Sexe, espionnage et haute trahison

Philippe Szokolóczy-Syllaba

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Affaire Brett Kavanaughty:  à défaut de savoir quel scénario prendra le dessus, il est légitime d‘assumer que les rebondissements ne manqueront pas. 

Vous aimez les histoires juteuses? Accrochez-vous, voici la version quasiment non censurée et parfaitement hypothétique, jusqu’à preuve du contraire, de la véritable machination, imaginée For Your Eyes Only, qui se joue derrière les décors de l’élection à la Cour Suprême de Brett Kavanaughty. Il est précisé que toute ressemblance avec la réalité ne serait que pure malchance, car elle me mettrait dans l’inconfortable position de devoir expliquer comment la fiction ressemblerait davantage à la réalité alors que les apparences militent manifestement à son encontre. Il va sans dire que je ne cautionne en aucune façon quelque version que ce soit et que je confesse d’entrée de jeu, afin d’éviter toute investigation du FBI, que je me suis déshabillé, en tout bien tout honneur, devant ma nounou dans les vestiaires de la piscine des Vernets à la fin des années 60. Et que je n’étais pas ivre, donc ne bénéficie d’aucune circonstance atténuante. D’un autre côté je ne postule à aucune position suprême de quelque ordre qui fasse!

Revenons à notre histoire juteuse: le Grand Schtrump a fait passer le National Emergency Act le 21 Décembre dernier[1], lui permettant de bloquer tous les biens de personnes identifiées par le Secretary of the Treasury, en consultation avec le Secretary of State et l’Attorney General comme responsables ou complices de corruption ou de violation sérieuses des droits de l’homme.

En mars 2018, le Grand Schtrump a également signé un executive order portant sur la modification du Manuel des Cours Martiales[2]. Cette disposition permet de poursuivre par devant un tribunal militaire les actes de trahison ou de collusion contre les USA et de faire arrêter les suspects par la police militaire. Plus besoin de passer par la police et par les tribunaux d’État dont les membres pourraient avoir été nommés par les administrations précédentes et ne pas être sensibles aux projets du Grand Schtrump. Le Pentagone ayant été généreusement doté dans le budget de cette année et répondant directement au Commandant en Chef des Armées, aka le Grand Schtrump, les risques de désobéissance seraient plus faibles.

La suite est simple, tout le monde au trou, de préférence à Guantanamo.

Pour s’assurer que les MSM (Main Stream Media) et les géants de l’internet ne lui sabordent pas son plan, le Grand Schtrump s’appuierait sur le  Assignment of National Security and Emergency Preparedness Communications Functions signé par Bourrick Au-Bas-Mot en 2012[3] lequel l’autoriserait à prendre contrôle de la presse, d’internet et des médias sociaux.

 Mais d’abord le Grand Schtrump doit faire élire Brett Kavanaughty à tout prix. Ce n’est qu’ainsi qu’il aura le soutien constitutionnel pour décréter une Situation d’Urgence lui permettant de faire passer la déclaration de Loi Martiale qu’il a préparée dans le plus grand secret et qui conférerait tous pouvoirs à la branche exécutive du gouvernement qu’il dirige.

Entretemps les documents du FBI et du DOJ dont le Grand Schtrump a ordonné la déclassification auront été publiés et auront étalé l’étendue de la participation active du gouvernement de Bourrick et des agences de renseignement dans l’obtention illégale des FISA warrants pour les écoutes téléphoniques du Grand Schtrump, dans la fabrication de toutes pièces du dossier de collusion avec la Russie et dans les faux témoignages, fuites auprès des médias de documents classés, etc....et j’en passe et des meilleures.

La suite est simple, tout le monde au trou, de préférence à Guantanamo qui a d’ailleurs été remise en état pour l’occasion.

En somme, un scénario que Ian Flemming n’aurait pas renié et qui ferait une excellente suite à House of Cards si Kevin Spacey n’avait pas préféré les jeunes éphèbes à la politique (à moins que ce ne soit son intérêt trop marqué pour les dessous de la politique qui ait conduit à ce que l’on exhume quelques histoires de mœurs gênantes pour s’assurer que le bien-pensant Netflix le raye de ses menus). Mais est-ce que pareil scénario a une chance de voir le jour ailleurs que dans un film?

Tout ce cirque juste avant les mid-term elections, quel timing étrange, non?

On aurait de la peine à le croire, bien évidemment. Pourtant, il est clair que certains membres de l’establishment démocrate semblent désespérés d’empêcher la nomination de Kavanaughty. Mais alors pourquoi une telle véhémence? Sans rentrer sur le terrain glissant de la question de l’éventuelle culpabilité ou innocence de Kavanaughty, il y a lieu de rappeler que si toute forme de violence sexuelle est inacceptable, le principe de la présomption d’innocence est consacré par la loi. On peut dès lors s’interroger sur les motifs qui poussent certaines personnes qui ne connaissent Kavanaughty ni des lèvres ni des dents à le condamner sans autre forme de procès alors que les nombreux témoignages de gens le connaissant, notamment de plusieurs dizaines de femmes, le décrivent comme un homme respectueux et honorable. S’il est entièrement possible que tous ces témoignages aient été fabriqués de toutes pièces, il ne peut être non plus exclu d’entrée de jeu que Kavanaughty soit effectivement un brave père de famille et que l’atteinte à sa dignité et à celle de sa femme et de ses enfants, lesquels doivent être enchantés de lire les détails des frasques présumées de leur mari et père étalées dans la presse, se révèle infondée. En fait, que cela plaise ou non, la loi stipule que Kavanaughty doit être considéré comme innocent jusqu’à preuve de sa culpabilité qui, si l’on s’en tient à un examen rigoureux de l’affaire, n’a pour le moment pas été apportée. Ce qui ne signifie pas qu’elle ne le sera pas un jour, mais encore une fois, je ne souhaite pas rentrer dans ce débat.

En revanche on devrait pouvoir affirmer sans être pris pour un immonde phallocrate, du moins je l’espère, qu’il est surprenant de constater l’acharnement des ennemis politiques du Grand Schtrump à salir la réputation de son candidat et qu’un tel déchainement plus de trente ans après les faits présumés ne peut être le fruit du hasard. Et que le fait que deux des plaignantes soient représentées par un cabinet d’avocats proche de la Fondation d’Hilare Y Boule (la compagne de Bill), lequel cabinet défend aussi les intérêts d’Andrew MaCabées, l’ancien deputy director du FBI disgracié, ne peut l’être non plus. Et tout ce cirque juste avant les mid-term elections, quel timing étrange, non?

 Il y a fort à parier que quelques démissions supplémentaires seront à l’ordre du jour.

Doit-on se réjouir de vivre à une époque qui saisit l’occasion de la nomination d’un juge pour laisser ressortir la souffrance endurée pendant des décennies par nombre de femmes dans une société qui a trop longtemps toléré certaines injustices et doit-on accepter que cette souffrance s’exprime au travers de l’humiliation d’un homme, indépendamment de la preuve de sa culpabilité, pour autant qu’il remplisse à satisfaction le rôle de bouc émissaire et de victime expiatoire non consentante? Doit-on tolérer que la présomption d’innocence soit bafouée pour satisfaire la vindicte populaire et la crainte du courroux des offusqués? Doit-on laisser faire cette honteuse récupération politique par des politiciens au comportement tout sauf impeccable et par une presse à leur solde? Si l’on découvre que Kavanaughty était effectivement coupable, tout cet étalage sera certainement considéré comme ayant été nécessaire dans un monde où la fin justifie les moyens. Au placard les principes, seul le résultat importe!

A défaut de savoir quel scénario prendra le dessus, il est légitime d‘assumer qu’il y aura encore moult rebondissements d’ici au 4 novembre. S’il est bien possible que personne ne finisse au bagne, il y a fort à parier que quelques démissions supplémentaires seront à l’ordre du jour, méthode qui a certes le mérite d’être plus soft pour procéder au nettoyage recherché. Qui sait, peut-être même que cette sinistre polémique n’aura eu d’autre but que de servir de terrain de test et de répétition avant la réelle offensive du Deep State qui consistera à exiger la destitution du Grand Schtrump, le moment venu.

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