout-à-fait susceptible de figurer dans le portefeuille d’autres institutionnels, comme les fonds spéculatifs, les banques privées et les gestionnaires de fortune.

«La multiplication des investisseurs contribue à diminuer la volatilité de ces marchés et constitue un signe de normalisation de ce type d’actif», a poursuivi l’expert. A lui seul, le bitcoin représente environ deux tiers de l’ensemble du marché.

Mauvais service aux investisseurs

Dans son argumentaire, il a démonté point par point la critique de la part du colosse bancaire américain, qu’il a qualifiée de «très unilatérale, injuste envers la communauté crypto et un mauvais service rendu aux investisseurs de Goldman Sachs».

La banque new-yorkaise a adopté une posture extrêmement sceptique vis-à-vis du bitcoin dans une présentation fuitée la semaine dernière, affirmant que la première cryptodevise de la planète n’est pas une classe d’actif et qu’elle ne présente que peu d’intérêt en matière d’investissement.

«Le monde est en train d’assister à la constitution d’un nouveau type d’actifs», affirme au contraire Chris Thomas, en référence au bitcoin, mais aussi aux autres monnaies virtuelles qui sont «la force motrice derrière le changement de paradigme en cours».

«Goldman Sachs ignore les fondations solides de cette classe d’actifs émergente basée sur les principes cryptographiques, et un monde dans lequel beaucoup, voire tous les actifs seront tokénisés et leur négoce démocratisé», a-t-il ajouté.

Dans leur présentation, les experts de Goldman Sachs ont mis en avant l’extrême volatilité du bitcoin, qui a perdu en un seul jour 37% de sa valeur en mars dernier.

M. Thomas signale que de telles fluctuations ne sont pas l’apanage des cryptodevises, rappelant l’effondrement des cours du pétrole un mois plus tard, avec un prix du baril repassant sous les 40 dollars, alors même la banque américaine avait, pas plus tard qu’en décembre dernier, prédit à l’or noir un prix moyen de 63 dollars le baril sur l’ensemble de 2020.

Interrogé par le site spécialisé Decrypt, il a expliqué qu’il s’était senti obligé de répondre à un argumentaire fallacieux et insultant, soulignant que la posture de Goldman Sachs à l’égard des cryptodevises ne reflète pas forcément celle des grands instituts financiers, à la fois soucieux de maintenir une certaine continuité et conscients de la nécessité de s’adapter.

Intérêt dopé par le coronavirus

Quelque 18,5 millions de bitcoins sont en circulation à l’heure actuelle, pour un total plafonné à 21,0 millions. Selon l’expert de Swissquote, le maximum structurel devrait être atteint en 2040. En début d’année, un bitcoin s’échangeait autour de 7’300 dollars. Il en vaut aujourd’hui environ 9800, et pourrait refranchir la barre des 15’000 dollars d’ici fin 2020.

«La diminution du nombre de mineurs durant les prochains mois, ainsi que l’entrée dans le marché de nouveaux acteurs institutionnels vont probablement avoir une incidence positive sur la demande pour le bitcoin», anticipe M. Thomas. Près de 900 nouvelles unités sont créés chaque jour, un chiffre qui d’après lui devrait être divisé par deux d’ici 2024.

«Pendant la crise du coronavirus, on a assisté à un regain d’intérêt pour les cryptomonnaies de la part des particuliers forcés à travailler depuis leur domicile», a encore signalé le responsable, soulignant que les cryptodevises sont «de plus en plus importantes dans l’offre de produits financiers de Swissquote», sans toutefois fournir plus de détails.

Parmi les douze cryptodevises proposées par la banque en ligne, le bitcoin est pour le moment la plus stable, la plus volatile étant le chainlink, dont la cote a plus que doublé depuis le début de l’année, à 4,5 dollars.

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