Sélectionner activement les actions

Salima Barragan

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Cormac Weldon de Artemis déniche des sociétés sous-évaluées en dehors des indices principaux.

Portées par des vents favorables, les bourses américaines ont atteint des sommets historiques. Les performances des actions étaient principalement liées à une solide croissance des bénéfices. Peut-on s’attendre à une poursuite cette tendance? Pour Cormac Weldon, gérant de 3 fonds actions américaines chez Artemis, la toile de fond économique reste en place pour une poursuite à deux chiffres de la croissance des bénéfices. Pourtant, une sélection active des titres fera la différence.

Sur le front macro-économique, Artemis s’attend à un rythme de croissance de l’économie américaine de 3%. D’ailleurs, la nouvelle hausse, mercredi passé, de 25 points de base des taux d’intérêt directeur américain, atteste de sa bonne forme. Optimistes, les sociétés américaines ont augmenté leur capex (capital expenditure). Selon la société de gestion anglaise, les allégements fiscaux devraient stimuler la croissance des bénéfices de 10% supplémentaires, la portant ainsi à plus 20%.

«Les titres s’échangent entre 16 à 18x les bénéfices,
des niveaux raisonnables compte tenu des taux intérêt.»

Toujours est-il que les valorisations d’outre atlantique contrastent avec les européenne. Cependant, les price/earnings ne semblent pas excessifs suite à leur réévaluation depuis l’élection de Donald Trump. «Les titres s’échangent entre 16 à 18x les bénéfices, des niveaux raisonnables compte tenu des taux intérêt», nous explique Cormac Weldon. A cet égard, toute comparaison entre les P/E européens et américains est vaine. «Aux Etats-Unis, les P/E moyens sont plus élevés, car il y a davantage de valeurs de croissance sur ce marché. Les investisseurs sous-estiment l’impact de cette configuration typique au marché américain», explique le gérant qui table sur une performance du marché d’environ 10% sur les 12 prochains mois. Une performance, qu’il compte battre grâce à une sélection active des titres. «La gestion passive fournit aux investisseurs beaucoup d’opportunité, dans le sens où elle permet aux managers actifs de dénicher des société sous-évaluées en dehors de ces indices», explique-t-il. Selon le gérant, l’espace des petites et moyennes capitalisations recèle d’un plus grand potentiel haussier. 

Accumulation des titres «value»

Les valeurs de croissance ont offert des performances plus généreuses que celles dites «value». Mais Cormac Weldon a augmenté la part des dernières dans des secteurs comme l’énergie: «Ce secteur a été le gagnant de la hausse du prix du Brent. Or, il semble que le marché anticipe une baisse des cours. Mais nous ne sommes pas du même avis». Dans le secteur industriel, il a récemment acquis Delta Airlines, qui s’échange avec un multiple en-dessous de 10 x les bénéfices.

Dans l’allocation de son fonds US Equity, Cormac Weldon a commencé l’année avec une surpondération de 10% sur le secteur de la technologie. Progressivement, il a ramené son exposition à neutre. Il privilégie des sociétés comme Microsoft, qui malgré un profil de croissance, jouit de bons fondamentaux. «Sans dettes nettes, avec des liquidités abondantes à son bilan, Microsoft est un bon instrument financier», souligne le gérant.

Pour contrer les effets de la guerre tarifaire, les sociétés américaines avec un biais domestique tirent leur épingle du jeu. «Nous aimons les sociétés de chemin de fer comme Northfolk Southern, bénéficiaires direct d’une embellie économique et de la pénurie actuelle de chauffeurs de camions », explique-t-il.

Le secteur de la santé en évolution

Avec les deux programmes gouvernementaux, Medicare et Medicaid (pour la population la plus démunie), le secteur de la santé est en pleine mutation. Cormac Weldon y voit donc des opportunités sur un secteur jugé inefficient. «La santé consomme trop en termes de PIB», explique-il. Mais ces programmes vont forcer les entreprises de la santé à devenir plus effectives dans leurs coûts, tout en restant à la pointe de l’innovation. 

«Les assurances médicales, qui sont en phase de consolidation,
détiennent un plus grand pouvoir de négociation.»

«Avant, les pharmas pouvaient monter leurs prix, mais maintenant cela va devenir plus difficile. Aussi les assurances médicales, qui sont en phase de consolidation, détiennent un plus grand pouvoir de négociation», souligne Cormac Weldon qui a surpondéré les sociétés capables de réduire la facture de la santé. Axogen est un bon exemple. Elle fabrique des produits pour remédier aux lésions nerveuses avec des tissus humains. «Grace à son processus, un patient atteint de lésions peut être greffer avec les tissus d’un donneur. L’avantage de ce procédé pour les hôpitaux est de minimiser le temps nécessaire pour une opération, coupant ainsi les coût du bloc opératoire», explique le gérant.  

Alternativement, le gérant s’intéresse au marché du Cannabis pour des applications médicales avantageuses sur la médication traditionnelle. Ce marché ayant été récemment légalisé au Canada, il a profité de ce cette déréglementation pour investir dans la société canadienne Canopy growth. D’ailleurs, le brasseur canadien Constellation Brands en a fait de même, après avoir constaté que la légalisation avait entrainé une baisse du volume des ventes de bières.

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