Taux d’intérêt américains: une hausse quasi certaine

John Plassard, Consultant pour Mirabaud Securities chez Cambridge Securities

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La baisse du taux de participation au marché du travail ne suffit à pas remettre en cause les prochaines hausses de taux d’intérêt américains.

Les chiffres de l’emploi du mois d’août aux Etats-Unis sont très positifs. Selon le Département du Travail, l’économie américaine a créé 201'000 emplois non agricoles le mois dernier, soit 21'000 de plus que ce qui était attendu par le consensus. Cette création de nouveaux emplois est continue depuis maintenant 95 mois, soit près de huit ans. Il est cependant intéressant de souligner le fait que, ces sept dernières années, les chiffres de l’emploi pour le mois d’août ont été inférieurs aux attentes du consensus (tout comme ceux du mois de janvier). L’inversion observée cette année serait-elle une manifestation de l’effet «Trump»? Rien n’est moins sûr.

Les créations de postes non agricoles des mois de juin et juillet avaient été révisées à la baisse, passant de 248'000 à 208'000 pour juin et de 157'000 à 147'000 pour juillet, soit un recul total de 50'000 postes sur deux mois.  Au cours des trois derniers mois, les Etats-Unis ont créé en moyenne 185'000 emplois par mois, ce qui représente une légère accélération par rapport à la moyenne mensuelle de 2017, laquelle s’établissait à 182'000. 

Par secteur, le mois d’août a été globalement positif,
sauf pour le segment manufacturier.

Le taux de chômage s’est inscrit à 3,9% en août, sans changement par rapport au mois précédent. Bien que le consensus ait tablé sur un taux de 3,8%, le niveau actuel est tout de même proche de celui de 2001. De plus, la bonne nouvelle vient des emplois à mi-temps qui ont retrouvé leur niveau de 2007, ce qui implique que la situation de l’emploi tend à redevenir plus «saine».

La seule mauvaise nouvelle vient du taux de participation au marché du travail qui a reculé de 0,2 points pour s’établir à 62,7%, ce qui le ramène à son niveau de mai 2018. Cependant, pour dépasser le seuil des 63%, il faut remonter à l’année 2014. 

En ce qui concerne l’évolution de l’emploi par secteur, le mois d’août a été globalement positif, sauf pour le secteur manufacturier qui a perdu 3000 postes. Mais il en a néanmoins gagné 254'000 depuis le début de l’année. Sur cette période, les gains les plus importants ont été observés dans les secteurs suivants: services professionnels et commerciaux (+519'000 postes), santé (+301'000),  construction (+297'000) et  commerce de gros (99'000).

Les banques, les télécoms et les fournisseurs
de services aux collectivités sont à surveiller.

La progression de l’emploi s’est accompagnée d’une hausse du revenu horaire moyen. Pour les salariés du secteur privé non agricole, il a atteint 27.16 dollars ce qui représente une croissance annuelle de 2,9%. Or, il faut revenir à juin 2009 pour observer une progression identique. En termes de croissance mensuelle, le taux pour le mois d’août s’établi à 0,4%, soit nettement au-dessus du consensus qui tablait sur 0,2%. 

Ces bonnes nouvelles ont amené les investisseurs à réagir diversement selon les marchés. Les indices boursiers américains ont connu une baisse liée au fait qu’il faut «vendre sur les bonnes nouvelles». L’or et le pétrole ont également été orientés à la baisse alors que le dollar se renforçait que le rendement des bons du Trésor américains à 10 ans enregistrait une forte hausse. Dans ce contexte, les banques, les télécommunications et les fournisseurs de services aux collectivités (utilities) sont à surveiller.

Globalement, compte tenu des chiffres de l’emploi très positifs au mois d’août, la baisse du taux de participation au marché du travail n’est pas en mesure de remettre en cause les prochaines hausses de taux d’intérêt, que ce soit celle de septembre ou celle de décembre prochain. Selon l’outil FedWatch de CME Group, la probabilité que la banque centrale américaine (Fed) relève ses taux à l’issue de sa prochaine réunion, dans une fourchette qui va de 2 à 2,25%, est estimée à 99%!

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