Sans que personne n’en parle et alors que tout le monde se focalise sur l’évolution du cours de l’or, le prix du palladium a touché en fin de semaine passée un plus haut historique laissant penser qu’une bulle serait en train de se former sur ce métal. Nous pensons que le platine peut suivre la même tendance tout en étant moins risqué. Quelles sont les raisons, que faut-il en penser et quelles sont les opportunités d’investissement?

Alors que des signes d’apaisement commercial entre Washington et Pékin paraissent de plus en plus évidents, les prix du palladium, contrairement à ceux de l’or, ont atteint un sommet sans précédent en fin de semaine dernière, en raison des inquiétudes suscitées par la rareté des stocks de ce métal, d’éventuels problèmes de main-d’œuvre dans les mines sud-africaines et d’un violent mouvement de spéculation.

Fin mars dernier, le directeur général du groupe minier Anglo American, producteur de palladium, avait déjà prévenu que le produit connaissait «une bulle». Nous pensons ici qu’il y a une alternative d’investissement – que nous avions déjà mis en avant il y a plusieurs mois de cela – qui continue à faire aujourd’hui sens: le platine.

Dans la hiérarchie des métaux précieux, s’il est un métal qui peut détrôner l’or, c’est bien le platine. 30 fois plus rare que l’or, il est synonyme de luxe, de raffinement et d’amour éternel. Sa rareté ainsi que sa longévité expliquent notamment son prix plus élevé. Sa première utilisation connue fut sur celle du cercueil de Thèbes dans l’Égypte ancienne. Les populations indigènes d’Amérique du Sud utilisaient également du platine pour la fabrication de bijoux. Cependant réduire l’utilisation du platine à la joaillerie serait aller trop rapidement en besogne.

Le platine se classe 57^e en abondance parmi les éléments de la croûte terrestre. On le trouve à l’état natif sous forme assez pure ou allié avec d’autres métaux. Il est parfois un sous-produit de certaines mines de nickel et de cuivre. La plupart du platine utilisé aujourd’hui provient d’Afrique du Sud ou de Russie.

Plus lourd et plus résistant que l’or, le platine dans des quantités très faibles aide aujourd’hui à la fabrication de médicaments anticancéreux et aussi dans la manufacture d’électrodes pour les bougies d’allumage de voitures. Avec une demande industrielle plus importante que pour l’or, le marché d’investissement du platine est beaucoup plus réduit. Passage en revue.

Les catalyseurs

Chaque année la plus grande utilisation du platine est dans le secteur automobile, pour la réduction des émissions toxiques des moteurs à combustion par le biais de convertisseurs catalytiques. Plus de 40% de tout le platine utilisé en 2018 a servi à diminuer les émissions dans les pots catalytiques de voitures diesel. La volonté mondiale de réduire encore plus les émissions verra probablement une croissance de l’utilisation du platine.

Avec les économies géantes comme la Chine et l’Inde qui mettent à jour leurs réglementations, en adoptant les standards Euro 5 et en passant aux nouvelles règles de l’Euro 6, certains analystes prédisent que le marché mondial des convertisseurs catalytiques pourrait croître de 47% jusqu’en 2021, pour atteindre une valeur de 55 milliards de dollars.

On estime que l’industrie automobile consomme près de 43% des ressources mondiales de platine.

La bijouterie

Utilisé dans la bijouterie, il offre l’avantage d’être plus rigide que les autres métaux précieux, un créateur peut donc réaliser des bijoux composés jusqu’à 96% de platine pur. De teinte blanche, le platine dispose de nombreuses propriétés fortement appréciées des bijoutiers. Très résistant à l’abrasion et aux frottements, un bijou composé essentiellement de platine est dit éternel.

Son usage reste réservé aux bijoux de grande valeur qui seront le plus souvent ornés de pierres précieuses comme le diamant, l’émeraude ou le rubis. Toutefois, le platine présente quelques inconvénients. D’une part, il est moins fluide que les autres métaux précieux. Ce manque de fluidité diminue sa capacité à remplir les sections les plus fines d’un bijou lors de la coulée. Il faut donc en tenir compte durant l’élaboration du design du futur bijou.

D’autre part, la formation de porosité est assez courante pendant la coulée. Ceci est dû au fait que l’alliage est constitué de certains éléments chimiques qui se vaporisent sous l’effet de la chaleur.

La santé

Des quantités minuscules de platine sont présentes dans les médicaments antinéoplasiques, qui aident à stopper la croissance des tumeurs en bloquant l’ADN des cellules cancéreuses. Si le nom du médicament comprend «platin», il est fort probable qu’une quantité du métal précieux y soit présente. Ils sont en général efficaces contre le cancer du testicule, améliorant le taux de guérison de 10 à 85%. Cette forme de chimiothérapie utilise environ ¾ de tonne de platine chaque année.

Le platine est plus résistant et est donc plus approprié aux connexions et fils dans les implants comme les pacemakers, les protégeant contre la corrosion des acides du corps. Les estimations indiquent que plus de cinq tonnes de platine vont dans les produits biomédicaux chaque année.

Près de 80% d’entre eux sont pour des traitements prouvés (comme les pacemakers et les fils-guides pour mettre en place les cathéters) et le reste pour de nouveaux instruments destinés à la neuromodulation (pour aider à contrôler la douleur et les dysfonctionnements neurologiques) et les endoprothèses (tubes pour écarter les artères et améliorer la circulation sanguine).

Sous sa forme métallique, le platine ne pose pas de problème de santé. Ses sels, en revanche, peuvent avoir des conséquences importantes sur l’organisme, comme l’altération de l’ADN, l’apparition de cancers, des réactions allergiques ou des problèmes d’audition. De plus, les intestins, les reins ou la moelle osseuse peuvent être atteints.

L’industrie

L’industrie chimique utilise une quantité significative de platine ou d’alliage platine-rhodium sous forme de gaze (filet fin) pour catalyser l’oxydation partielle de l’ammoniac pour produire de l’oxyde nitrique, qui entre dans la composition d’engrais, d’explosifs et de l’acide nitrique.

Des catalyseurs au platine sont utilisés dans le raffinage et la transformation du pétrole, ainsi que dans d’autres processus de la production d’essence et de composés aromatiques dans l’industrie pétrochimique. Les composés du platine biodisponibles étaient très rares dans la nature. Mais ils sont maintenant produits en grandes quantités par l’industrie et largement répandus dans l’environnement, notamment via l’incinération, l’épandage de boues d’épuration et lors du vieillissement des pots catalytiques.

Pétrole

Le platine est vital pour l’approvisionnement mondial en pétrole. Sans lui, les raffineries de pétrole ne pourraient pas produire assez de carburant pour satisfaire la demande. Des catalyseurs de silice ou d’alumine sont couverts de platine.

Ceux-ci aident au processus chimique pour transformer des naphtes de faible octane en gasoil, diesel, gazoline et carburant de réacteurs, cassant les grosses molécules d’hydrocarbone en des structures plus petites et reformées. Les économies des pays développés de l’OECD consomment par jours 32 millions de barils de ces liquides.

Les effets du platine sur l’environnement et les animaux n’ont pas encore fait l’objet de recherches intensives. On sait toutefois que le platine s’accumule dans les racines des plantes après avoir été absorbé sans avoir établi clairement si le fait de manger les racines des plantes contenant du platine était nocif pour les animaux ou l’homme. Les micro-organismes peuvent être capables de transformer les composés du platine en substances plus dangereuses dans les sols, mais sur ce sujet aussi l’information est limitée.

À la recherche de nouveaux investissements dans les métaux, le platine pourrait renaître de ses cendres et recapturer l’attention des investisseurs en lieu et place du palladium…