Obligations vertes et gestion passive

François Millet, Lyxor

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La tendance de l’investissement durable n’en est qu’à ses débuts. Le changement de mentalité observé en 2019 apporte une lueur d’espoir.

Les flux à destination des ETF ESG, comme les émissions d’obligations vertes sur le marché primaire ont battu tous les records en 2019. Mais la tendance de l’investissement durable n’en est qu’à ses débuts. Voici quelques raisons de préférer une approche passive pour investir dans les obligations vertes.

L’urgence climatique a semé le chaos en 2019 sur tous les continents: cyclone Idai dans le sud-est de l’Afrique, températures record en France, inondations à Venise, incendies dévastateurs en Australie… Le tableau est bien sombre, mais le changement de mentalité sensible observé en 2019 apporte une lueur d’espoir. Le mouvement Extinction Rebellion, l’introduction en bourse de Beyond Meat, l’effet Greta sont autant de signes d'une dynamique en formation et comme l’ont montré les collectes de l’année dernière, les investisseurs n’y sont pas indifférents.

Quels standards pour l’investissement responsable?

L’absence de normalisation constitue un véritable casse-tête pour les investisseurs ESG. Même s'il existe des référentiels, parvenir à un consensus sur les caractéristiques d'une «bonne» ou d'une «mauvaise» entreprise reste plus facile à dire qu’à faire.

Les investisseurs européens expriment un vif intérêt pour les émetteurs privés
dans les secteurs de l’énergie, des services aux collectivités et de l’industrie.

Le marché des obligations vertes est sans doute le domaine le plus normalisé de l’investissement ESG, notamment en comparaison avec les fonds ESG actions reposant sur des notations ou les fonds thématiques aux critères hétérogènes.

Les obligations vertes sont émises dans un cadre précis, généralement les Principes des obligations vertes (Green Bond Principles, GBP) de l’International Capital Market Association (ICMA). La plupart des obligations autoproclamées «vertes» font ensuite l’objet d’un deuxième avis de la part d’agences et d’auditeurs qualifiés. La Climate Bonds Initiative (CBI) est une organisation internationale à but non lucratif dédiée à la mobilisation des capitaux obligataires en faveur de la des solutions au changement climatique et peut également certifier les obligations vertes.

Pleinement alignée sur les GBP, la CBI propose aux investisseurs d’évaluer les émetteurs sur la base de l’utilisation de leurs produits, en élaboration des normes de reporting et en respectant une taxonomie stricte.

L’établissement d’un consensus

Le rôle de la CBI en matière de définition d'une taxonomie et de normes strictes pour les obligations vertes repose sur les appréciations de groupes de travail composés d’investisseurs, de scientifiques, d’organismes supranationaux, d’ONG et de banques.

En décembre 2019, la CBI a publié la troisième version de sa norme internationale visant à garantir la compatibilité avec la nouvelle norme européenne pour les obligations vertes et la toute dernière version des Green Bond Principles en renforçant les définitions des obligations vertes et les exigences en matière d’information.

Selon une enquête menée récemment par la CBI et sponsorisée entre autres par Lyxor, les investisseurs européens expriment un vif intérêt pour les émetteurs privés dans les secteurs de l’énergie, des services aux collectivités et de l’industrie. Qu’on le veuille ou non, les principaux émetteurs et pollueurs de ces secteurs ont un rôle majeur à jouer dans la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 fixé par la Fondation européenne pour le climat. Inciter ces entreprises à émettre davantage d’obligations vertes sera capital. Eviter ces sociétés ne résoudra rien, alors qu’investir dans leurs obligations pourrait apporter une solution.

La transparence de l’investissement est clef, à plus forte raison
lorsqu’il s’agit d’investissements ESG tels que les obligations vertes.

En effet, quelle que soit la nature des émetteurs, les investisseurs peuvent choisir leurs obligations vertes, en sachant que les produits seront utilisés exclusivement pour financer des projets et des actifs respectueux du climat. La normalisation fondée sur le consensus de la CBI et sa taxonomie stricte contribuent à ouvrir la voie aux investissements passifs et à parer au risque d’écoblanchiment, autrement dit des investissements qui se donnent l’air plus écologiques qu’ils ne le sont en réalité.

Transparence

La transparence de l’investissement est clef, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’investissements ESG tels que les obligations vertes. Comme pour tous ses ETF, les positions des fonds sont accessibles en ligne quotidiennement.

Diminution des coûts

L’amélioration de la collecte, du traitement et de la normalisation des données ESG permet aux fournisseurs d’indices de codifier les objectifs ESG dans les indices de référence avec une précision, une rigueur et une transparence élevées.

Les gérants de fonds d’obligations vertes à gestion active facturent des frais supérieurs afin de couvrir les coûts de la recherche et les rémunérations des analystes. À contrario, l’approche fondée sur des règles des ETF répliquant des indices permet de réduire les coûts pour les investisseurs.

Diversification

Autre avantage de l’approche passive en matière d'investissement dans des obligations vertes, la diversification. Les indices proposent des expositions mondiales, couvrant aussi bien des émetteurs d’économies développées que des marchés émergents  et différents types d’émetteurs: souverains, sous-souverains, supranationaux, banques de développement et entités privées dans différents secteurs.

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