A la lumière des nouveaux droits de douane américains et du ralentissement de la conjoncture aux Etats-Unis, les marges de manœuvre en matière de politique monétaire en Europe reviennent de plus en plus au centre de l’attention. La Banque centrale européenne (BCE) pourrait abaisser son taux directeur le 17 avril prochain – et ce, malgré le chaos tarifaire mondial.
Felix Schmidt, senior economist chez Berenberg, anticipe une baisse de taux de 25 points de base et explique pourquoi, à l’inverse de la Réserve fédérale américaine (Fed), la BCE dispose actuellement d’un plus grand espace d’action:
«La BCE peut se permettre d’abaisser à nouveau son taux directeur de 25 points de base lors de sa réunion du 17 avril. En effet, le taux d’inflation sous-jacente dans la zone euro s’est établi à 2,4% en mars 2025, soit un niveau déjà proche de l’objectif des 2% fixé par la BCE. En outre, à moyen terme, le chaos tarifaire aux Etats-Unis devrait exercer une pression désinflationniste plutôt qu’inflationniste en zone euro. Les produits chinois, redirigés vers l’Europe en raison des droits de douane élevés imposés par les Etats-Unis, intensifient la concurrence et contribuent à la baisse des prix dans la région.»
De plus, le prix du pétrole a récemment reculé en raison des inquiétudes liées au ralentissement économique mondial provoquées par les décisions de Donald Trump, tandis que l’appréciation récente de l’euro face au dollar réduit le coût des importations dans la zone euro. Par ailleurs, Bruxelles privilégiera dans un premier temps la voie des négociations avec Washington. Aucune mesure de rétorsion tarifaire – qui renchérirait les importations américaines – n’est prévue pour l’instant. Tandis qu’aux États-Unis, les droits de douane généralisés entraînent des hausses de prix qui limitent les marges de manœuvre de la Fed, la BCE bénéficie, quant à elle, d’une latitude lui permettant d’atténuer les effets négatifs sur la conjoncture via un assouplissement de sa politique monétaire.