Rallye possible sur les actions chinoises?

Nicolette de Joncaire

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«Le sentiment du marché dépend des tweets de Donald Trump... qui prépare d’abord sa réélection», estime Lilian Co d’Eric Sturdza Investments.

«En matière d’actions chinoises, tout est affaire de guerre commerciale», estime, sans surprise, Lilian Co, gérante du fonds d’actions chinoises d’Eric Sturdza Investments. L’impact des mesures tarifaires déjà en vigueur sur les quelques 200 milliards de produits affectés depuis l’an dernier reste encore gérable: «l’impact en est évalué à moins de 1% du PIB d’autant que le renminbi s’est déprécié de près de 10%». Si, dans un deuxième temps, l’administration Trump décide d’étendre la pression tarifaire à 300 milliards d’importations de produits chinois supplémentaires – à l’issue de la rencontre prévue les 28 et 29 juin entre les représentants chinois et américains à Osaka – la situation se tendra encore davantage.

Stimulus fiscal

«Ce n’est pas la fin du monde» estime Lilian Co. L’avenir de la Chine ne dépend pas des exportations vers les Etats-Unis. «Ce qui fait mal est le sentiment des marchés financiers et non l’impact économique réel». La Chine est en voie de compenser en partie l’effet négatif d’une hausse supplémentaire des tarifs douaniers américains grâce à sa politique de stimulus fiscal. Annoncée au premier trimestre et effective au 1er avril, la réforme de la TVA – coupe de 3% sur la TVA des produits manufacturiers et de 1% sur les services – stimulera la consommation locale. Il en sera de même de la réforme fiscale qui affecte les revenus les plus modestes. En cas de pression supplémentaire de la part des Etats-Unis, d’autres mesures seront envisagées pour contrer l’impact des tensions commerciales: sur l’immobilier – en levant les restrictions imposées à l’achat et les limitations au crédit – et sur l’industrie automobile, actuellement déprimée, mais qui représente 20% de la consommation domestique.  

 Le sentiment du marché dépend des tweets de Donald Trump
mais, au bout du compte, il prépare sa réélection.
Rallye possible en fin d’année?

Stimuler la consommation signifie potentiellement générer des résultats d’entreprise meilleurs qu’attendus. Les ventes au détail de mai ont continué de progresser (+8,6%) et les cours actuels des actions chinoises tiennent déjà compte de 80 à 90% des effets négatifs de la seconde phase de la guerre commerciale. Un rallye de fin d’année est-il envisageable? «Ce n’est pas impossible» explique Lilian Co. Le sentiment du marché dépend des tweets de Donald Trump mais, au bout du compte, il prépare sa réélection. Et rien ne lui ferait plus de tort qu’un retournement d’opinion du consommateur américain qui finira inévitablement par payer la facture. Si l’économie américaine est affectée par la guerre commerciale, le président américain reviendra à la table de négociations. Une récession n’arrangerait pas les affaires du champion d’America First.

Sortie de la tech chinoise

Le fonds géré par Lilian Co n’investit que dans les H-shares (cotées à Hong Kong). «Elles sont moins spéculatives et les entreprises sont mieux gérées que celles des A-shares» explique la gérante. L’approche est bottom-up avec un prisme macro et une recherche systématique des opportunités de valorisation. En seconde moitié d’année dernière, Lilian Co a fortement réduit ses positions sur la technologie (négociée à des multiples élevés) car «elle est au cœur du champ de bataille entre la Chine et les USA». Une excellente décision au vu du « bain de sang » qui a suivi. La consommation discrétionnaire reste le thème-cœur de la gérante avec une préférence pour les marques fortes qui maitrisent une part de marché solide. Hors consommation, la gérante surpondère l’immobilier – dont le prix reste sous-valorisé – et les petites et moyennes capitalisations dont les bénéfices peuvent croître de 20 à 30%.

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