Pourquoi la BNS devrait-elle investir dans le bitcoin

Stefan Höchle, Digital Asset Solutions

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Un comité d'initiative souhaite inciter la Banque nationale suisse (BNS) à investir dans le bitcoin. Cela fait sens.

 

Depuis décembre 2024, des initiateurs récoltent des signatures pour un référendum suisse sur «l'initiative Bitcoin». La proposition modifierait l'extrait de la Constitution fédérale (art. 99, al. 3) qui impose une réserve monétaire en or. En outre, la BNS devrait détenir une partie des réserves en bitcoin. Le délai de collecte court jusqu'à fin juin 2026. Indépendamment de l'initiative, la Banque nationale devrait toutefois envisager d'investir dans l'or numérique.

Une petite allocation fait de grandes choses

La présidence de la BNS est généralement d'avis que le bitcoin est trop volatil pour être investi par la banque centrale suisse. Pour les gestionnaires de portefeuille, la volatilité ne devrait toutefois pas être un critère d'exclusion. Le risque est plutôt géré par la pondération d'un investissement. Ainsi, les positions individuelles dans des valeurs technologiques américaines présentant une volatilité similaire à celle du bitcoin représentent jusqu'à 6% du portefeuille total de la BNS. Au total, la Banque nationale est exposée à près de 30% à ce secteur. 
En conséquence, une petite pondération de 1% en Bitcoin n'aurait pas d'impact significatif sur la volatilité globale. L'impact sur le rendement ne devrait toutefois pas être sous-estimé. Sur les cinq dernières années, cette allocation minimale au bitcoin dans un portefeuille classique 60/40 aurait entraîné une augmentation de 12,2% du rendement total (de 38% à 50,2%). En revanche, la volatilité annuelle n'aurait augmenté que de 0,2%. Cela rend l'actif numérique extraordinairement attractif du point de vue du risque vs. du rendement.

Performance sur 5 ans d'un portefeuille 60/40 avec (en violet) et sans (en bleu) allocation Bitcoin de 1% / 

Source: Digital Asset Solutions AG

Éviter les erreurs du passé

Depuis des décennies, la BNS est l'un des plus grands détenteurs d'or au monde. Cependant, dans les années 2000, la Banque nationale a vendu environ 1'300 tonnes d'or - la moitié de ses réserves - à un prix moyen d'environ 400 dollars l'once afin de se diversifier dans d'autres monnaies étrangères. Au prix actuel de 3'280 dollars l'once, la banque a raté plus de 130 milliards de dollars de plus-value. Cette décision est largement considérée comme une erreur stratégique.

Le bitcoin remplit bon nombre des caractéristiques qui font de l'or une réserve de valeur appréciée: Rareté, indépendance et décentralisation. C'est pourquoi les États-Unis ont déjà commencé à accumuler une réserve stratégique. La Suisse aurait désormais la possibilité de profiter de cette classe d'actifs émergente. Dans le cas contraire, la BNS risque de répéter les erreurs du passé.

La Banque nationale détient déjà indirectement du bitcoin

La Banque nationale suisse reproduit le marché des actions sur la base d'un indice en fonction de la pondération du marché. Dans le cadre de cette stratégie, la banque détient des actions de l'entreprise américaine de logiciels Strategy (anciennement MicroStrategy) pour un montant de 150 millions de dollars US. La particularité de cette entreprise est qu'elle est considérée depuis quelques années comme un investissement par procuration dans le bitcoin. Avec des obligations, Strategy se procure des capitaux extérieurs à des conditions avantageuses afin d'augmenter ses stocks de bitcoins. Entre-temps, l'entreprise détient des bitcoins pour une valeur de 52 milliards de dollars et fait partie de l'indice technologique américain NASDAQ-100. 

Ces investissements par procuration comportent toutefois des risques supplémentaires. Les gestionnaires de patrimoine devraient donc envisager d'investir directement dans des actifs numériques, dans le meilleur des cas via un véhicule diversifié. Cela vaut pour tous les types d'investisseurs professionnels, des banques nationales aux petits family offices en passant par les sociétés de gestion de fortune.

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