Perspectives économiques de la BCGE: dédollarisation?

Communiqué, Banque Cantonale de Genève

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L’économie helvétique est résiliente et une croissance de 1,2% est attendue en 2026, respectivement 1,5% à Genève.

La planète économique vit au gré des annonces d’accords commerciaux entre Washington et les différentes capitales mondiales. Les marchés financiers retrouvent des couleurs après les annonces des tarifs douaniers et les chutes de plus de 15% de certains actifs. En dépit de l’imprévisibilité de l’administration Trump, les fondamentaux économiques demeurent solides et l’affaiblissement notable du dollar, tant face à l’euro qu’au franc suisse est source d’opportunités. L’économie helvétique est résiliente et une croissance de 1,2% est attendue en 2026, respectivement 1,5% à Genève.

Une économie résiliente dans un environnement international inquiétant

Les échanges internationaux sont sous une dynamique d’accélération en ce début d’année, en dépit d’inquiétudes grandissantes quant aux issues des négociations commerciales entre les différentes régions et les Etats-Unis. Inquiets, les entrepreneurs et les particuliers suisses sont concernés par l’actualité erratique qui pourtant ne provoque aucune interruption de leur activité. Les dépenses de prévention se sont multipliées aux Etats-Unis, par anticipation de la hausse des prix et des barrières tarifaires : dépenses automobiles, technologiques, pharmaceutiques et aurifères ont été accélérées. Elles ont ainsi alimenté les exportations helvétiques d’or et de produits pharmaceutiques en particulier.

La faiblesse du dollar n’en demeure pas moins source d’inquiétude pour les exportations suisses dont les Etats-Unis restent le premier débouché, devant l’Union européenne. Le sentiment continue de dominer dans la décision des acteurs économiques, alimentant ces comportements transitoires qui risquent de rendre la croissance peu lisible ces prochains trimestres, sans pour autant la rompre, sachant que le marché de l’emploi reste solide. Les négociations continuent avec la Maison Blanche pour trouver une sortie de crise, paradoxalement source d’opportunités.

Des politiques monétaires accommodantes

Qu’il s’agisse des prix des biens importés, libellés en dollar, ou des prix de l’énergie, de puissants mécanismes influent sur l’inflation qui devrait rester dans les objectifs en Suisse en 2026, en-dessous de 1%. La politique monétaire menée par la BNS est proche des périodes de déflation (taux négatifs). Les indicateurs domestiques ne sont pourtant pas déflationnistes sachant que les services continuent de progresser de plus de 1% et que les hausses des salaires sont proches de 2% avec un marché de l’emploi toujours en croissance. Les conditions ne sont donc pas réunies pour un basculement des taux en territoire négatif. Le biais accommodant de la politique monétaire se distingue des autres régions (US et UE). En Suisse, les taux à long terme sont en baisse tendancielle, alors que dans les autres régions, ces taux oscillent dans une marge de fluctuation limitée depuis 2022. Valider cette tendance revient à valider un environnement déflationniste, hypothèse que nous ne partageons pas. Les conditions de financement sont à nouveau favorables et dès lors, les prix de l’immobilier demeurent en hausse face à une offre insuffisemment abondante, notamment à Genève, où le déséquilibre entre offre et demande est persistant.

Sur le marché des changes, l’appréciation du franc suisse est surtout la résultante de la dépréciation du dollar face au CHF et à l’EUR. L’affaiblissement du dollar, en dépit de son rôle de valeur de réserve mondiale, est le reflet de la perte de confiance des investisseurs à l’égard des politiques menées aux Etats-Unis. La tendance de ces 2 dernières années qui a vu des achats massifs d’actifs libellés en dollar, en particulier des actions d’entreprise, expose les cours bilatéraux (USD/CHF et USD/EUR) à des sorties de capitaux. Notre horizon d’analyse ne prévoit à ce stade aucune inversion de tendance.

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