Au cours des 25 prochaines années, la prochaine génération - comprenant les Millennials et la Gen Z - va hériter de 124’000 milliards de dollars, dont 18’000 milliards de dollars devraient être investis en philanthropie*. Ce transfert historique de patrimoine entre générations promet de bouleverser le secteur philanthropique. A cela s’ajoute une nouvelle génération d’entrepreneurs qui portent un regard neuf sur la réussite et la richesse.

Découvrez cinq grandes tendances que nous observons chez nos jeunes clients, qui ouvrent des perspectives inédites pour la philanthropie.

Une philanthropie entrepreneuriale pour maximiser l’impact

Pour la nouvelle génération, philanthropie et action vont de pair. Loin des dons passifs ou d’une posture de charité, les Millennials et la Génération Z veulent s'impliquer directement dans les projets qu'ils soutiennent. Leur objectif est de comprendre en profondeur les problèmes sociaux et environnementaux pour contribuer efficacement à leur résolution, avec des indicateurs d'impact concrets sur le terrain. Cela se traduit par une philanthropie «hands on», où l'engagement personnel est aussi important que le soutien financier.

Ainsi, la Next Gen adopte une approche entrepreneuriale de la philanthropie, se positionnant en tant qu’acteur du changement: elle cherche à investir dans des initiatives qui offrent des solutions concrètes et mesurables en intégrant par exemple des concepts tels que le retour sur investissement social.

Le don est ainsi envisagé comme une forme d'investissement qui finance des domaines que les pouvoirs publics ne couvrent pas. Cette stratégie implique souvent une prise de risque que ces philanthropes sont prêts à assumer pour apporter des solutions aux problèmes sous-jacents, plutôt que de simplement soulager les symptômes.

Des modèles hybrides d’engagement, entre philanthropie et investissement

La nouvelle génération contribue à redéfinir le paysage de l’engagement au sens large et explore sans réserve les modèles hybrides entre philanthropie et investissement. L’entreprise et les moyens financiers sont vus comme des outils à mettre au service d’objectifs sociaux et environnementaux.

Du côté des entrepreneurs, l’entreprise est vue comme un levier d’engagement avec des démarches audacieuses de mission sociale, d’engagement au cœur même du business model et pour certains de dépossession du capital par ces jeunes dirigeants à travers des fondations actionnaires.

Côté investissements, qu’ils se tournent vers le Private Equity à impact pour lequel l’offre de marché est désormais étoffée ou vers des approches de blended finance, les jeunes générations naviguent avec aisance entre les différentes formes de capital et inventent leur propre alignement.

La force du collaboratif: constituer des coalitions et réinventer les relations partenariales

Face à l’ampleur des défis sociaux et environnementaux, et dans une conscience aiguë de l’urgence à agir, ces jeunes philanthropes ont conscience que travailler de manière isolée est insuffisant. Ils misent sur la force du collectif en constituant des coalitions et des collaborations inédites pour mutualiser les ressources et créer des synergies.

De plus, ils ont tendance à remettre en cause les dynamiques de pouvoir parfois inégales entre mécènes et bénéficiaires. Les organisations partenaires sont ainsi valorisées dans leur rôle d’expert terrain. Un dialogue fondé sur la «philanthropie de confiance» s’établit, où ces jeunes mécènes adoptent une posture de partenaires engagés, dédiés à la réussite des initiatives qu'ils soutiennent, à l’écoute des professionnels et des personnes concernées.

Biodiversité et régénératif au cœur des préoccupations

Plusieurs études montrent que les moins de 40 ans placent le changement climatique au premier plan de leurs préoccupations. En 2022, cette génération a consacré plus de 80% de ses fonds philanthropiques au financement de recherches sur l'agriculture durable et au soutien de projets de préservation de l’environnement, cherchant à endiguer voire inverser les dommages causés par l'activité humaine.

Les plus passionnés et investis dans cette cause parviennent, pour certains, à mobiliser leurs parents autour de convictions et d’actions pour un futur durable. Cette dynamique intergénérationnelle permet de consacrer des ressources de plus en plus importantes pour la philanthropie environnementale.

Digitalisation et intelligence artificielle

Les jeunes générations sont particulièrement enclines à explorer les intersections entre Intelligence artificielle, digital et philanthropie. Cela peut prendre plusieurs formes, d’abord en finançant des projets de transformation digitale auprès d’organisations bénéficiaires. Les outils numériques et l’intelligence artificielle sont ainsi vus comme un levier pour collecter et analyser des données qui favorisent la compréhension des besoins sur le terrain et le suivi de l’usage des fonds avec plus de transparence. Ils peuvent aussi permettre d’amplifier la portée/diffusion des narratifs d’une cause auprès des réseaux sociaux.

Conscients toutefois des défis liés à l'intelligence artificielle, ces nouveaux mécènes se mobilisent. Qu’ils cherchent à endiguer les dérives du cyber-harcèlement ou plus largement à comprendre les interactions entre IA, démocratie et médias pour investir ces champs, ils sont partie prenante d’une utilisation éthique de l'IA.

En conclusion, même si la nouvelle génération de philanthropes bouscule les schémas établis et que de grandes tendances se dessinent, elle ne constitue une communauté uniforme. Chaque philanthrope a à cœur de faire une différence à travers son engagement et d’inventer son propre modèle aligné avec ses valeurs et sa vision du monde. Le sur-mesure dans l’accompagnement reste de mise.

Sources: 
* The Cerulli Report—U.S. High-Net-Worth and Ultra-High-Net-Worth Markets 2024
https://www.unige.ch/philanthropie/recherche-et-publications/recherche/ai-and-philanthropy