Perspectives capitalistes

Didier Maurin, Katleya Gestion

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L’inflation a pratiquement disparu et, paradoxalement, le quantitative easing n’a pas encore généré de dévaluation monétaire massive.

Autrefois, une règle semblait inéluctable en matière macro-économique, à savoir celle du plein-emploi engendrant une inflation qui faisait elle-même augmenter les taux d’intérêts. Cependant, cette règle n’a plus cours. L’inflation a pratiquement disparu, exception faite de l’inflation des actifs, et paradoxalement, le quantitative easing, c’est-à-dire l’usage de la «planche à billets», qu’utilisent nombre d’Etats, n’a pas encore généré de dévaluation monétaire massive. Bien entendu, cela pourrait un jour changer. C’est ce que semble craindre l’Allemagne qui, au début du XXe siècle, a connu une inflation invraisemblable, la République de Weimar et l’avènement d’un dictateur.

Dès lors, où allons-nous? En effet, les économistes n’ont aucune expérience concernant les paramètres actuels, la notion de taux d’intérêts négatifs, par exemple, n’ayant jamais existé auparavant. Il est vrai que nous avons connu trois grands moments dans l’histoire de la pensée économique:

  • Le keynésianisme, tout d’abord, qui a dominé le monde au sortir de la guerre avec sa notion d’interventionnisme étatique dans l’économie libérale.
  • Puis vinrent les théories de Milton Friedmann au début des années 1980. Il inventa les notions de revenu universel et de «monnaie hélicoptère», imaginant qu’une banque centrale pourrait verser directement de l’argent à chaque citoyen en ayant recours à la «planche à billets», ce afin de générer croissance et inflation plutôt qu’une récession. Ces concepts reviennent inexorablement au galop dans notre monde économique actuel.
  • Enfin, nous sommes entrés dans une troisième phase dont on peine à dessiner les contours, aucun penseur contemporain n’ayant les outils nécessaires pour cela. Pierre Dac s’amusait d’ailleurs à déclarer que «les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir»!
Une solution intelligente consisterait plutôt à verser des actions gratuites
aux salariés afin qu’ils deviennent actionnaires minoritaires.

Il est vrai que le capitalisme lui-même connaît sa propre crise susceptible de le remettre en question, notamment en raison des grands capitalistes américains. Rappelons que la part des revenus du capital par rapport aux revenus du travail est telle qu’elle a abouti à une certaine paupérisation des classes moyennes. Il faut dire qu’aux Etats-Unis, les 1% des plus riches ont capté l’essentiel du surcroît de croissance économique alors même que le pouvoir d’achat des classes moyennes et ouvrières n’y a pratiquement pas augmenté depuis trente ans.

Les actionnaires des entreprises ont été bien mieux rémunérés que les salariés, ce qui ne sera peut-être plus tenable à terme car le mouvement continue. Bien entendu, la solution pourrait être d’augmenter massivement les salaires, mais dans une mondialisation où les entreprises ont nombre de concurrents internationaux, cela pourrait conduire à leur disparition. Dès lors, une solution intelligente consisterait plutôt à verser des actions gratuites aux salariés afin qu’ils deviennent actionnaires minoritaires et intéressés au développement de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. A la faveur de bons résultats, ils percevraient des dividendes et toute notion de lutte des classes se réduirait considérablement puisqu’un salarié actionnaire aura tout intérêt à ce que l’entreprise enregistre d’importants bénéfices.

Le concept me semble intéressant car le capitalisme, comme n’importe quel type de structure économique, connaîtra d’autres crises. Paradoxalement, la manière la plus avisée de le défendre est, à mon sens, de transformer chaque citoyen en capitaliste! Il faut prendre l’être humain comme il est, à savoir comme quelqu’un qui sera toujours plus intéressé par son propre profit que par les gains enregistrés par l’ensemble de la collectivité. Alors, plutôt que d’essayer de combattre ce concept, ce qu’a tenté de faire le communisme, mieux vaut intelligemment utiliser la nature profonde de l’Homme pour conduire le bateau à bon port.

«L’Homme tel qu’il est est beaucoup mieux que l’Homme tel qu’il devrait être» disait Nietzsche. A l’inverse de nombre de doctrines, ce philosophe s’est toujours refusé à vouloir changer la nature humaine et c’est ce que j’ai toujours apprécié chez lui. Je le suivrai donc dans ce sens, et comme le monde entier va continuer à croître, place au profit individuel capitaliste pour assurer une certaine cohérence entre les hommes!

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