Perspectives positives pour les Event-driven européennes

Philippe Ferreira, Lyxor Asset Management

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Ces stratégies sont soutenues par la multiplication des catalyseurs, ainsi que par l'intérêt accru des investisseurs pour les opportunités «deep-value».

Après une pause au début de l'année dernière en raison de la pandémie, la plupart des indicateurs affichent une accélération des opérations sur titres en Europe. Le nombre de fusions-acquisitions et de ventes d'actifs s'envole, et chaque mois voit son lot de nouvelles introductions en Bourse, de scissions ou de créations de SPAC. La hausse des flux du capital-risque, des rachats hostiles et des LBO témoignent d’une plus grande audace. Du côté des dirigeants d'entreprises et des investisseurs dans l'UE, l'humeur est aussi au beau fixe.

Ce sont surtout les taux de financement intéressants, le soutien des banques
et l'appui des pouvoirs publics qui ouvrent de nombreuses opportunités. 

Certains indicateurs précoces laissent supposer que cette tendance n'est pas terminée au vu du nombre d'assemblées générales extraordinaires (où sont décidées les opérations sur titres) et des liquidités non déployées des investisseurs en private equity. D'après les estimations, les véhicules de LBO européens auraient à disposition 240 milliards de dollars de capitaux. En un mot, l'activité des opérations sur titres dans l'UE devrait être soutenue en 2021.

Les facteurs cycliques sont bien orientés 

L'accroissement récent des rachats est dû en partie aux opérations bloquées l'an passé en raison des incertitudes économiques ou de la mise à l'arrêt des procédures de due diligence. Mais ce sont surtout, les taux de financement intéressants, le soutien des banques cherchant à redéployer des capitaux et l'appui des pouvoirs publics, soucieux que les liquidités se transmettent à l'économie réelle, qui ouvrent de nombreuses opportunités. 

Les valorisations restent bon marché en Europe, tandis que la hausse des actions et l'embellie des perspectives de l'économie et des bénéfices amplifient la quête de rendement parmi les investisseurs. La volatilité qui émanait auparavant de la guerre commerciale, du Brexit et des élections américaines s'est dissipée. Par ailleurs, le potentiel de changement dans le paysage des entreprises européennes est significatif. Compte tenu de la contraction des ROE et des marges liée à la guerre commerciale et à la pandémie, les entreprises disposent d'un important levier opérationnel. Les chefs d'entreprises cherchent à restructurer et/ou à réorienter leur activité en prévision de la sortie de la crise sanitaire. 

Les perspectives d'évolution de la fiscalité britannique en 2021
incitent les investisseurs à conclure au plus vite des opérations.

Dans l'immédiat, les retards des campagnes de vaccination et la persistance des restrictions contribuent à l'accélération de la transformation des entreprises et des ventes d'actifs non-stratégiques (en particulier dans les secteurs des voyages, de l'hôtellerie et de la distribution). Les perspectives d'évolution de la fiscalité britannique en 2021 incitent également les investisseurs à conclure au plus vite des opérations avant les augmentations d'impôts.

Des facteurs structurels sont également à l'œuvre

Le capitalisme semble en mutation en Europe. Les moyens de financement se multiplient (financement participatif, SPAC, etc.). Les efforts en faveur du développement durable s'accélèrent, avec un nouveau cadre réglementaire ESG qui affectera à la fois les entreprises et les investisseurs européens. 

De plus, les dirigeants des sociétés font l'objet d'un examen de plus en plus approfondi. Il en résulte une montée en puissance de l'activisme actionnarial, qui se caractérise par une plus forte implication des investisseurs institutionnels. Seul un tiers des campagnes récentes a été conduit par des investisseurs purement activistes. Si les approches constructives ou suggestives sont privilégiées, des attitudes plus vindicatives sont en train d'apparaître. Les portefeuilles activistes dans l'UE, souvent des indicateurs avancés pour d'autres segments de la stratégie Special Situations, affichent un important bêta de marché ainsi qu'une préférence pour les petites et moyennes capitalisations, tandis que la plupart des campagnes visent des changements stratégiques, de gouvernance, et/ou liés à la durabilité (par opposition à un positionnement plus opportuniste). 

Ces campagnes ont tendance à cibler des actions cycliques bon marché, tolérant des conditions de crédit défavorables, mais affichant un potentiel de restructuration et un levier opérationnel. Les cibles sont toujours majoritairement britanniques, avec environ 40% des campagnes récentes.

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