Plus grande dépendance aux liquidités plutôt qu’aux fondamentaux

Cédric Özazman, Nicolas Besson et Marco Bonaviri, REYL & Cie

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Le marché japonais des actions semble plus attrayant. Surfez sur la vague de liquidité pour l'instant.

L’année 2019 a été exceptionnelle pour les actifs à risque, avec la montée vertigineuse des indices boursiers qui ont enregistré des gains supérieurs à 20% dans presque toutes les régions, et soulignons la performance particulière du Nasdaq en hausse de 35%. Les craintes de récession de janvier 2019 se sont atténuées lorsque les banques centrales ont revu leurs politiques monétaires, passant d'une politique stricte à une nouvelle série d'actions ultra-accomodantes, notamment en Europe où la BCE a relancé un programme d'assouplissement quantitatif (QE) de 20 milliards d'euros d'achat d'actifs par mois. La Fed a également participé aux injections de liquidités en ajoutant des milliards de dollars sur le marché des pensions sur une base mensuelle, même si elle s'abstient de l'appeler QE. De plus, à la fin de l'année dernière, deux grandes incertitudes géopolitiques se sont dissipées lorsque les États-Unis et la Chine se sont mis d'accord sur un accord de première phase et que les craintes d'un Brexit dur ont été considérablement réduites après la victoire de Boris Johnson aux élections britanniques.

Les indicateurs macro-économiques sont-ils responsables de la hausse des marchés des actions?

Nous avons certes constaté une certaine amélioration de marges. En Europe, il semble que la dynamique soit de plus en plus positive, comme le souligne l'indice macroéconomique surprise de Citigroup, qui est passé d'un niveau négatif de -80 en octobre de l'année dernière à 43. Néanmoins, nous devons garder à l'esprit que la croissance du PIB dans la région a été ramenée à 1,2 % (selon Bloomberg) et que l'activité manufacturière reste dans le marasme, avec un indice PMI de 44,6, bien en dessous du point neutre (50). Cette évolution négative affecte lentement l'économie allemande ainsi que le marché du travail, comme le montre la dernière variation du chômage (+8k).

La croissance du bénéfice par action (BPA) des entreprises est-elle liée à l'augmentation des actifs à risque?

La réponse est non. En effet, nous avons assisté à un fort ralentissement des bénéfices en 2019 dans différentes régions, allant d'une croissance négative dans les marchés émergents (-9%) à une faible croissance d'environ 2% en Europe. Par conséquent, près de 100% de la prévision des prix du marché de 2019 a été alimenté par une expansion multiple.

Quelle a donc été le principal moteur à l'origine d'une telle hausse des actifs à risque?

Selon nous, les injections de liquidités et la politique accommodante des banques centrales ont été le principal moteur des rendements solides des actions. Si l'on se base sur l'indicateur mondial de la masse monétaire de Bloomberg le tableau est clair : en 2018, le retrait de liquidités a été préjudiciable au S&P 500, alors qu'en 2019, c'est le contraire qui s'est produit, c'est-à-dire qu'une forte augmentation de la masse monétaire globale a expliqué les solides rendements.

2019 a été l'année du soulagement, car de nombreux investisseurs craignaient que le pire soit encore à venir, à savoir une récession mondiale. 2020 doit donc être l'année de concrétisation, car les bénéfices et les données macroéconomiques ne peuvent pas décevoir, étant donné le niveau élevé des attentes. Nous vivons dans un nouvel environnement où la dépendance à l'égard des liquidités est plus importante que celle à l'égard des fondamentaux, et ce découplage ne peut pas durer éternellement, car les réserves des banques centrales sont de plus en plus limitées.

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